
Un militant alter-mondialiste nigérien, Mamane Sani Adamou, a accusé jeudi à Nairobi, au Kenya, le groupe français Areva de piller les ressources minières de son pays, affirmant qu'il est le principal bénéficiaire de la vente de plus de 100000 tonnes d'uranium extraites dans le nord du Niger.
"Quelque 2.500 milliards de FCFA ont été encaissés par Areva au titre de la vente d'uranium produit par les mines nigériennes. Sur ce montant, le Niger n'a eu que des miettes", a-t-il déclaré.
"Pour un kilogramme d'uranium vendu à 100 euros, mon pays n'a droit qu'à 30 euros", a affirmé M. Adamou qui participe à Nairobi au septième Forum social mondial consacré "au pillage des ressources minières en Afrique".
Représentant l'ONG nigérienne Alternatives Espaces citoyens, il a regretté la perte de la souveraineté de son pays sur son uranium.
"L'uranium est produit dans les mines du Niger, mais c'est Areva qui choisit exclusivement les acheteurs. Le groupe français, qui achète au Niger l'uranium à un prix fixe, peut le revendre au cours du marché mondial sans ajuster la part qui revient à la partie nigérienne", a-t-il déploré.
"Nous sommes à l'évidence dans un type de rapport néo-coloniale", a ajouté M. Adamou, dénonçant la "connivence" des dirigeants politiques nigériens avec les intérêts français.
"Tous savent que le Niger est lésé dans la répartition des revenus de l'uranium, mais personne ne peut lever petit doigt pour interpeller Areva", a- t-il affirmé.
"La classe politique nigérienne n'a pas oublié que Diori Hamani (le premier président du pays) a été renversé par un coup d'Etat, en 1975, pour avoir voulu remettre en cause la main mise de la France sur l'uranium nigérien", a poursuivi le militant alter-mondialiste.
Soulignant les dangers environnementaux que représentent les conditions actuelles d'exploitation de l'uranium au Niger, il a assuré que la société civile de son pays "fera tout pour que l'uranium profite d'abord aux Nigériens".
Deux ONG français ont récemment publié des études montrant que l'exploitation des mines d'uranium nigériennes présente des dangers pour la santé des populations et pour l'environnement.
"Nous, organisations de la société civile nigérienne, n'avons aucune intention de laisser les choses se perpétuer. Notre pays a été délesté depuis des années de plusieurs milliards de FCFA des recettes alors qu'il est l'un des plus pauvres au monde. Nous allons développer une résistance citoyenne", a déclaré M. Adamou.
A travers sa filiale COGEMA, Areva contrôle la production d'uranium au Niger, détenant 65 pour cent des actions de la Société des mines de l'Aïr et 34 pour cent des actions de la Compagnie minière d'Akouta. |