
Les accusations de cannibalisme portées contre les rebelles de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) lors de leur occupation de la région de Mambasa, dans le Nord-Kivu et l'Ituri, en octobre 2002, ont été confirmées, mercredi 15 janvier, devant le Conseil de sécurité des Nations unies.
Lors d'une réunion sur la situation au Congo-Kinshasa, le sous-secrétaire général chargé des opérations de maintien de la paix, Hedi Annabi, a présenté les premières conclusions de l'enquête menée par la Monuc, la Mission des Nations unies en RDC, sur les exactions commises à l'encontre des populations locales et notamment pygmées, par les troupes du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba et du Rassemblement congolais pour la démocratie - National (RCD-N), lors d'une première occupation entre le 12 et le 29 octobre 2002, puis après leur retour dans la région, le 29 novembre.
Selon M. Annabi, les enquêteurs de la Monuc – des policiers, des spécialistes des droits de l'homme et de la protection de l'enfance – ont interrogé 368 personnes, victimes et témoins, en deux semaines dans les villages de Mangina et Oicha, où des dizaines de milliers d'habitants ont trouvé refuge. Les témoignages ont corroboré que les troupes des rebelles avaient utilisé comme "armes de guerre" des pratiques tel- les que "pillages et viols systématiques", "exécutions sommaires" et "enlèvements".
EXÉCUTIONS ARBITRAIRES
Baptisée "Effacer le tableau", l'opération avait été présentée aux populations comme "une opération de vaccination". L'enquête a démontré que "parmi les personnes exécutées, mutilées et victimes de cannibalisme" se trouvaient "des membres de la communauté pygmée, forcés de quitter la forêt", a indiqué M. Annabi. Le premier rapport d'enquête de l'ONU, daté du 11 janvier, fait état de 117 cas d'exécutions arbitraires, la plupart commises en octobre. "Les victimes étaient des adultes qui ont été mutilés et des enfants dont des organes dont été extraits alors que d'autres ont été tués, mutilés et cannibalisés", indique le texte. Le nombre exact des victimes n'a pas encore pu être déterminé.
La Monuc reçoit chaque jour de nouveaux témoignages de la part de réfugiés. Soixante-cinq cas de viols ont été signalés, dont certains sur des enfants. Plus de quarante femmes ont été emmenées par leurs tortionnaires pour servir d'esclaves sexuelles. Les lieux publics, l'hôpital, les églises et toutes les résidences ont été pillés.
Le Conseil de sécurité a rendu responsable Jean-Pierre Bemba de la "sécurité des populations civiles vivant dans le territoire sous son contrôle" et exigé que "des comptes soient demandés" aux auteurs de ces massacres. Le haut-commissaire aux droits de l'homme, Sergio Vieira de Mello, est arrivé à Kinshasa avec mission de faire une enquête complète.
Jean-Pierre Bemba, dont le mouvement a dénoncé une "campagne de diabolisation", visant à le déstabiliser, a écrit le 31 décembre au représentant du secrétaire général de l'ONU pour affirmer qu'il était prêt à collaborer à une enquête et il s'est engagé à punir les coupables, a indiqué la Monuc.
D'après lemonde.fr
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