
Le Nigeria, pays le plus peuplé (140 millions d’habitants) et premier producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne (2,6 millions de barils par jour) se prépare à choisir son nouveau président de la république le 21 avril prochain (les présidentielles sont d’ailleurs couplées avec les législatives).
Le pays connaît une tradition de violences lors des élections comme l’ont encore montré les élections locales du week-end du 14 avril où 36 gouverneurs d’Etats devaient être élus. Au moins 21 personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées.
Qui plus est, de nombreuses anomalies du type « bourrage ou vol d’urnes, intimidations violentes dans des bureaux, bulletins de vote incomplets, sans noms ou photos de certains candidats, mineurs surpris en train de voter munis d’une carte d’électeur ...homme arrêté dans un bureau de vote d’Abuja en possession de 63 cartes d’électeurs » ;
Toujours est-il que 61,5 millions d’électeurs sont appelés à voter. Depuis l’indépendance en 1960, le Nigeria a connu de nombreuses dictatures militaires qui auraient pillé un montant cumulé de 384 milliards de dollars à l’économie du pays.
Au pouvoir depuis 1999, Obasanjo a essayé d’introduire une culture démocratique et d’impulser des réformes, de lutter contre la corruption. En 1979, il s’était illustré en étant le premier militaire africain à rendre le pouvoir aux civils. Malheureusement pour lui, sa fin de règne est cette fois ternie : en avril 2006, il a été au centre d’une controverse puisque certains de ses partisans ont « suggéré » une modification de la constitution pour lui permettre de briguer un troisième mandat. Une proposition qui a suscité une énorme levée de boucliers.
Atiku Abubakar, vice-président du Nigeria depuis 1999 et proche d’Obasanjo, s’est ainsi prononcé ouvertement contre une modification de la constitution, ce qui a provoqué une rupture brutale entre les deux hommes, Obasanjo essayant de tout faire pour empêcher Abubakar d’être candidat. Mais ce dernier pourra concourir samedi, sa candidature ayant été validée in-extrêmis par la cour suprême.
Obasanjo s’est donc rabattu sur un autre « dauphin » en la personne Umaru Yar'Adua, gouverneur de l’Etat de Katsina, un Etat musulman du Nord du Nigeria. Les détracteurs d’Obasanjo voient en Yar’Adua une « marionnette » à la santé fragile d’autant que ce dernier s’est récemment rendu à l’étranger pour se faire soigner et que la conversation entre Obasanjo venant aux nouvelles pour connaître l’état de santé de Yar’Adua avait été rendue publique.
Autre favori de cette présidentielle, le général Mohammadu Buhari, originaire du même Etat que le protégé d'Obasanjo, et candidat de l'ANPP (All Nigerian People Party). Auteur d'un coup d'Etat, le général avait dirigé le pays de la fin 1983 à 1985, avant d'être renversé par le général Ibrahim Babangida.
Si les élections au Sénégal, au Bénin, et celles à venir au Mali se sont déroulées ou devraient se dérouler sans grands incidents, celles à venir au Nigeria suscitent beaucoup plus de craintes en raison de la taille du pays, de son instabilité chronique. Reste qu’elles ne sont pas les moins importantes tant le poids du Nigeria sur la scène africaine est conséquent.
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