
« L’Humanité », « Libération » et plus récemment « Le Canard Enchaîné » (4/04) ont rapporté comment « Paris Match » entretenait les clichés via un de ces articles.
Dans son édition du 1er mars, le magazine avait publié un reportage photos qui avait pour sujet le quartier de la Forestière à Clichy Sous Bois, quartier qui on s’en souvient, avait été le point de départ des émeutes de 2005.
Une photo parmi celles qui illustraient le reportage a retenu l’attention. On y voyait quatre jeunes Noirs, assis dans un RER entourant une jeune femme plongée dans un livre. La légende de la photo disait : «Sur les portables, la musique - du rap - joue à fond. La passagère, pas rassurée, se plonge dans sa lecture et n'en sort pas.»
Ce que « Paris Match » omettait de dire à ses lecteurs c’est que la passagère en question et les jeunes Noirs dont elle était supposée avoir peur se connaissaient, que la photo avait été prise à l’insu de la jeune femme qui était en réalité une enseignante. Et certains des jeunes qui apparaissaient sur la photo étaient élèves dans le collège de Clichy Sous Bois où elle enseignait.
A la vue de la légende dans « Paris Match », la jeune femme a appelé le journal pour lui demander de publier un démenti, mais « Match » a joué au plus fin. Le service juridique lui a même dit de faire un procès si la légende ne lui convenait pas. La demande de rectificatif déposée par son avocat auprès du journal ne rencontre pas plus de succès. Lorsque « L’Humanité » du 23 mars s’empare de l’affaire, « Paris Match » décide de publier un rectificatif disant que la jeune femme n’avait pas peur et que la photo avait été prise à son insu.
Mais le rectificatif publié par l'hebdomadaire est tellement minuscule qu'il est invisible. La jeune femme a donc décidé d’attaquer « Paris Match » pour préjudice lié à son travail (certains de ses élèves lui ont demandé ironiques à la parution des photos « Madame vous avez peur des Noirs ? »).Le photographe qui a réalisé le reportage a validé les légendes de toutes les photos, sauf celle dont il est question qui lui aurait "échappé".
Il affirme ne pas avoir eu le temps de demander l’autorisation à la jeune femme en la prenant en photo. Il aurait demandé au journal de flouter la photo à la publication, ce qui n’a manifestement pas été fait, mais qui n'aurait rien changé quand au fond : l'info n'étant pas suffisamment croustillante, on en crée une croustillante de toute pièce. |