
Le parti d'opposition nigérian de l'Action Congress (AC) a averti mercredi que toute tentative d'empêcher son candidat présidentiel, le vice-président Atiku Abubakar, de se présenter à l'élection présidentielle du mois d'avril pourrait compromettre ces dernières.
Dans un communiqué intitulé, "Pas de Atiku, pas d'élection", ce parti a laissé entendre que la présidence faisait pression sur la Commission électorale nationale indépendante (INEC) pour exclure M. Abubakar de cette élection.
"Nous sommes forcés, au vu de cette interdiction dangereuse, illégale et inconstitutionnelle prévue par l'INEC, d'avertir qu'il pourrait ne pas y avoir d'élections en avril sans Atiku Abubakar", a soutenu le parti dans un communiqué, rendu public mercredi dans la capitale Abuja, par son porte-parole Lai Mohammed.
"Ce n'est pas seulement la résolution de notre parti, l'Action Congress, mais celle de millions de Nigérians, qui souhaitent des élections libres, justes et crédibles et l'égalité des chances pour tous les candidats", a ajouté le communiqué.
Ce communiqué de l'AC fait suite à la publication mercredi d'un article citant le président de l'INEC Maurice Iwu qui déclarait que M. Abubakar avait été disqualifié sur la base d'une disposition constitutionnelle stipulant que toute personne accusé de corruption ne pourrait pas se présenter.
Suite à une enquête sur le PTDF (Petroleum Technology Development Fund), qui est sous la supervision du bureau du vice-président, menée par la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC), un panel gouvernemental a accusé le vice-président d'abus de pouvoir, ouvrant ainsi la voie à son exclusion du processus électoral.
Mais le vice-président a soutenu que cette enquête s'était faite à l'instigation de son patron, le président Olusegun Obasanjo, avec qui il est brouillé pour s'être opposé à sa tentative de briguer un troisième mandat.
L'AC a souligné qu'au moins deux tribunaux à Lagos et Abuja avaient rejeté le rapport de la commission gouvernementale et que son candidat ne pouvait par conséquent pas être disqualifié sur cette base.
L'AC a qualifié M. Iwu de "marionnette et d'homme sans courage", cherchant à "plonger le Nigeria dans une crise profonde en faisant le jeu d'anarchistes, qui feraient tout pour empêcher la tenue des élections afin de réaliser leur objectif de se maintenir au pouvoir".
Une liste de candidats "ayant fait l'objet d'enquêtes et incriminés" récemment publiée par l'EFCC a entraîné la disqualification de plusieurs autres candidats, dont plusieurs ont contesté cette mesure en justice.
Le Nigeria organise ses secondes élections générales démocratiques en avril depuis son retour à un régime démocratique en 1999, après 15 années consécutives de régime militaire.
Ces élections pourraient être marquées par la première transition d'un gouvernement élu à un autre dans ce pays le plus peuplé d'Afrique. |