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Manfred Nowak, un expert indépendant des Nations Unies spécialisé dans les questions des droits humains, a affirmé que la police nigériane "se livre systématiquement à des actes de torture sur les suspects, en leur tirant des balles dans les jambes, en les passant à tabac et en les suspendant au plafond pendant de longues périodes".
M. Nowak, qui est également rapporteur spécial des Nations Unies sur la Torture, explique, dans un communiqué rendu public à l'issue de sa visite d'une semaine, au Nigeria, que les bastonnades et les tirs dans les jambes font partie des pratiques utilisées pour obtenir des aveux ou d'autres informations des suspects.
Ce communiqué, dont une copie a été transmise, lundi à la PANA, à New York, relève que M. Nowak a également constaté l'existence de cas d'abandon des blessés après les cates de torture, "des situations pires que toutes celles qu'il a pu observer dans d'autres pays".
"Il s'agit d'une pratique utilisée de manière régulière. Les détenus sont bastonnés. Ils sont suspendus au plafond pendant de longues périodes et battus dans cette position, une manière, pour la police, de leur extorquer des aveux ou d'autres informations", a-t-il noté.
Il a encore fait savoir qu'il avait constaté l'existence, au niveau des services de la police judiciaire, à Lagos, d'une pièce qui était ouvertement qualifiée de "salle de tortures", la décrivant comme "une pièce sale, renfermant 125 suspects, dont la plupart avaient été victimes de tortures".
L'expert onusien a, par ailleurs, affirmé que certains détenus avaient reçu des balles dans les jambes et que leurs blessures s'étaient gravement infectées, étant donné qu'ils n'étaient suivis par aucun médecin.
"Il y avait là plusieurs détenus qui souffraient de graves infections et étaient en danger de mort car ne bénéficiant pas d'une assistance médicale", a-t-il indiqué.
Il a mentionné que cette situation était essentiellement due à "la totale impunité" qui prévalait, tout en relevant que "aucun fonctionnaire de police n'a été condamné pour torture et il est impossible, pour les victimes, d'obtenir réparation."
M. Nowak a encore souligné que si, au niveau de l'administration de la justice pénale, le gouvernement a mis en chantier un certain nombre de réformes depuis le retour du Nigeria à un régime civil, en 1999, très peu de résultats concrets ont été jusqu'ici obtenus.
Il a ensuite constaté que "le système désavantage les démunis car ils ne sont pas en mesure de payer les honoraires des avocats et de satisfaire aux conditions accompagnant l'octroi de la liberté sous caution, ceux qui sont dans ce cas se retrouvant à la merci de la police qui les retient prisonniers pendant plusieurs mois dans des conditions épouvantables".
L'expert des Nations Unies a aussi visité des prisons, où il a reconnu qu'il y avait peu de preuves de l'existence de cas de torture, mais il a néanmoins estimé qu'elles renfermaient un grand nombre de prisonniers en attente de jugement.
En conséquence, il a recommandé au gouvernement nigérian, avec l'aide de la communauté internationale, comme les Nations Unies, de prendre des "mesures fermes" pour faire de la torture une infraction criminelle, conformément aux conventions internationales, et de lutter contre l'impunité par l'instauration d'un mécanisme indépendant d'investigation.
M. Nowak a remercié les hauts responsables de la police et de l'administration pénitentiaire pour lui avoir ouvert les portes de leurs établissements, même pour des visites surprises, et de lui avoir permis de s'entretenir sans témoin avec des détenus.
Il a cependant regretté que la même démarche n'ait pas été observée au niveau du principal service de sécurité du pays, la Sécurité d'Etat (SSS), ce qui l'a amené à "suspecter fortement les autorités de chercher à cacher des éléments de preuve".
Il s'est ensuite réjoui de l'adoption, au Nigeria, d'un certain nombre de lois interdisant la discrimination à l'égard des femmes dans des domaines essentiels, notamment les mutilations génitales féminines et les mariages précoces, tout en martelant qu'il demeurait préoccupé par la persistance de ces pratiques et de leur acceptation.
En outre, Manfred Nowak a mentionné que l'invitation que le gouvernement lui avait adressée constituait une preuve de la volonté du Nigeria d'accepter une enquête indépendante sur sa situation des droits humains et de la réaffirmation de l'engagement qu'il avait pris auprès de la communauté internationale dans le domaine des droits humains.
Il a proposé la prise d'un certain nombre de mesures pour le traitement des plaintes enregistrées dans les centres de détention et l'ouverture d'enquêtes médicales en cas d'allégation de torture, l'accès à une assistance médicale gratuite et la supervision des méthodes d'interrogatoire.
M. Nowak a également préconisé l'abolition de toutes les formes de châtiment corporel et la prise de mesures pour l'abolition de la peine de mort.
Il a enfin insisté sur la nécessité de la mise en place de mécanismes efficaces afin de renforcer l'interdiction de la violence à l'endroit des femmes, en particulier les pratiques traditionnelles comme les mutilations génitales féminines, notamment par le biais de campagnes de sensibilisation. |