
Madame Royal a profité de son court séjour aux Antilles pour relancer une campagne dont beaucoup estimaient qu’elle s’essoufflait. Bains de foule, discours enflammés, soutien d’Aimé Césaire, la visite de la candidate PS en Martinique puis en Guadeloupe a sans conteste été triomphale.
S’affirmant pour les valeurs de gauche, elle a repris les thèmes chers aux ultra-marins, critiquant le négationnisme historique d’une certaine droite et la vision tronquée de la colonisation et de l’esclavage. Elle s’est érigée en défenderesse de la mémoire antillaise, citant la Mulâtresse Solitude, pendue le lendemain de son accouchement pour avoir lutté contre le rétablissement de l’esclavage, et allant se recueillir sur la statue de Gerty Archimède, première femme députée de Guadeloupe.
Ayant vécu en Martinique pendant quelques années lorsqu’elle était enfant, Ségolène Royal a mis en avant l’attachement sentimental qu’elle lui porte, en visitant le pensionnat Saint-Joseph de Cluny où elle a été scolarisée durant trois ans. Elle était revenue sur l’île pendant ses études pour effectuer un stage.
La présidentiable a promis plusieurs mesure aux électeurs antillais : construction de logements sociaux, apurement de la dette de l’Etat, instauration d’une préférence régionale dans la fonction publique. Elle a terminé son allocution en créole : « Moin sé en fanm doubout! Nou ké cassè ça ! » Je suis une femme forte (debout)! Nous allons changer ça !
Phrase traduite et reprise par l’UMP en ces termes : « nous allons casser ça »… Merveilleuse occasion de lancer une nouvelle polémique en ajoutant que Ségolène Royal voudrait casser la République, ce qu’a fait dimanche la porte parole du parti, Valérie Pécresse. Aussitôt décriée à quelques 7000 kilomètres par Victorin Lurel, député PS de Martinique et membre du Collectif Dom, qui a dénoncé l’exploitation éhontée d’une traduction fausse pour saper la campagne de Ségolène Royal.
Plus que 84 jours pour savoir si cette visite mouvementée aura porté ses fruits, rattrapant l’échec de 2002, élection à laquelle les domiens avaient abandonné le PS pour voter massivement en faveur de Christiane Taubira, cette fois-ci aux côtés de la candidate socialiste.
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