
Les changements climatiques et la variabilité incitent 10 Etats riverains du Nil à accélérer la mise en oeuvre de projets prioritaires identifiés en vue du développement socio-économique par le biais de l'utilisation des ressources hydrauliques communes, a-t-on appris jeudi, à Addis- Abeba.
Selon les experts, les décideurs et les acteurs de l'Initiative du Bassin du Nil (NBI) présents au Forum 2006 sur le Développement du Bassin du Nil, la mise en oeuvre des projets mutuellement adoptés dans les domaines liés à l'hydraulique permettra à des millions de personnes d'échapper à la pauvreté extrême.
Cette rencontre de trois jours devrait déboucher sur l'élaboration d'un plan d'action susceptible de permettre aux pays riverains du Nil de progresser sur la voie de la réalisation de leur objectif, celui de l'instauration d'un développement socio-économique durable, indique le directeur exécutif de la NBI, Audace Ndayizeye.
Selon M. Ndayizeye, qui s'exprimait à l'ouverture du Forum, il s'agit là d'une importante opportunité dans l'histoire de notre coopération au niveau du basin du Nil. Le développement durable des ressources hydrauliques aux niveaux du bassin et du sous- bassin est crucial pour la réduction de la pauvreté et la promotion de la croissance dans les pays riverains du Nil".
Les pays présents à cette NBI (Burundi, RD Congo, Egypte, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Rwanda, Soudan, Tanzanie et Ouganda) ont créé un partenariat avec les donateurs, les organisations de la société civile et les acteurs afin de réaliser leurs objectifs communs.
Le projet d'action environnementale transfrontalier est l'un des huit projets mis en oeuvre dans le cadre du programme de vision partagée de la NBI, il a pour finalité d'offrir un cadre stratégique pour la gestion des problèmes liés à l'eau et à l'environnement dans le bassin du Nil.
Lancé en janvier 2004, ce projet d'un montant de 43,6 millions de dollars US est en partie financé par les pays riverains du Nil et en partie par la Banque mondiale et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE).
Plusieurs des pays riverains du Nil comptent sur l'agriculture de subsistance pluviale et restent vulnérables aux fréquents impacts de la sécheresse.
“Les sécheresses, la famine et les inondations récurrentes ont ravagé les économies des Etats du bassin du Nil”, a constaté Asfaw Dingamo, ministre des ressources hydrauliques d'Ethiopie, tout en notant que ces changements extrêmes de climat avaient augmenté en intensité et en fréquence. Le ministre a insisté sur la nécessité de la coopération entre les pays du basin du Nil et les partenaires au développement, tout en affirmant que les programmes et projets de la NBI requièrent de considérables investissements.
“Le Nil est un important atout. Il offre beaucoup d'opportunités et recèle de considérables potentialités susceptibles d'être utilisées pour accélérer le développement et alléger la pauvreté .. au profit de nos populations et de nos générations futures", a-t-il ajouté.
Au-delà de la pauvreté, la plupart des pays du basin du Nil sont souvent confrontés à une grande insécurité en termes d'approvisionnement en eau, en énergie et en aliments.
Ces problèmes, a relevé le ministre tanzanien de l'hydraulique, Shukuru Jumanne Kaw, “seront pris en charge une fois qu'une organisation nouvelle et permanente juridiquement reconnue par tous les pays du bassin du Nil sera mise en place."
M. Kawambwa a appelé à une mise en oeuvre diligente des projets en cours dans le basin, pour faire de telle sorte que les nouveaux investissements soient disponibles.
“Il convient d'améliorer les projets pour réaliser des bénéfices plus importants et induire des impacts plus significatifs”, a-t- il expliqué, tout en exhortant les pays de la NBI à adapter les projets dans leurs plans et priorités nationaux.
Selon des sources proches du Forum, s'adressant à la PANA, les pays du Bassin du Nil sont sur le point de conclure les négociations sur le cadre de coopération qui permettra de mettre en place une Commission du Bassin du Nil en tant que vecteur de l'intégration économique dans la région.
Par ailleurs, le ministre de l'Hydraulique et de l'Irrigation, John Mutua Katuku, a déclaré que le développement de la collecte de l'eau, la production d'électricité et les structures permettant de contenir les inondations peuvent réduire la pauvreté, qui est très élevée, dans le basin du Nil et doter la zone d'une base économique plus forte.
“Grâce aux structures durables et viables de collecte de l'eau, nous pouvons réduire les inondations chroniques qui submergent nos terres, détruisant les cultures, déplaçant nos familles et provoquant des souffrances indicibles pour les populations”, a-t- il affirmé.
Le principal objectif du Forum de cette année est de susciter et de promouvoir une prise de conscience de la réalité de la NBI au niveau des décideurs internationaux du développement économique et social, des conseillers politiques et des acteurs de la gestion du développement ainsi que des avantages du recours aux bonnes pratiques pour l'exploitation du Nil. |