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Figure majeure de l’Amérique noire, le révérend Al Sharpton est en lice pour devenir le candidat démocrate à la prochaine élection présidentielle. Selon toute vraisemblance lui seront préférés des aspirants plus traditionnels à l’instar de l’ex première dame Hillary Clinton ou du sémillant sénateur Barak Obama.
Quel rôle a-t-il donc à jouer dans cette campagne ? Quelles contributions peut-il apporter au débat public ?
Pour décrypter le phénomène Sharpton, retour sur un parcours hors du commun…
Alfred Charles Sharpton Junior voit le jour le 3 octobre 1954 à Brooklyn dans une famille de la middle class. Enfant vif et curieux, il souhaite tout apprendre, et plus vite que tout le monde : à l’âge de 4 ans, il commence à prêcher au sein de sa paroisse pentecôtiste. Son destin semble déjà traçé…
Il obtient son ordination à 9 ans et devient officiellement le révérend Al Sharpton, plus connu alors sous le nom de the boy wonder « l’enfant prodige » du Washington Temple Church of God.
Son père abandonne le domicile familial lorsqu’il a 14 ans, laissant son épouse et ses enfants dans la pauvreté. Le jeune prédicateur prend alors conscience de la précarité dans laquelle vivent la majorité des afro américains.
La religion lui semblant un champ d’action trop restreint, il décide de ne s’en servir que comme d’une base pour travailler à résoudre les problèmes de la communauté noire. Il participe à cette époque au programme de distribution de nourriture BreadBasket initié par Jesse Jackson.
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Al Sharpton et Jesse Jackson
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Ap |
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En 1971 il fonde le Mouvement National pour la Jeunesse, qu’il dirigera pendant 17 ans. Ses principales luttes durant cette période seront l’aide à l’emploi et l’inscription sur les listes électorales.
Affirmant et assumant sa polyvalence, Al Sharpton se diversifie très tôt. Il est encore adolescent lorsqu’il signe un accord avec James Brown pour qui il gère les tournées, il y rencontrera sa femme, Kathy. L’entente parfaite qui règne entre les deux hommes est ressentie comme une véritable relation père fils. Ils iront jusqu’à enregistrer une chanson ensemble, intitulée God Smiled on Me. Le Rev et le Godfather of Soul resteront très proches jusqu’à la mort de celui-ci le 25 décembre 2006.
A 25 ans le jeune Sharpton ajoute une corde à son arc en organisant des combats de boxe avec le non moins phénoménal Don King qui lui apprend les ficelles du métier et lui vaut une accusation de trafic de drogue, il sera innocenté.
Al appartient maintenant au petit monde du showbiz mais se dit incapable d’oublier pour autant les préoccupations de l’homme de la rue: le pasteur souhaite rester fidèle à ses engagements au sein de la population afro américaine. Sa notoriété explose en 1987, lorsqu’il devient porte parole de Tawana Brawley, disant avoir été violée par un groupe d’hommes blancs. L’affaire se révélera une pure affabulation de la jeune fille mais la côte de popularité d’Al Sharpton a alors atteint les sommets pour ne plus redescendre.
En 1991 il fonde le Réseau National d’Action qui combat le racisme institutionnel, organise des campagnes d’incitation au vote et apporte des aides financières aux créations de petites entreprises communautaires.
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Al Sharpton soutient la fiancée de Sean Bell, assassiné par la police de New York
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Depuis 15 ans Al Sharpton est de tous les combats : oscillant des paillettes au trottoir il se sert de sa célébrité pour braquer les projecteurs sur les injustices et les bavures dont sont trop souvent victimes ses « frères ». Il a œuvré notamment pour l’haïtien Abner Louima tabassé par des officiers de Brooklyn en 1997 et pour Amadou Diallo abattu par la police de New York en 1999 alors qu’il était innocent et sans arme. On le retrouve encore réclamant la vérité sur le dossier Sean Bell, assassiné également par le NYPD la veille de son mariage, en novembre 2006. S’il a dans le passé été impliqué ou soupçonné d’être la cause de plusieurs bagarres raciales, il prêche la non violence depuis une dizaine d’années.
Personnalité controversée à cause de son activisme, ses détracteurs reprochent à Al Sharpton de monter les noirs contre les blancs, d’être démagogue et de finalement nuire aux droits civiques. Il leur répond alors qu’il souhaite uniquement lutter contre le racisme et la pauvreté, dans un mouvement populaire multiracial au sein duquel chaque citoyen est le bienvenu, sans distinction aucune. Il fait d’ailleurs partie des rarissimes voix noires à s’élever contre l’homophobie, sûrement influencé par sa sœur, lesbienne. En 2004 il s’écriait à la convention nationale des démocrates : « Le rôle du gouvernement n’est pas de s’introduire dans les chambres pour savoir qui couche avec qui, mais de s’introduire dans les cuisines pour pouvoir aider ceux qui n’ont rien à manger. »
Il se différencie en cela d’autres leaders religieux noirs, comme Louis Farrakhan qui a voulu conserver une Nation of Islam repliée sur elle-même et sur les seuls membres de la communauté noire correspondant à ses critères de moralité.
Cette mission d’ordre social que s’est donnée Al Sharpton l’a poussé à se lancer en politique pour mettre en avant ses idées et forcer les dirigeants américains à prendre sa cause en considération. Elle lui a également valu trois mois de prison pour désobéissance civile à cause de sa lutte contre les bombardements "tests" de la marine américaine sur une île portoricaine.
Depuis Sharpton a lissé son image et évite tout dérapage.
Il s’est présenté de nombreuses fois aux élections municipales et sénatoriales de New York, et a été candidat malheureux à l’investiture démocrate pour la présidentielle 2004, finalement représentée à gauche par John Kerry.
L’annonce du révérend Al Sharpton de briguer la Maison Blanche en 2008 semble s’inscrire dans la continuité de son parcours : estimant qu’aucun candidat ne porte les idées qu’il défend et qu’aucun d’entre eux ne peut améliorer les conditions de vie des afro américains ; il se propose de le faire lui-même.
Probablement pas en réussissant à se faire élire comme candidat démocrate, mais en s’invitant dans le débat politique jusqu’à ce qu’un ou plusieurs des intéressés ne reprenne les thèmes qui lui sont chers. Il refuse d’octroyer au sénateur Barak Obama le soutien sans conteste des électeurs noirs, les exhortant à choisir leur représentant sur son programme et non sa couleur de peau. Il se déclare pour le moment plus proche de l’ancien sénateur californien John Edwards qui a fait de la pauvreté son cheval de bataille.
Agé aujourd’hui de 53 ans, l’extravagant révérend Al Sharpton n’a rien perdu de son militantisme et reste présent sur tous les fronts. Il compte bien peser de tout son poids sur la future campagne électorale et sur le mandat présidentiel qui suivra. Mandat capital s’il en est après les huit années de gestion catastrophique du pays par Georges W Bush.
Le leitmotiv de the Rev: « Keep the faith, baby ». Garde la foi bébé.
Ayant dépassé dans ce rôle Jesse Jackson, Al Sharpton est à ce jour le plus important porte parole de la communauté noire américaine.
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Bibliographie |

Al Sharpton : Go and Tell the Pharaoh ; The Autobiography of Reverend Al Sharpton, publié chez Doubleday en 1996
Al Sharpton : Al on America, publié chez Kensington Pib Corp en 2002.
Hal Marcovitz : Al Sharpton, Black Americans of Achievement, publié chez Chelsea House Pub en 2001.
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