
Au quinzième jour de la grève générale illimitée qui paralyse son pays à l'appel des syndicats des travailleurs, le président Lansana Conté de Guinée a lâché du lest, en acceptant le principe de la nomination d'un Premier ministre de large consensus, a-t-on appris mercredi de source officielle à Conakry.
Selon cette source, une commission paritaire composée des présidents des institutions républicaines, des syndicats et de la Société civile devrait se réunir ce jeudi pour définir les termes de la Lettre de mission de ce nouveau Premier ministre "qui doit avoir les mains propres" en vue de faire son travail sans être "inquiété ou influencé".
Le poste de Premier ministre, qui ne figure pas dans la Constitution guinéenne, avait été créé par le président Conté mais supprimé depuis le limogeage, en avril 2005, de Cellou Dalein Diallo pour "faute lourde".
Son prédécesseur, François Loncény Fall avait démissionné lors d'une de ses missions en Europe, arguant que le président Conté l'empêche de travailler convenablement.
Les syndicalistes avaient également posé comme préalable à toute négociation l'arrêt des tueries qui ont fait une quarantaine de morts lors de la journée folle de lundi dernier, consacrée à une marche pacifique brutalement réprimée dans tout le pays, provoquant des morts, des centaines de blessés et de nombreuses arrestations.
Le Secrétaire général de l'Union des syndicats des travailleurs de Guinée (USTG), Ibrahima Fofana a déclaré qu'ils resteront vigilants sur le choix du futur Premier ministre, ajoutant que les centrales syndicales porteront plainte auprès des Nations unies pour l'ouverture d'une enquête internationale en vue d'identifier les responsables des tueries des manifestants le lundi 22 janvier.
Il a en outre indiqué que cette date sera désormais commémorée en Guinée en souvenir aux "victimes de la démocratie".
On rappelle que la grève se poursuit en dépit de l'essoufflement de la majorité des populations qui a des difficultés à se ravitailler en denrées de première nécessité devenues rares sur les marchés et vendues à des prix exorbitants. |