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Et si les rôles s'inversaient? Et si au lieu que les africains tentent d'aller en Occident par tous les moyens, y compris au péril de leur vie, miroitant un improbable eldorado, ce sont plutôt les européens qui voulaient aller "chez nous" par tous les moyens? Il suffirait pour cela que les états européens ne fassent pas leur union pendant que les états africains eux réalisent une grande union.
C'est désormais aux européens de subir les quotas d'immigration, de faire la queue de bonne heure devant le consulat des Etats-Unis d'Afrique. Et de s'entendre dire deux minutes après l'ouverture des portes "c'est fini pour aujourd'hui". Ou encore, de se voir proposer un boulot de domestique quand on est un informaticien confirmé. Avant de décider d'immigrer clandestinement. De rencontrer des immigrés qui vous pousseront dehors afin de de ne pas risquer de perdre leurs privilèges, ou d'autres au contraire très solidaire, qui vous donnent tous les "trucs" pour survivre avec une solidarité probablement similaire à celle qui s'opère entre résistants pendant la guerre. Parmi les "trucs", celui de prendre les "papiers" d'un congénère semblable mort afin d'aller et venir en paix.
Présentée comme cela l'histoire n'aurait aucun intérêt si ce n'est que dans le film de Sylvestre Amoussou les immigrés sont blancs (campés par Stéphane Roux et Charlotte Vermeil), et les "méchants" sont noirs. Notamment Eriq Ebouaney ("Lumumba") un très convaincant ministre de l'intérieur, ou encore Emil Abossolo M'bo député du parti radical africain dont les interventions à l'assemblée nationale rappellent les accents du Front National. Heureusement qu'il y a des "gentils" comme Cheik Doukoure un responsable de l'immigration très humain, comme Myriam Kaba qu'on aperçoit furtivement en tant que présidente de l'Assemblée, ou Sylvestre Amoussou lui-même, député du "parti libéral africain", un utopiste qui cherche à mieux intégrer les européens sur le continent africain.
On aperçoit, en début de film à l'Assemblée nationale, comme figurants de nombreux journalistes africains comme Benson Diakité ou Amobe Mevegue de RFI, Bilguissa Diallo (présentée ici par grioo.com) ou Joseph Andjou de I-Télé/I-Afrique.
Note de grioo.com : en fin d’article vous pourrez consulter une liste de salles où il est possible de voir le film
Nous avons rencontré le réalisateur avant la sortie du film en salles. |
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Pouvez-vous nous parler des débuts du film?
Le film a été tourné en 2003 entre Paris et le Sénégal, avec des financements français et européens, même si les financements européens sont plus durs à avoir.
L'argent a été versée à une production fantôme, ce qui fait que je ne l'ai jamais vu, et après la faillite de la production j'ai même dû racheter mes rushes au liquidateur!, avant de trouver de l'argent pour la post-production. Malgré les difficultés j'ai voulu mettre la qualité en tournant en 35 millimètres. Pour moi, comme on le voit dans le film, je considère que les immigrés sont victimes de l'incompétence des députés, je n'ai donc pas voulu prêter le flanc à la critique en faisant un effort sur le travail.
D'où vous est venue l'idée de votre film?
En 25 ans en France je me suis rendu compte qu'à chaque présidentielle les immigrés sont au centgre du débat. Je n'ai jamais compris pourquoi on parlait en priorité des noirs et pas des autres.
Ayant toujours été blessé par ce côté xénophobe anti-noir je pense que notre rôle est d'expliquer au peuple français, afin qu'il se distingue de ses dirigeants.
L'idée du film a germé pendant douze ans, j'ai commencé par faire un court-métrage au même nom, Africa Paradis avec Pierre Sauvil, sans grands moyens. Il a rencontré du succès à l'étranger... mais pas en France.
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Estimez-vous que votre film saura éviter l'écueil des films sortant en salles, mais ne restant à l'affiche qu'une ou deux semaines?
Je pense que mon film évite le côté "cliché" et mérite mieux qu'une semaine à l'affiche. Lors de projections test, par exemple au Planet Hollywood, le public lui a réservé un très bon accueil, certains français estimant "avoir compris". Un professionnel comme Sanvi Panou (NDLR: son cinéma Images d'Ailleurs diffusera le film) m'a même confié: "tout est balayé du revers de la main, le film est techniquement parfait, je n'ai qu'un seul regret: celui de ne pas y avoir joué".
Je pense que les français "lambda" voudront voir le film.
Votre film n'est pourtant pas aussi aseptisé qu'une bonne partie des blockbusters qu'on voit en salle?
C'est vrai que les films doivent souvent être "filtrés" pour rentrer dans le moule et passer en salle. Pour vous donner une anecdote, j'ai présenté le film à MK2 (NDLR: cette chaîne diffuse de nombreux films de cinéastes indépendants) qui m'a répondu "non, ce n'est pas un film à gros budget". J'ai ensuite présenté le film à un distributeur qui s'est montré très enthousiaste et était quasiment prêt à signer avec moi. Après quelques jours de réflexion il a fait volte-face me demandant "y-a-t-il un public pour ce genre de films?.
Un second distribiteur m'a dit, défense de rire!, "trouvez un distributeur et on verra" tandis qu'un dernier m'a dit "on ne peut quand même pas tout comparer". |

Votre film pointe indirectement la responsabilité des élites africaines, élites qui accessoirement ne vous ont pas forcément aidé?
Oui, c'est à cause des "élites" qu'il n'y a pas d'union sacrée et que les dirigeants occidentaux en profitent pour nous diviser, comme Nicolas Sarkozy qui tente de diviser noir et antillais, alors que dans la rue on ne te demande pas ton origine ethnique pour te taper dessus.
Dans mon film en tout cas, je suis d'origine africaine, Mylène Wagram qui joue ma soeur est d'origine antillaise, tandis que Kagna Sonia qui joue ma mère est haïtienne.
Quant à l'aide pour mon film, disons que certains africains m'ont aidé avant et après la faillite de la première production, mais je dois dire que beaucoup de dirigeants africains sont en réalité incultes et n'ont pas encore compris qu'il faut qu'ils investissent. Cela a décuplé mon envie de leur prouver.
Comment avez-vous fait le casting du film?
Je connaissais déjà les principaux acteurs et j'ai donc écrit les rôles en sachant qui allait les interpréter.
Avec Cheik Doukouré je voulais montrer l'inhumanité des maisons de transit, mais avec quelqu'un sans zèle excessif. |

Eriq Ebouaney lui est le "petit Sarko": il prépare les coups en douce, sait tout et est partout.
Emile Abessolo le tenant de "l'Afrique aux africains" pour qui "nous n'avons pas intégré les blancs chez nous pour une raison fondamentale: ils sont différents de nous".
Mylène Wagram qui joue ma soeur est raciste par ignorance: elle n'aime pas ce qu'elle ne connait pas, mais comme vous l'avez vu, elle s'humanise sur la fin.
Je joue moi-même quelqu'un de bon, qui estime que "chacun a systématiquement quelque chose de bon en lui".
Outre le casting, votre film a été directement ou indirectement soutenu par plusieurs journalistes
Oui, on peut citer Sergé Bilé, Wasis Diop qui a fait la musique du film, Joseph Andjou, Harry Roselmack, Amobe Mevegue, Charles Onana ou encore Benson Diakité et bien d'autres. |
Salles où il est possible de voir le film |

Remarque de grioo.com : partenaire du cinéma Images d’Ailleurs depuis plusieurs années, nous vous encourageons vivement à aller voir le film dans cette salle : de cette façon vous supporteriez réalisateurs indépendants et cinéma indépendant
Cinéma Images d’Ailleurs
21 rue de la Clef - 75005 Paris - Metro Censier-Daubenton. Tél : 01 45 87 18 09
Vendredi 2 Mars : 14h, 18h35 et 21h40
Samedi 3 Mars : 14h, 17h20, 20h40
Dimanche 4 Mars : 14h, 17h20, 21h
Lundi 5 Mars : 14h, 17h45, 21h15
Espace Saint-Michel - 7 place Saint-Michel 75005 PARIS - Métro Saint Michel
Les cartes " PASS " ET " UGC ILLIMITE " sont acceptées
Tous les jours (sauf samedi à 13h et dimanche à 22h) : 13h (sauf samedi), 14h40, 17h30, 20h20 et 22h (sauf dimanche) |
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