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Boubakar Diallo a plusieurs cordes à son arc : tout d’abord journaliste puisqu’il est le fondateur et le directeur de publication du Groupe de presse JJ (Journal du Jeudi), puis romancier avec des ouvrages comme "Le Totem", recueil de contes burkinabè, et deux romans "La nuit des chiens" et "Fumée noire". Mais c’est surtout en tant que cinéaste que nous avons rencontré cet homme pluridisciplaine, lors de notre séjour à Ouaga pour le Fespaco...
Pourquoi avoir créé la société de production les Films du Dromadaire ?
Pour produire les scénarios que je proposais, sans succès, à d’autres
réalisateurs/producteurs Pour exemple, le scénario de "Code Phénix" (polar politique) a été à l’origine pour Idrissa Ouédraogo.
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Les publics africains ont besoin de se reconnaître dans leurs cinémas |
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Boubakar Diallo |
Pourquoi ce nom de Films du Dromadaire ?
Au départ, je suis le fondateur d’un journal satirique, le Journal du Jeudi (JJ). Sa périodicité… Hebdromadaire a logiquement indiqué le Dromadaire comme mascotte du JJ. Lorsqu’il s’est agi d’étendre mes activités à l’audiovisuel (j’avais entre-temps publié deux romans policiers aux Ed. l’Harmattan et Ed. Moreux), le Dromadaire était déjà de la famille. D’où l’appellation les films du Dromadaire faisant désormais partie de "Dromadaire Sarl".
Le Dromadaire est pour moi l’image d’un animal parfaitement intégré dans le paysage sahélien, sobre et résistant, qui sait aller patiemment vers le but qu’il s’est assigné. |
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Une scène de "Code phénix"
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Combien votre société a-t-elle produit de films ?
Les Films du Dromadaire existent depuis 2004 et a produit deux films par an, soit six longs métrages écrits et réalisés par moi-même, plus un court-métrage "Saana", réalisé par Bède Modeste Ganafé de nationalité centrafricaine.
Quels en sont les genres ?
Ils sont de différents genres ainsi "Saana" est un drame social, "Traque à Ouaga" un long métrage de fiction policier, "Sofia" une comédie sentimentale, "Dossier brûlant" une parodie policière, "Code phénix" un long métrage de fiction politique, "L’or des Younga" un western africain, "La Belle, la Brute et le Berger" une comédie extraite du feuilleton télé "Série noire à Koulbi". |

Vous êtes directeur mais surtout réalisateur, combien de films avez-vous réalisé ?
A part le court-métrage Saana dont je suis le monteur, je suis scénariste et réalisateur de tous les films produits par le Dromadaire.
On constate que vous êtes porté sur les films d’action. Pourquoi ?
J’imagine que c’est parce que je suis un homme d’action : j’ai pratiqué des arts martiaux (Viet Vo Dao puis Kung Fu Wushu) depuis 1980, je pratique le tir de précision et la petite chasse à mes heures perdues, et je rêve de parachutisme...
Plus simplement (en tant que cinéphile au départ), je raconte à l’image ce que j’aurais aimé voir moi-même à l’écran. Plus que l’action gratuite, j’aime surtout les comédies et les films à suspense. Si je devais avoir un modèle, ce serait sans doute Luc Besson. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir comme acteur préféré… Michel Serrault bien avant Jean Reno et, il y a longtemps, Jean-Paul Belmondo. |

N’avez-vous pas un penchant pour un autre genre ? Lequel ?
Plus que les films d’action, ce qui m’attire c’est surtout l’Humour ! Je suis allé à l’école de Coluche et, bien avant lui (quand j’étais "rat de Bibliothèque" au collège), j’étais surtout un disciple de Jacques Prévert (le jeu de mots ''hebdromadaire'' est de lui) pour l’écriture.
Vous arrive-t-il d’être à la fois réalisateur et acteur dans vos films ?
Je ne me suis jamais imaginé acteur. |
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La belle, la brute et le berger
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N’est-il pas difficile d’être à la fois producteur, réalisateur et acteur sur une production ?
Scénariste, réalisateur et producteur, c’est franchement éreintant !
Heureusement ma complice et compagne, Isabelle, m’épaule et m’accompagne comme productrice déléguée.
Le volet qui m’éclate le plus c’est l’écriture du scénario. J’adore écrire.
Quels problèmes rencontrez-vous pour le fonctionnement de votre société ?
Trouver de nouvelles sources de financement local pour sous-tendre notre dynamique de production. Le souci étant de raccourcir les délais afin de pouvoir produire deux films par an, sans perdre l’essentiel de son énergie à boucler le budget. C’est le volet le moins marrant. |

Pour vous, quelles sont les solutions pour y remédier ?
Convaincre les bailleurs de fonds du Nord d’être pragmatique et de soutenir ceux qui travaillent à faire vivre les salles de cinéma plutôt que de se perdre dans des incessants colloques qui réunissent des experts pour reformuler les sempiternelles recommandations.
Il faut agir sur le terrain et se soumettre à la sanction du grand public si l’on veut poser les jalons d’un début d’industrialisation du cinéma en Afrique. Au plan local, il faudrait d’avantage de sociétés dotées de budgets de communication conséquents, pour accompagner les initiatives cinématographiques en numériques destinées au grand écran.
Comptez-vous que vos films soient exportés à l’échelle continentale ? Et internationale ?
On essaye, mais sans accompagnement institutionnel, nos seules forces ne sauraient suffire à franchir nos frontières. |

Quels projets avez-vous pour votre société de production ?
A terme, posséder une salle de projections spécialisée dans le numérique haute définition.
Parallèlement, continuer de produire des films grand public et pouvoir les faire circuler en Afrique en priorité, sur grands écrans et hors festivals.
Puis sur supports DVD et VCD, avant de céder les droits aux télévisions.
Si une exploitation européenne devient possible, tant mieux. Mais ce n’est pas notre "fantasme".
Et pour vous ?
Je ne suis que le méhari qui entend conduire le Dromadaire vers ses objectifs de production.
Les Films du Dromadaire pourraient-ils s’élargir à d’autres domaines que cinématographique ? Si oui, lesquels ?
On a déjà assez de mal à garder la tête hors de l’eau... pardon, hors des sables mouvants du cinéma africain. |

Comment voyez-vous l’évolution des cinémas africains ?
Il y a de la place pour tous les genres et tous les supports, mais tant que le public africain ne sera pas au centre des préoccupations des producteurs et réalisateurs, on va continuer à parler en rond...
Pourquoi ?
Parce qu’il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va.
Un film qui ne sait pas à qui il s’adresse, ou qui se trompe de cible en privilégiant la grille de lecture du Nord au détriment de nos propres codes culturels, est voué à la...perfusion à vie.
Et le cinéma burkinabè ?
Pour l’heure, le cinéma burkinabè a des atouts, qu’il convient
cependant de consolider. Mais les enjeux sont les mêmes au Burkina, au Sénégal, en Tunisie, au Cameroun, et ailleurs dans l’espace francophone... |

D’après vous, comment les réalisateurs africains peuvent-ils toucher les publics du continent, quel que soit le pays ?
Les publics africains ont besoin de se reconnaître dans leurs cinémas, besoin de rire de leurs tares, besoin de dénoncer les entraves à leur épanouissement, besoin de sentir le cœur battre dans des histoires à suspense mais surtout sentimentales. Inutile de rappeler sans cesse qu’on est misérable et que l’avenir est bouché. Nos publics ont grand besoin d’émotions africaines. Ils ont besoin de croire que le Rêve Africain est possible !
Quel est leur avenir ?
Il n’y a d’avenir pour nos cinémas que si la question du public comme cible principale et la question de la circulation, de la visibilité de nos productions sur le continent ne seront pas résolues. |

Imaginez que dans chacune de nos capitales, une salle de cinéma ou deux (déjà existante) soient équipées en projecteurs numériques Haute définition. Un film grand public qui sortirait à Tunis ou à Ouagadougou, pourrait alors circuler facilement sur tout le continent et être rentabilisé.
La copie numérique d’un film ne coûte pas grand-chose et son transport est aisé. Un film africain, destiné au public, pourrait sortir simultanément dans dix capitales ou plus. Le cinéma africain commencerait à exister par lui-même. Pour l’instant, il est sous perfusion car tenu à bout de bras par les partenaires du Nord. Qu’arriverait-il si, demain, les robinets européens venaient à tarir...? |

Et le cinéma burkinabè ?
Pour l’heure, le cinéma burkinabè a des atouts, qu’il convient
cependant de consolider. Mais les enjeux sont les mêmes au Burkina, au Sénégal, en
Tunisie, au Cameroun, et ailleurs dans l’espace francophone…
D’après vous, comment les réalisateurs africains peuvent-ils toucher les publics du continent, quel que soit le pays ?
Les publics africains ont besoin de se reconnaître dans leurs cinémas, besoin de rire de leurs tares, besoin de dénoncer les entraves à leur épanouissement, besoin de sentir le cœur battre dans des histoires à suspense mais surtout sentimentales. Inutile de rappeler sans cesse qu’on est misérable et que l’avenir est bouché. Nos publics ont grand besoin d’émotions africaines. Ils ont besoin de croire que le Rêve Africain est possible !
Les films du dromadaire |

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