
Des dizaines de jeunes manifestants surexcités ont saccagé, samedi à N'Zérékoré (900 km au sud de Conakry), la résidence privée du nouveau Premier ministre guinéen, Eugène Camara, moins de 24 heures après sa nomination, ont indiqué samedi à la PANA des sources contactées dans la localité.
Les mêmes sources précisent que les manifestants ont tout emporté, exprimant ainsi leur colère après la nomination de l'ancien ministre d'Etat aux Affaires présidentielles au poste de Premier ministre, chef du gouvernement.
A Conakry même, élèves et étudiants ont déserté les classes pour occuper les rues où ils ont érigé des barricades et brûlé des pneus avant l'arrivée des forces de l'ordre qui ont tiré à balles réelles en certains endroits, selon des témoins, qui précisent qu'un cortège du président Lansana Conté a été pris à partie par des jeunes armés de pierres à Matam, une des grosses communes de la capitale guinéenne.
Dans sa riposte, la garde présidentielle a tiré à balles réelles, tuant trois manifestants, selon les mêmes sources.
Vendredi déjà, des incidents ont éclaté dans deux localités de l'intérieur du pays où des jeunes en colère ont saccagé les résidences des préfets, brûlé un commissariat et libéré des prisonniers.
Les manifestants, qui réclament désormais le départ du président Conté du pouvoir, estiment que le chef de l'Etat a violé les termes de l'accord global signé le 27 janvier au terme de 18 jours de grève entre le gouvernement, les institutions républicaines, le parlement et l'Inter centrale syndicale.
Aux termes de cet accord, le chef de l'Etat guinéen devait nommer un Premier ministre, chef de gouvernement, "de large consensus, intègre et compétent" et n'ayant jamais été mêlé à la gestion des affaires publiques.
Selon Louis M'Bemba Soumah, secrétaire général adjoint de l'Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), le président Conté ne mesure pas le danger qui plane sur le pays, ce qui le pousse à narguer ses compatriotes.
"Nous avons déposé vendredi le préavis de grève qui commence lundi prochain dans tout le pays. Rien ne nous arrêtera, surtout que depuis que Conté a traîné des pieds, les populations nous signifient qu'elles ne veulent plus de la nomination d'un Premier ministre, mais son départ du pouvoir".
Toutes confessions confondues, les chefs religieux ont entamé des prières, implorant Dieu "afin qu'il répande sa miséricorde dans le pays en ces moments cruciaux et pour que la paix règne dans le pays". |