
Le Nobel de littérature, Wole Soyinka a condamné la candidature de l'ex-dictateur militaire Muhammadu Buhari à la prochaine élection présidentielle du Nigeria, estimant que l'homme était disqualifié par les violations des droits humains commises sous son régime.
M. Buhari, 64 ans, est le candidat du Parti de tout le peuple nigérian (ANPP-opposition), pour la prochaine élection présidentielle du mois d'avril.
Il avait renversé l'administration civile du président Shehu Shagari le 31 décembre 1983 et dirigé le pays d'une main de fer jusqu'à son renversement à la faveur d'un coup de palais en 1985.
M. Soyinka a déclaré, lors d'une conférence de presse à Lagos, que M. Buhari n'avait exprimé aucun remords pour avoir fait emprisonner des journalistes et des hommes politiques sans jugement et pour avoir ordonné l'assassinat de trois jeunes gens pour trafic de drogue, dans le cadre d'une loi rétroactive, pour ce qu'il avait qualifié de "meurtre prémédité".
Les trois jeune gens -Lawal Ojulope (30 ans), Bernard Ogedengbe (29 ans) et Bartholomew Owoh (26 ans)- ont été exécutés par balles malgré les appels à la clémence au Nigeria et à l'étranger.
M. Soyinka a également critiqué le général de l'armée à la retraite pour n'avoir pas comparu devant la Commission Obuta, la version nigériane de la Commission vérité et réconciliation d'Afrique du Sud, aux côtés de deux autres anciens dictateurs militaires - Ibrahim Babangida et Adusalami Abubakar.
"Sous M. Buhari, nous n'avons eu aucune preuve de la plus petite perspective de changement", a déclaré M. Soyinka, en le qualifiant "d'ex-dirigeant que le pays ne pouvait rappeler à l'ordre".
Il a conseillé à M. Buhari de se retirer de la course à la présidence en signe de pénitence pour ses méfaits.
"Si M. Buhari veut se réhabiliter aux yeux des citoyens qu'il a si cruellement trompé, il doit tout d'abord revoir ses ambitions à la baisse puis mettre tout le soutien qu'il a pu engranger à la disposition d'un candidat consensuel pour l'opposition", a estimé M. Soyinka. |