
Le président Olusegun Obasanjo est revenu sur sa déclaration controversée du vendredi selon laquelle les élections générales d'avril au Nigeria seront une "question de vie ou de mort", niant vouloir inciter à la violence ou semer la panique, au cours d'une émission radiotélévisée.
"J'ai voulu dire que l'organisation réussie des élections devait être considérée comme une question de vie ou de mort pour mon parti, le PDP (People's Democratic Party)", a t-il expliqué.
Le chef de l'Etat nigérian estime qu'en tant qu'homme politique faisant campagne pour un parti, il a droit à la même liberté de parole que tous les Nigérians.
Suite aux condamnations tous azimuts des propos du président, le Sénat a adopté une résolution cette semaine appelant M. Obasanjo à surveiller dorénavant son langage.
Le président a également réfuté les allégations selon lesquelles son administration se servait de la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) chargée de la lutte contre la corruption pour mener une chasse aux sorcières contre ses adversaires politiques.
L'EFCC a récemment publié une liste d'hommes politiques présumés corrompus, sur la base de laquelle le gouvernement a interdit à plusieurs candidats de se présenter aux élections du mois d'avril.
Les candidats considèrent cette liste comme une manœuvre de la présidence pour exclure de la course électorale certains hommes politiques, dont le vice-président Atiku Abubakar en froid avec le président.
Mais M. Obasanjo a insisté sur le fait que l'EFCC, saluée pour sa bataille contre la corruption, n'a pas à faire une chasse aux sorcières.
"L'indépendance de l'EFCC est une partie intégrante de la loi qui l'a établie", a-t-il dit, réfutant toute manipulation de cette commission.
"Personne ne peut et ne doit donner d'ordres à l'EFCC", a insisté M. Obasanjo, en ajoutant que la commission n'a agi qu'en réponse aux allégations et aux lettres qui lui ont été adressées.
Le Sénat a réprimandé l'EFCC pour avoir transmis la liste des candidats censés être corrompus au président au lieu de les traduire en justice.
Il a par conséquent formé une commission pour l'amendement de la loi ayant permis la mise en place de la commission, en vue de rendre cette dernière plus indépendante.
Le président Obasanjo a également profité de l'émission pour mettre en lumière les réalisations de son administration ces huit dernières années, y compris son programme de réformes dans le cadre de la Stratégie nationale de développement et de responsabilisation économique (NEEDS).
A propos de la violence dans la région pétrolifère du pays, il a déclaré "le problème du Delta du Niger n'est pas politique mais criminel" et venait de ce qu'il a appelé l'encouragement de "l'anarchie et du banditisme" par le passé.
"On récolte ce que l'on a semé", a déclaré M. Obasanjo, en soulignant néanmoins, que son administration continuerait à employer la méthode de la "carotte et du bâton" pour résoudre le problème de cette région. |