
Note: un lien en fin d'article permet de voir l'émission sur le site de TF1
Les périodes électorales sont propices aux débats en tous genres, entre adversaires politiques, ou entre journalistes et candidats.
Frileux, les principaux candidats évitent pour le moment de se croiser sur les plateaux télévisés.
Le référendum sur la constitution européenne ayant montré le fossé existant entre l'opinon (qui a voté "non") et les journalistes (qui ont massivement appelé à voter "oui"), la première chaîne française a décidé de renouveller le genre en invitant les candidats à répondre aux questions de "vrais" français sélectionnés par la Sofres.
Plutôt à l'aise, à des années-lumière de l'image "d'agité" qui lui collait à la peau, le candidat de l'UMP est revenu sur les grands thèmes de la campagne, fiscalité, retraite, sécurité et sécurité routière, même si curieusement l'immigration a été assez faiblement abordée au contraire du problème de la "continuité territoriale" pour les domiens qui paient très cher leurs billets d'avions pour aller chez eux.
Le seul "scoop" de l'émission fut sa date de départ du gouvernement. Afin de "ne pas laisser tomber les français", il a décidé d'être ministre de l'intérieur jusqu'au début de la campagne officielle, soit la mi-Mars. Il a, à juste titre, rappelé, que ni Jacques Chirac, ni Lionel Jospin (il a juste omis de citer Edouard Balladur), n'avaient quitté leurs fonctions en situation similaire.
Avant de revenir sur le contenu proprement dit de l'émission, on peut regretter son format. 100 personnes pour moins de 120 minutes d'émission c'est beaucoup trop. Et ce grand nombre fait que les vrais débats sont limités là où des journalistes auraient pu demander des précisions utiles au candidat, sur la mise en oeuvre de telle ou telle mesure.
Sur les thématiques intéressant notre communauté, on peut regretter un amalgame un peu douteux fait par le candidat de l'UMP.
Interrogé par un "français" sur sa phrase "la France aimez la ou quittez la" qui s'adressait, on s'en souvient, à ceux qui critiquent la France, notamment pour qu'elle affronte son passé pas toujours glorieux, notamment en ce qui concerne l'esclavage et la colonisation, Nicolas Sarkozy ne s'est plus placé sur le terrain historique, mais contemporain, en disant que "les polygames, ceux qui excisent leurs filles ou tuent des moutons dans leurs appartements" n'ont rien à faire en France.
Le plus scandaleux, à notre sens, n'étant pas la formule mais les applaudissements qu'elle a suscités au sein du public.
Il est dommage que personne, Patrick Poivre d'Arvor aurait dû le faire, n'ait songé à demander au candidat combien de personnes étaient concernées par ses propos, et quelle proportion des populations d'origine africaine cela représentait.
Le candidat a repris sa proposition de limiter l'accession aux logements à ceux qui "ont des papiers". S'il est clair qu'un individu n'ayant pas le droit de résider dans un pays devrait le quitter, était-il encore une fois nécessaire de stigmatiser cette infime frange de la population française, alors que tous doutent sur la réalité du futur "droit au logement opposable"?
Nicolas Sarkozy est également revenu sur les propos de Lilian Thuram qui a "travesti la totalité de ce que j'ai dit", disant "mieux connaître la banlieue que lui", rappelant que si Thuram est né en banlieue il vit en Italie (même si Thuram joue désormais en Espagne), rappelant ses "27 nuits blanches" pendant les émeutes de Novembre 2005 et se félicitant de l'absence de victime, tant du côté des émeutiers que du côté des forces de l'ordre.
Réagissant aux propos d'un jeune homme d'origine algérienne déclarant avoir été victime de propos racistes tenus par des policiers alors qu'il était menotté, Nicolas Sarkozy a repris sa méthode médiatique initiée en 2002: il a demandé au jeune homme les circonstances de l'incident, et promis que les "conséquences en seraient tirés", rappelant notamment avoir "interdit le tutoiement" et qu'il sévissait quand il le fallait.
Affaire (médiatique) à suivre donc...
Se déclarant "naturellement pour la continuité territoriale" Nicolas Sarkozy a promis une zone franche pour les DOM-TOM qu'il "aime particulièrement".
Visiblement très à l'aise, Nicolas Sarkozy s'en est très bien sorti, et nul doute que cela mettra un peu plus la pression à son adversaire socialiste, Ségolène Royal, dont le début de campagne n'est pas très dynamique, campagne à laquelle Christiane Taubira a déclaré vouloir "mettre un peu de peps".
Le programme des prochaines émissions (notez la différence de traitement entre les "grands" et "petits" candidats):
Le 12 février : Jean-Marie Le Pen, suivi de Marie-George Buffet, Philippe de Villiers et Olivier Besancenot.
Le 19 février : Ségolène Royal
Le 26 février : François Bayrou, suivi d'Arlette Laguiller, Dominique Voynet et José Bové |