
Le gouvernement de Brazzaville a accusé jeudi, les autorités judiciaires françaises d'atteintes graves à la souveraineté du Congo, après que la cour de Cassation de Paris a ordonné la poursuite de l'instruction sur l'affaire dite des disparus, en mai 1999 au port fluvial de la capitale congolaise (beach), annulée en 2004 par la cour d'Appel de Paris pour vice de forme.
"L'immixtion de la justice française dans le règlement judiciaire des crimes et délits reprochés à des Congolais au Congo est une atteinte grave à la souveraineté de notre Etat, susceptible d'entraîner, si elle ne prend pas fin de suite, une détérioration grave des rapports de coopération entre la France et le Congo", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Alain Akouala Atipault.
"Nul ne doit être jugé deux fois pour les mêmes faits. Il paraît que la juridiction française a agi au nom de la compétence universelle. Mais cette compétence ne paraît effective qu'envers des pays sortis de la colonisation considérés comme étant des Etats faibles", a ironisé M. Atipault.
Pour lui, en effet, la notion de compétence universelle est "outrageusement inopérante, voire inexistante" face à certains pays qu'il n'a pas cités.
"Il est clair que l'action de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), qui a excellé dans la politisation de cette affaire, tend à instrumentaliser la justice française en voulant jeter l'opprobre sur la justice congolaise. Cela est intolérable, a dénoncé M. Akouala Atipault.
"L'histoire contemporaine, a-t-il poursuivi, à travers certains procès montre combien la justice française n'est pas un modèle du genre. Le Congo est un Etat souverain qui n'acceptera pas que sa souveraineté soit remise en cause", a martelé le porte-parole du gouvernement de Brazzaville.
Mercredi dernier, le président congolais, Denis Sassou Nguesso a qualifié la décision de la cour de Cassation de Paris (France) de "stricte provocation et d'ingérence dans les affaires intérieures du Congo", suite au rebondissement de l'affaire des disparus du beach de Brazzaville, dans ce pays.
"Pour nous, cette affaire a le caractère d'une affaire jugée et nous sommes seulement en train de regarder, d'écouter et de savoir d'où viendra la provocation et elle méritera la riposte de notre part", a indiqué le chef de l'Etat congolais, ajoutant: "pour nous, l'affaire revêt l'autorité de la chose jugée par la justice de notre pays".
"Le procès sur les disparus du beach s'est déroulé dans la transparence totale et les plus hautes autorités civiles et militaires de notre pays ont été présentées devant la justice de notre pays à travers un procès qui a eu lieu pendant près d'un mois en direct à la radio et à la télévision", a rappelé. M. Sassou Nguesso, avant de souligner qu'il ne permettra jamais à une institution d'un autre pays de s'ingérer dans les affaires du Congo.
Au terme d'un procès organisé à Brazzaville entre juillet et août 2005, la Cour criminelle de Brazzaville a purement et simplement acquitté tous les 15 accusés, pour la plupart officiers de haut rang de Forces armées congolaises (FAC). Elle a ensuite condamné l'Etat à indemniser les ayants droit des disparus à raison de 10 millions de FCFA par famille.
Courant 1999, plus de 353 Congolais réfugiés en RD Congo ont disparu au port fluvial de Brazzaville alors qu'ils rentraient au pays, à la suite d'un accord tripartite conclu entre le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), la RDC et le Congo. |