
Les dirigeants d'Afrique australe ont nommé le président sud-africain Thabo Mbeki, médiateur au Zimbabwe voisin où un bras de fer entre l'opposition et le gouvernement du président Robert Mugabe menace d'exploser en un conflit civil.
Lors d'un sommet extraordinaire en Tanzanie jeudi, les dirigeants des 14 pays de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) ont déclaré que l'opposition et le gouvernement au Zimbabwe devaient engager un dialogue sous la médiation du président Mbeki.
Jusqu'à présent, le gouvernement avait refusé de parler à l'opposition, en qualifiant ses membres de marionnettes au service de l'ancienne puissance coloniale britannique qu'un différend diplomatique oppose à Harare à propos des saisies des terres des fermiers blancs et de la répression présumée des opposants politiques du président Mugabe et des violations des droits de l'Homme commises au Zimbabwe.
Le sommet, auquel ont participé 10 chefs d'Etat de la SADC, avait été convoqué pour trouver les moyens d'épargner au Zimbabwe la guerre civile après une série d'affrontements violents entre la Police et des partisans de l'opposition ces dernières semaines.
Le sommet s'est également penché sur l'instabilité politique en République démocratique du Congo à la suite d'affrontements meurtriers de la semaine dernière entre les forces gouvernementales et les partisans du principal leader de l'opposition, Jean-Pierre Bemba.
Les affrontements au Zimbabwe, au cours desquels un militant de l'opposition a été abattu par la Police et plusieurs autres blessés, et des biens ont été détruits, ont éclaté suite à l'interdiction par le gouvernement des rassemblements politiques et à son projet de reporter l'élection présidentielle de l'année prochaine à 2010 pour des raisons financières.
Ils ont été attisés il y a deux semaines par l'arrestation et l'agression de plusieurs responsables de l'opposition après qu'ils ont défié l'interdiction de se réunir.
Le président Mbeki connaît bien la situation politique trouble au Zimbabwe, pour avoir pendant des années tenté d'amener les deux parties à la table des négociations par une "diplomatie douce".
Mais il a désormais un mandat régional, contrairement à son mandat bilatéral précédent, ce qui fait penser qu'il pourrait lui permettre d'agir avec plus d'autorité.
Il doit faire sous peu un compte-rendu à l'organe de Défense, Politique et Sécuritaire de la SADC, présidé par la Tanzanie.
"Ce sommet extraordinaire a également encouragé le renforcement des contacts diplomatiques qui vont aider à la résolution de la situation au Zimbabwe", ont déclaré les dirigeants dans un communiqué conjoint.
Ils ont aussi demandé à la Grande-Bretagne de tenir sa promesse faite lors de l'accession à l'indépendance du Zimbabwe en 1980, de financer les réformes agraires de ce pays.
En outre, la SADC a invité les pays occidentaux à lever les sanctions économiques imposées au Zimbabwe il y a six ans pour les saisies des terres et les présumées violations des droits de l'Homme dans ce pays. |