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Henri Konan Bédié
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http://www.who.int |
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Lorsqu’il est mis au courant du décès de Félix Houphouët-Boigny, survenu le mardi 7 décembre 1993 à 6h 25 mn à Yamoussoukro, Henri Konan Bédié, président de l’Assemblée nationale, débarque le même jour au palais présidentiel.
Il a un entretien plutôt houleux avec Alassane Dramane Ouattara (alors premier ministre), Philippe Yacé, président du Conseil économique et social, et German Coffi Gadeau, grand chancelier des Ordres nationaux. Sujet de cette dispute ? Qui devait aller s’incliner sur la dépouille du "père de l’indépendance" et surtout, en toîle de fond, la succession du défunt.
Finalement, ADO s’est rendu dans la capitale politique avec l’avion présidentiel, et Henri Konan Bédié, dans le... coffre de sa Mercedes, selon Dame Rumeur. Puis le même jour, ce fut la course contre la montre entre le PM et l’occupant du perchoir vers la RTI.
Alors qu’ADO avait fini d’annoncer le décès et la mise en place d’un comité d’organisation des funérailles, au JT de 20 heures, Konan Bédié venait déclarer qu’en vertu de l’application de l’article 11 de la Constitution, il "accepte d’assurer la charge suprême".
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De cette guerre de succession date véritablement le début de la dégringolade de la Côte d’Ivoire. En refusant de choisir un dauphin entre les barons du pouvoir (un chef baoulé ne choisit jamais d’héritier, ne cessait de répéter Houphouët), le premier président ivoirien a provoqué une guerre de succession dont les conséquences, on le constate de nos jours, sont désastreuses.
Ces héritiers ayant tous été plus ou moins de piètres politiques. Encore qu’on ne leur demandât pas de remplacer Houphouët, ce qui est impossible, mais de bien gérer son legs politique et économique.
A 59 ans, le "sphinx de Daoukro" s’emparait donc du fauteuil vacant. Son parcours, ponctué d’éclipses et de résurrections spectaculaires, de par la seule volonté d’Houphouët, aurait pu lui servir de boussole, pour gouverner.
Mais c’était sans compter avec cette inimitié personnelle avec ADO, accusé d’être un parvenu qui, non content de boire le lait, a poussé l’outrecuidance jusqu’à vouloir compter les veaux.
Un tel adversaire doit être combattu par tous les moyens et Bédié s’efforcera de le faire (1) à travers la création d’un concept fumeux que des intellectuels, qui lui sont proches, vont s’atteler à défendre : l’ivoirité.
Dans la revue Ethics, publiée en 1996, ces intellos définissent l’ivoirité comme : "une exigence de souveraineté, d’identité, de créativité. Le peuple ivoirien doit d’abord affirmer son autorité face aux menaces de dépossession et d’assujettissement : qu’il s’agisse de l’immigration ou du pouvoir économique et politique.
L’individu qui revendique son ivoirité est supposé avoir pour pays la Côte d’Ivoire, être né de parents ivoiriens appartenant à l’une des ethnies autochtones de la Côte d’Ivoire". |

Hélas, on connaît la suite, l’ivoirité s’avéra être une dérive tribaliste qui tourna très vite à la xénophobie, dont l’un des avatars fut le massacre de Burkinabè par les Krumen à Tabou en 1999.
Pire, occupé à une sorte de "déshouphouetisation" de la Côte d’Ivoire, HKB n’a pas su maîtriser l’inflation galopante, conséquence directe de la dévaluation du franc cfa, et il était presque frappé de cécité face à la grogne sociale et politique, sans oublier la grande muette, qui montrait des vélléités de rebellion et dont le chef de file était un certain... Général Robert Guéi.
Le 24 décembre 1999, alors que Bédié s’apprêtait à réveillonner avec sa famille à Daoukro, la Côte d’Ivoire, 39 ans après son indépendance, connaît son premier putsh réussi. Le balayeur Robert Guéi, qui en était l’instigateur, poussé au-devant de la scène par les "jeunes gens", avec le recul, aurait dû instaurer un régime militaire et surtout une transition de plusieurs années, ce qui aurait eu l’avantage de "tasser" les appétits et d’éviter beaucoup de travers politiques.
Rehélas, le Saint-Cyrien, lui aussi, céda aux sirènes de la boulimie du pouvoir et voulut s’installer pour longtemps dans la maison balayée, encore qu’on ne puisse pas dire qu’il avait réussi à nettoyer véritablement les écuries d’Augias.
En tombant dans la spirale de la xénophobie, avec l’adoption par référendum, le 24 juillet 2000, d’une nouvelle Constitution qui stipule que tout candidat à la présidentielle "doit être ivoirien de père et de mère eux-mêmes ivoiriens et qu’il ne doit pas s’être prévalu d’une autre nationalité", le Général Guéi, lui aussi, était allé grossir les rangs de tous ceux qui voulaient bouffer du Alassane Dramane Ouattara et d’autres "Mossis" et étrangers.
Et ce n’est pas étonnant qu’il se soit fait coiffer au poteau par Laurent Gbagbo lors de la présidentielle du 22 octobre 2000, ADO ayant été écarté de la course. ADO ! Il a toujours été, depuis plus d’une décennie, au cœur du "problème ivoirien".
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Feu Robert Guei
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afrol.com |
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En créant le RDR en septembre 1994, à la tête duquel il a placé feu Djenni Kobena, et en se faisant adouber le 2 août 1999 comme patron de cette formation, l’ex-directeur général adjoint du FMI savait-il seulement qu’il lui arriverait peut-être un jour de regretter la maison en verre de Washington ? En tout cas, comme le pensent certains, il a atteint un point de non-retour en politique, et depuis son retour à Abidjan, il essaye de ratisser son électorat.
Question : si ADO est élu président de la Côte d’Ivoire, pourra-t-il gouverner tranquillement ? Quant à son frère ennemi, le chef de l’Etat Laurent Gbagbo, fin politique, manœuvrier hors pair, il est très mécontent de son mandat (qui ne le serait pas ?), marqué par cette rébellion qui a coupé le pays en deux.
Depuis 4 ans, il fait face à une crise sans précédent qui l’a obligé à sortir toutes les astuces pour se maintenir au pouvoir. Laurent Gbagbo ne s’est jamais senti aussi fort que maintenant, avec les derniers développements de l’affaire des déchets toxiques.
Certes, avec le rappel à l’ordre du gouvernement américain, il a concédé à rencontrer hier les familles des victimes de ces déchets et a envoyé des émissaires religieux pour négocier avec le Rassemblement des Houphouetistes pour la paix (RHDP) et avec le PM Charles Konan Banny.
Cependant, chaque jour que Dieu fait, l’ONU, la CEDEAO, la France... en viennent à se poser la question essentielle de nos jours : peut-on sauver les Ivoiriens d’eux-mêmes ? Nul ne peut y répondre.
Seul constat : 13 ans après la mort du sage de Yamoussoukro, ses héritiers indignes - et Gbagbo en fait partie puisqu’il aime rappeler cette confidence d’Houphouët, peu avant sa mort : "Hélas, tu me ressembles trop !" - ont pratiquement vendangé son capital. Bédié qui voulait cette "déshouphouetisation" semble bien servi.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
Notes :
(1) "Les chemins de ma vie", Henri Konan Bédié (Plan, 1999)
Observateur Paalga |
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