
Arsène ausculte avec dédain la foire d'exposition sur le VIH, organisée dans le cadre du 1er décembre dont les manifestations sont programmées durant tout le mois de décembre au Bénin.
Vivant avec le VIH/SIDA, ce jeune homme de 30 ans, qui figure sur la liste des Personnes vivant avec le VIH (PVVIH) couve, depuis l'annonce en septembre, par le ministère de la Santé, de la rupture du stock d'Antirétroviraux (ARV), une angoisse qui semble désormais avoir raison de lui.
"Dès l'annonce de la rupture imminente des ARV, tout espoir s’est écroulé et j’attends chaque jour cette mort qui, faute de médicaments, viendra plus tôt que prévue", confie-t-il à la PANA.
Arsène, comme beaucoup de ses camarades PVVIH, ne participe plus aux séances de sensibilisation et se demande à quoi bon espérer, si ses jours sont comptés.
Le jeune homme avoue n’avoir jamais cru à l’existence de la maladie, jusqu'au jour de l’annonce de son état sérologique, à la suite d'une séance de don de sang.
Il se rappelle encore des souffrances qu'il avait endurées et craint de retomber dans la même situation, si la rupture des ARV perdurait.
"En moins de trois mois, j’avais fondu de 8 kg et j’étais devenu carrément une loque humaine. Avec la prise en charge, je me suis reconstitué, mais de septembre à aujourd'hui, j’ai déjà perdu 4 kg", martèle–t-il, en accueillant avec pessimisme les promesses de normalisation de la situation.
"Beaucoup d’entre nous sont retournés vers les tradi-praticiens qui n’hésitent pas à les escroquer", affirme-t-il, exhibant une photo du groupe des PVVIH et pointant du doigt l'un d'entre eux, décédé il y a 20 jours.
"Désespéré, il était devenu très violent envers son entourage qui l’a ligoté et envoyé chez un guérisseur de fous où il est mort 5 jours après", raconte-t-il.
A gauche du malheureux défunt, un autre PVVIH qui, "abandonné par sa femme, s’est retiré au village pour, dit il, mourir auprès des siens".
Le Bénin compte 78.000 personnes infectées dont 8.000 seulement sont gratuitement prises en charge, la gratuité du dépistage et du paquet minimum d’activités instaurée en 2005 ayant facilité l’accès aux ARV qui se traduit par l’augmentation du nombre de sites de prise en charge de 3 en 2002 à 48 en 2006.
Cette initiative a également favorisé l’évolution du dépistage volontaire qui passe à 100.000 dépistages en 2005 contre seulement 36.000 en 2003, tandis que l’augmentation du nombre de patients traités s'est accélérée pour atteindre, en 2005, une moyenne de 700 par trimestre contre 200 à 300 précédemment.
Démarrées vendredi dernier sous le thème "Stop SIDA, tenons les promesses", les manifestations marquant la Journée internationale de lutte contre le VIH comportent des activités telles que "La caravane pour la vie", "La leçon de vie", "La nuit du ruban rouge", ainsi que des concours d'artistes, des conférences-débats, des collectes de fonds durant tout le mois de décembre |