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L’événement fait un sacré buzz. Le film « Made In Jamaica », de Jérôme Laperrousaz, qui sortira en salle le 13 juin, narre la formidable odyssée du reggae, à travers la vie de plusieurs de ses chantres. En remontant le cours du reggae, on navigue, bien sûr, au cœur de l’histoire de l’île : esclavage, colonisation, développement de la violence, ghettoïsation, rôle de la musique, héritage de Marley, rastafarisme…
Comme des hirondelles annoncent le printemps, quatre formations sillonnent les routes pour dire la bonne nouvelle, en avant-première de la sortie du documentaire : Bunny Wailer (des mythiques Wailers qui accompagnèrent Bob), fil rouge de l’aventure « Made In Jamaica », Third World, Capleton et Mystic Revelation Of Rastafari. |
Le survivant |

Né à Kingston en 1947, Bunny Wailer a fréquenté Bob Marley dès l’école (les deux garçons se considéraient comme des frères). Avec Peter Tosh et Bob, il a formé le trio vocal The Wailers, qui a acquis une notoriété en Jamaïque dès 1963 (« One Love At Studio One », enregistré dans le célèbre Studio One). Par la suite, le groupe The Wailers accompagnera Bob à l’étranger et, avec lui, gravera des albums inoubliables sous la baguette de l’hallucinant producteur Lee [i ‘Scratch’ Perry (« Catch A Fire », « Burnin’ », « Natty Dread », « Rastaman Vibration »). Il y a toujours une immense émotion à voir en concert Bunny, unique survivant du trio initial. |

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Époustouflant |

Si Capleton, né en 1967, a été vigoureusement épinglé pour des propos dénoncés comme homophobes, il s’est défendu de tout racisme et de toute discrimination. Plusieurs de ses shows ayant été annulés, nul doute qu’il comblera fans et mélomanes impatients. On lui doit l’hymne contre la violence ‘Jah Jah City’ et le non moins fameux ‘Good In Her Clothes’, qui exhorte à respecter les femmes. On ne peut contester à Capleton sa diffusion, aux quatre coins du monde, d’un ‘conscious dancehall’. Afrocentriste, il récuse le modèle occidental et la suprématie de celui-ci. Il appartient à la David’s House, qui rassemble des Bobo Dreads comme lui. Sur scène, il a une présence époustouflante, arbore des costumes extravagants et déverse un flow fougueux, qui emporte tout sur son chemin. |
Enracinement et altérité |

Avec Third World, changement d’ambiance. Fondé en 1973, le groupe se distingue par l’originalité de ses arrangements et sa judicieuse intégration d’influences comme le funk, le disco... Ce n’est pas un hasard si Stevie Wonder a succombé à la magie et a opéré une rencontre. L’un des membres fondateurs, Stephen ‘Cat’ Coore, issu d’une famille de musiciens, excelle à la guitare et au violoncelle. Par ce dernier, il apporte des atmosphères singulières, puisant volontiers dans la veine mélancolique de l’instrument. Avec ‘96 Degrees In The Shade’, qui a squatté les charts, Third World a rendu justice à l’esclave Paul Boggle, qui lutta contre les colons britanniques et périt par pendaison. En 2006, le disque « Black Gold & Green » confirme le désir de métissage musical. Le reggae se mâtine de R’n B et de pop, se déchaîne le temps d’un dancehall bien balancé, s’apaise dans l’oasis d’une ballade. C’est exactement la posture de Third World : enraciné dans ses valeurs, mais résolument ouvert à l’altérité. |
Irradiants gardiens de la flamme |

Enfin, la quatrième formation de la saga « Made In Jamaica », Mystic Revelation Of Rastafari, essentiellement constituée de sexagénaires et septuagénaires, impressionne dès son arrivée sur le plateau. Une dizaine d’hommes et de barbes fleuries avancent en procession. Incantations rastas, crépitement des cannes des anciens sur le plancher, flûte embrassant le ciel, tout participe au rituel. Un énorme tambour enracine la musique - d’une beauté émouvante - dans la terre mère Afrique. Trente ans après la mort de l’emblématique fondateur Count Ossie, l’ultime volume de la trilogie du groupe, « Inward I « (2006), complète les pierres angulaires « Grounation » (1972) et « Tales Of Mozambique » (1975). En introduction de la première plage ([i ‘Moral Majesty’), la voix légèrement éraillée de Sam Clayton s’unit aux chants des oiseaux : une majesté épurée, bouleversante. Count Ossie Junior, fils du fondateur, a signé les arrangements. Cuivres, orgue, guitare, basse et tambours traditionnels forgent un reggae de syncrétisme, avec jazz, rythmes africains, gospel… Et, la percussion nyabhingi bat sa pulsation cardiaque, envoûtante. Le « groupe civique et culturel » - selon ses propres mots, d’ailleurs justes - offre, en exergue, un extrait de lettre que le prisonnier Nelson Mandela, en 1986, a adressée à Botha. Mystic Revelation Of Rastafari poursuit la mission qu’il s’est fixée sur le plan de la pédagogie et de l’éveil de la conscience. Irradiant gardien de la flamme. |
Informations pratiques : |

Made In Jamaica Tour, jusqu’au 3 mai :
le 21 avril, 19h15, Zénith de Paris (33 euros) ; le 22, Bruxelles ; le 23, Tel Aviv ; le 25, Marseille ; le 26, Nice ; le 27, Zurich ; le 28, Strasbourg ; le 29, Lille ; le 30 avril, Cologne ; le 2 mai, Berlin ; le 3 mai, Amsterdam.
www.madeinjamaicamovie.com
Film « Made In Jamaica »:
En salles le 13 juin 2007 (2006 / USA/France / 35mm / Dolby SRD / 1h50 / couleurs) |
À écouter : |

La BO du film, « Made In Jamaica », à paraître le 17 mai chez Harmonia Mundi.
De Mystic Revelation Of Rastafari, CD « Inward I « (Sound Of World/Harmonia Mundi).
De Third World, CD « Black Gold & Green » (I-Sound/Nocturne).
Compilation double CD « The Kings Of Reggae « (BBE Records/PIAS), avec The Abbyssinians, Dennis Brown, Aswad, Burning Spear, Marcia Griffiths, John Holt...
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