
Confrontée à un mouvement marquant apparemment le lancement de manifestations d'ampleur nationale contre le régime du président Robert Mugabe du Zimbabwe, la Police a signalé jeudi des attaques lancées contre ses sièges dans trois villes du pays, par des militants de l'opposition outrés par la sauvage répression qui s'est abattue sur eux.
L'attaque, la plus grave a eu pour cible le poste de Police de Marimba, dans la capitale Harare, touchée dans la nuit par un cocktail Molotov, un incident à l'issue duquel trois fonctionnaires ont subi de graves brûlures.
D'autres policiers ont eu de légères brûlures sur tout le corps. Les policiers gravement atteints, qui ont été attaqués mercredi, à minuit, luttent pour leur vie à l'hôpital.
Par ailleurs, selon le porte-parole de la Police, Wayne Bvudzijena, des militants supposés appartenir à l'opposition ont lancé, dans la nuit de mercredi à jeudi, des bombes lacrymogènes et des cocktails Molotov sur un poste de Police de la ville de Gweru, au centre du pays.
Des attaques similaires ont également été signalées dans la nuit à Masvingo, au sud du pays, un des bastions de l'opposition.
Les affrontements entre l'opposition et la Police étaient jusqu'ici confinés à Harare, où des graves incidents opposent presque chaque jour membres des forces de sécurité et militants de l'opposition.
"La violence prend aujourd'hui une grave tournure. Les attaques sont comparables aux genres d'actions menées par des milices et la Police apportera une réponse proportionnée à ce genre d'agression", a martelé M. Bvudzijena.
Pour l'opposition, dont le fer de lance est le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), l'intention du gouvernement de renvoyer jusqu'à l'année 2010, l'élection présidentielle qui était prévue l'année prochaine et l'interdiction des manifestations, par la Police, constituent les principales pommes de discorde.
Le gouvernement souhaite un report du scrutin afin qu'il puisse se tenir en même temps que les élections parlementaires, prévues en 2010.
L'opposition est fortement opposée à cette idée et elle a déjà lancé sa campagne en direction de l'élection de l'année prochaine, ce qui a amené la Police à interdire les manifestations.
L'aggravation des difficultés économiques, caractérisées par une inflation de plus de 1.700%, un taux de chômage de plus de 70% et des déficits alimentaires, alimente le mécontentement de l'opposition contre le régime du président Mugabe.
En sus de ces problèmes, les Zimbabwéens sont confrontés à de graves déficits de carburant, de médicaments et d'électricité, entre autres produits d'importation essentiels.
La réaction musclée du gouvernement aux manifestations, en particulier par les tirs et mauvais traitements contre les leaders de l'opposition, comme Morgan Tsvangirai du MDC, contribuent également à alimenter la colère des populations contre les autorités.
On rappelle qu'un militant de l'opposition a été abattu dimanche par la Police, lors des affrontements, et que de nombreux leaders de l'opposition avaient été arrêtés et molestés. |