
Quelques 539 personnes sont mortes de la violence armée à Port-au-Prince, au cours des mois d’octobre, novembre et décembre 2006, indique un rapport de la commission nationale épiscopale de l’église catholique romaine, Justice et Paix (JILAP), daté du 23 janvier 2007.
« Au cours de ces derniers trois mois, la plupart des victimes sont tombées dans les quartiers de Martissant / Grande Ravine / Bolosse [NDLR : périphérie sud de la capitale] et la zone de Cité Soleil [NDLR : périphérie nord de Port-au-Prince]. Au cours des mois de novembre et de décembre [2006], la police et la Mission des Nations Unies de Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) sont devenues plus actives dans la lutte contre le banditisme ; leurs actions font des victimes, ce qui ne signifie nullement que toutes les victimes seraient des bandits », lit-on dans ce rapport, dont une copie est parvenue à l’agence en ligne AlterPresse.
Dans le cadre de ce travail, la commission épiscopale catholique romaine affirme avoir choisi un critère simple pour mesurer le degré de la violence : le nombre de victimes mortelles à travers les rues de la capitale.
La réalité, qui a prévalu au cours de cette période marquée par des actes violents, dépasse les données que les enquêteurs de l’organisme ont enregistrées.
A travers cette recherche, l’organisme entend sensibiliser les autorités haïtiennes, toutes les citoyennes et tous les citoyens, sur la réalité de la violence dans le pays, qui constitue l’un des handicaps majeurs à la convivialité pacifique entre les habitants.
La commission Justice et Paix rappelle que les mois de janvier, août et décembre 2006 étaient aussi des mois très violents. Le mois d’août 2006 était particulièrement violent dans la zone de Martissant, banlieue sud de Port-au-Prince, note JILAP.
Les armes légères entre les mains des citoyens sont les instruments les plus importants pour les crimes : 445 victimes sont mortes par balles (82.5 %), relève la commission nationale Justice et Paix.
L’organisme de promotion des droits de la personne humaine passe également en revue le phénomène du kidnapping qui a augmenté à la fin de l’année 2006 de façon inquiétante, avec surtout les actes d’enlèvement d’enfants pour soutirer de l’argent et exercer des pressions sur la société.
Ne pas négliger l’aspect « politique » du kidnapping en Haïti
Justice et Paix invite le pays à ne pas oublier l’ « aspect politique évident » du phénomène du kidnapping.
« Certains groupes s’en servent pour réaliser un objectif politique : soit le départ du gouvernement, soit le contraindre à certains changements, soit le forcer d’adopter certaines décisions, ou de l’affaiblir », écrit Justice et Paix dans ce document produit en Créole et en Français.
L’institution religieuse qualifie d’ « éminemment criminel » le phénomène du kidnapping. De plus, dit-elle, le climat général d’insécurité dans le pays permet à certains de s’en servir pour régler des comptes personnels, pour extorquer de l’argent.
L’organisme catholique romain n’écarte pas l’existence de « liens » entre le kidnapping et la drogue, autre activité criminelle tramée dans l’objectif politique d’affaiblir l’Etat.
Dans ces différentes situations, JILAP constate, sans les citer nommément, l’implication de certaines autorités dans ces activités. Elle dénonce « une crise de moralité » qui ronge la société haïtienne et les institutions publiques.
« Le pays traverse une grave crise de moralité quand les détenteurs d’autorité et de pouvoir, ceux et celles qui ont la responsabilité de respecter et de faire respecter la loi, la justice et le droit, se croient au-dessus de la loi ou la prennent pour un simple moyen pour la défense de leurs intérêts inavoués », constate avec amertume la commission nationale Justice et Paix.
Jugeant opportun le moment de consulter les valeurs et principes du code éthique pour en tirer des conclusions pertinentes, la commission épiscopale catholique romaine, Justice et Paix, invite chaque citoyenne et chaque citoyen à prendre conscience de leur responsabilité dans la crise du pays ainsi que des souffrances endurées par la population.
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