
L'organisation internationale de défense des droits de l'homme, Amnesty International (AI), a invité l'Union africaine (UA) à s'assurer que la protection effective des droits humains de la population civile soit au centre de toute opération de maintien de la paix au Darfour, dans l'ouest du Soudan.
Malgré la présence de la Mission de l'UA au Soudan (AMIS) et la signature de l'accord de paix sur le Darfour en mai dernier, AI indique que les attaques contre les civils se sont intensifiées.
Dans une lettre ouverte au président de l'UA, le président congolais, Denis Sassou Nguesso, le secrétaire générale d'AI, Mme Irene Khan, a demandé au Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA de faire tout son possible pour protéger les civils au Darfour.
Mme Khan a insisté sur la protection des civils dans le cadre des négociations en cours sur la possibilité de mettre sur pied une "opération hybride" de soldats de l'ONU et de l'UA au Darfour.
"Jusqu'au déploiement de cette force, il est de la plus haute importance de s'assurer qu'il n'y aura pas de flottement quand le mandat de l'AMIS va prendre fin le 31 décembre et que les faiblesses actuelles de l'AMIS soient effectivement résolues", a déclaré Mme Khan.
Elle a accusé les forces gouvernementales soudanaises et les milices janjawids de commettre des exactions contre les civils, dont des massacres et des viols.
Selon AI, les forces de l'AMIS n'ont pas été en mesure de mettre fin à ces massacres et aux déplacements de population.
L'organisation internationale de défense des droits de l'homme a attribué l'incapacité de l'AMIS à remplir sa mission à plusieurs facteurs, dont l'insuffisance des financements et le manque des équipements logistiques.
En outre, les obstacles posés par le gouvernement du Soudan aux opérations de l'AMIS, comme le survol du Darfour, ont rendu presque impossible à la force de maintien de la paix de l'UA de réagir rapidement à tout appel à l'aide.
Un autre problème qui se pose est le harcèlement fréquent du personnel de l'AMIS pour "sa violation" d'un couvre-feu qui ne s'applique pas à lui.
Un autre obstacle évoqué par AI est l'interprétation et l'application apparemment trop strictes par le personnel de l'AMIS de son mandat de protection, malgré le nouveau Concept des opérations (CONPS) approuvé par le Comité militaire qui donne la priorité à la protection des civils et à la prévention des violations des droits de l'homme.
Etant donné ces points faibles de l'AMIS, Mme Khan a déclaré qu'Amnesty International soutenait le déploiement d'une force de maintien de la paix onusienne pour assurer la protection des civils comme en avait décidé le CPS de l'UA.
"L'ONU est mieux équipée pour mener une mission à long terme avec le mandat, les ressources, le soutien logistique et le personnel pour protéger les populations et éventuellement protéger les personnes déplacées et les réfugiés et les aider à rentrer volontairement chez elle dans la sécurité", a affirmé Mme Khan.
"Pour qu'une force hybride ONU/UA puisse garantir une protection effective des civils, elle doit résoudre les problèmes qui ont affaibli l'AMIS", a-t-elle ajouté.
Mme Khan estime qu'une force de maintien de la paix efficace nécessite des ressources humaines et matérielles suffisantes et un mandat élargi pour protéger les civils "par tous les moyens nécessaires conformément au droit humanitaire international et au respect des droits de l'homme". |