
Des dizaines de personnes meurtries et émues ont commencé, mardi, à enlever les corps de leurs proches tombés sous les balles des forces de l'ordre, a constaté la PANA à la morgue de l'Hôpital Donka de Conakry.
Les abords de la morgue sont pris d'assaut par des hommes, des femmes et des enfants en pleurs, tombant parfois en syncope dès la sortie du corps d'un proche. Certains crient à la vengeance et d'autres estiment que le sang versé doit être payé d'une manière ou d'une autre.
Ces personnes affirment avoir rencontré d'énormes difficultés à se rendre à la morgue de cet hopital, l'un des plus grands de la capitale, investi lundi par les forces de l'ordre qui ont lancé des grenades lacrymogènes et procédé à des tirs à balles réelles, empêchant du coup les médecins de soigner les blessés estimés à plus d'une centaine.
Les tirs ont cessé dans plusieurs endroits de la ville, mais des témoins contactés indiquent que les échauffourées ont repris ce mardi dans des quartiers comme Dareslam, Hamdallaye et Enta, en haute banlieue de Conakry, où plusieurs jeunes manifestants auraient été tués par balles.
Au 14ème jour de la grève générale illimitée, déclenchée par la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l'Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), les principales artères de la capitale sont vides de monde. Les forces de l'ordre, très remontées, sont postées à plusieurs endroits de la ville.
Les abords du Pont "Fidèle Castro" donnant accès à la commune de Kaloum, siège de l'administration et des services où sont tombés également lundi beaucoup de jeunes manifestants, dont la moyenne d'âge est de 20 ans, sont strictement surveillés par les éléments de la Compagnie mobile d'intertvention et de la sécurité (CMIS) qui filtrent les passages.
Les secrétaires généraux de la CNTG, Rabiatou Sérah Diallo et de l'USTG, Ibrahima Fofana interpellés lundi soir à la Bourse du Travail par des éléments de la garde présidentielle dirigée par le fils aîné du général Lansana Conté, Ousmane Conté ont été libérés mardi matin.
Selon des sources syndicales, le secrétaire général de l'USTG, bastonné, a un oeil tuméfié. Au moins une vingtaine de militants syndicaux sont encore gardés au camp Koundara tristement célèbre pour des tortures exercées sur les détenus.
Les manifestants, regroupés non loin de leurs domiciles, réclament le départ du général Lansana Conté, 72 ans, malade. |