
Trois importants partis de l'opposition libérienne ont rendu public, à Monrovia, un communiqué conjoint accusant la présidente Ellen Johnson- Sirleaf d'avoir "aggravé la crise constitutionnelle" en s'obstinant à prendre la parole lundi devant un Parlement divisé.
En effet, malgré l'arrêt de la Cour suprême annulant la décision qui avait été prise par des députés réunis en dehors de l'hémicycle pour prononcer la destitution du président du Parlement, Edwin Snowe, la présidente avait tenu à s'adresser au groupe dissident, qui représente la majorité à la Chambre basse du Parlement.
Selon la Constitution du Liberia, le chef de l'Etat doit prononcer un discours sur "l'état de la nation" lors d'une session conjointe du Parlement, convoquée chaque année le dernier lundi non férié du mois de janvier.
Compte tenu des travaux de rénovation actuels du Parlement ainsi que des rancœurs nées de la tentative de destitution du président Snowe, la majorité des membres des chambres hautes et basses du Parlement s'est réunie au niveau du Centre de onférences de l'Unité, dans la périphérie de la capitale Monrovia, où Mme Ellen Johnson-Sirleaf s'est adressée aux députés.
Les minorités des deux chambres s'étaient, quant à elles, réunie dans le centre de Monrovia.
"Hier (soit lundi, jour où Mme Sirleaf s'est adressée aux députés) a été un nouveau jour sombre dans l'histoire de notre pays. Nous avons été témoins de l'expression d'un mépris total de l'Etat de droit par la présidente en personne. Elle a foulé aux pieds le principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs, elle refuse de laisser la voix de la Cour constitutionnelle (la Cour suprême) mettre un terme au débat", affirme le communiqué rédigé par les trois partis d'opposition.
Ces partis sont le Front national patriotique (NPP), qui est la formation de l'ancien président Charles Taylor, le Parti de la Liberté de Charles Brumskine et le Parti de l'Action, de Varney Sherman, deux éminents membres du barreau qui avaient déjà pris part à l'élection présidentielle 2005.
Ils ont appelé la présidente Sirleaf à "présenter immédiatement ses excuses à la Cour suprême et au peuple du Liberia pour le mépris qu'elle a manifesté vis-à-vis de l'Etat de droit et … à réaliser et accepter que tant que le président Snowe n'a pas été destitué conformément à la loi, il demeure président de la Chambre des représentants";
Pour sa part, la ministre de la Justice, Frances Johnso-Morris, a rejeté les accusations selon lesquelles la présidente n'aurait pas tenu compte de l'arrêt de la cour.
Mme Johnson-Morris a expliqué que la Cour suprême n'a pas fait part de sa position définitive sur la question de l'illégalité du lieu dans lequel s'était tenue la réunion des députés dissidents. |