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L’homme africain et l’histoire : réponse d’un jeune africain à Henri Guaino
20/08/2008
 

Thierry Téné revient sur le discours de Dakar et le point de vue développé par Henri Guaino, conseiller spécial du président Sarkozy dans le journal ''Le Monde'' du 26 juillet dernier
 
Par Thierry Téné
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© jdd.fr  

L’objectif du point de vue du conseiller spécial du Président de la République Française, dans Le Monde du 26 juillet 2008 est non seulement de confirmer que l’homme africain n’est pas entré dans l’histoire mais aussi de démontrer que toute l’Afrique n’a pas rejeté le discours de Dakar. A défaut de corroborer la parole présidentielle, l’article contient toutes les contradictions du texte lu à Dakar et pose un certain nombre de questions.

On trouve dans le texte une volonté de glorifier la colonisation : "il y avait aussi des hommes de bonne volonté (...) qui ont construit des ponts, des routes, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles (...)". Ces infrastructures étaient-elles destinées aux africains ou répondaient-elles aux besoins du colonisateur ? Je m’interroge toujours sur la réelle motivation des occidentaux qui voudraient, avec habilité et subtilité, faire passer les crimes de leurs aïeux pour des avancées. Pourquoi défendre la cause tibétaine puisque que les chinois y développent également des infrastructures ? N’y a-t-il pas là un rôle positif de la colonisation même si le Tibet fait partie de la Chine ?

Un an après le discours de Dakar, il était préférable que la plume du Président Français amende la partie qui a créé la polémique dans un souci d’apaisement. Mais je ne me fais pas trop d’illusion car je vois mal le défenseur d’une France de la non repentance avouer qu’il s’est trompé. D’ailleurs pourquoi seule l’histoire de la France en relation avec l’Afrique est abordée sous l’angle de la repentance ?

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L’auteur semble s’étonner du côté raciste du discours de Dakar. « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès. Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable ou tout semble être écrit d’avance. Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin.»

Oui Monsieur le conseiller, ce paragraphe est raciste. D’autant plus raciste que dans votre article vous le confortez : « A propos du paysan africain, le discours parle d'imaginaire, non de faits historiques. Il ne s'agissait pas de désigner une classe sociale, mais un archétype qui imprègne encore la mentalité des fils et des petits-fils de paysans qui habitent aujourd'hui dans les villes. ». C’est archi faux et relève simplement de l’idéologie. Pour avoir des preuves, visitez les universités occidentales et africaines, vous remarquerez que de nombreux fils de paysans africains font des études supérieures. A défaut de pouvoir avoir accès à cet idéal, nos parents et grands-parents ont travaillé et continuent à le faire parfois dans des conditions difficiles pour que nous ayons un destin meilleur.

 
© 7sur7.be  

Mais Monsieur le conseiller au-delà de la polémique, quelles études scientifiques peuvent attester vos propos. Avez-vous réalisé une enquête et analyse auprès des populations africaines ? Combien de paysans et leurs petits-fils avez-vous déjà rencontré ?

Contrairement à votre affirmation, ne pas être noir et critiquer l’Afrique est non seulement courant mais est devenu un sport international auxquels médias, intellectuels et politiques se livrent constamment au point de ne pas observer les avancées du continent. La grande différence c’est qu’ils parlent du développement de l’Afrique et non de son positionnement historique par rapport au reste du monde. En référence à l’histoire vous reconnaissez que « L'Afrique est le berceau de l'humanité, et nul n'a oublié ni l'Egypte ni les empires du Ghana et du Mali, ni le royaume du Bénin, ni l'Ethiopie. ». Donc acte. Pourquoi une telle obsession ? : « L'homme africain est entré dans l'histoire et dans le monde, mais pas assez. Pourquoi le nier ? » Quels sont les critères et les indicateurs qui définissent l’entrée ou non d’un peuple dans l’histoire ? Quelle institution nationale ou internationale valide ce rôle historique?


Vous citez entre autre l’historien français Braudel pour appuyer vos arguments « Mais les grands Etats furent l'exception, dit Braudel, qui ajoute : "L'Afrique noire s'est ouverte mal et tardivement sur le monde extérieur." Raciste, Braudel ? » A moins que ce ne soit tiré par les cheveux, comment est il possible d’aller chercher dans la phrase de Braudel un rapprochement avec le paragraphe du discours de Dakar cité plus haut ? De fait l’ouverture au monde ne conditionne pas une entrée quelconque dans l’histoire. N’y a-t-il pas quelques années et même encore aujourd’hui, on reprochait à la Chine de ne pas être assez ouverte ? Est-ce qu’il s’agissait de la remise en cause de l’énorme contribution de la civilisation chinoise à l’humanité ?

Pour le cas spécifique de l’Afrique la critique de Braudel bien qu’intéressante reste à discuter. En effet, puisqu’il est acquis que Grecs et Romains ont été formés à l’école Egyptienne et donc africaine, on peut légitimement s’interroger sur le caractère « tardif » de l’ouverture des africains au monde. Par contre qu’il existe en Afrique comme ailleurs des populations qui ne se sont pas en phase avec la civilisation moderne cela ne fait aucun doute. Peut-on pour autant prendre le risque de conclure qu’il s’agisse des peuples n’étant pas assez entré dans l’histoire ? Vous souhaitez discuter avec l’Afrique et particulièrement sa jeunesse. Nous vous proposons de définir le degré d’entrée de la France dans l’histoire afin de disposer d’une base de travail pour un échange sans tabous mais aussi sans détours sur les relations franco-africaines (de l’esclavage à nos jours).

 
 

Sur les 10 pages du discours de Dakar, à l’exception du passage sur l’homme africain et l’histoire, la majeure partie du discours possédait des éléments d’une nouvelle conception des relations françafricaines. Chercher à justifier l’injustifiable aujourd’hui, donne raison à une partie de l’opinion africaine, très critique par rapport aux relations entre la France et le continent noir. D’ailleurs, le fait que le discours du Cap en Afrique du Sud ait été confié à la cellule africaine de l’Elysée et du quai d’Orsay prouve que le Président de la République estime qu’il y a une ou des erreurs commises au Sénégal. J’imagine mal le président de la République Française courir le risque politique de créer une nouvelle polémique d’une telle ampleur avec le continent noir.

Si le débat sur l’histoire africaine est si intéressant pour le sommet de l’Etat Français, nous proposons de mobiliser cette énergie pour expliquer aux Français originaires d’Afrique leur histoire et les relations de l’Etat avec le continent de leurs parents et/ou grands-parents. Il y a une là une véritable attente. Pourquoi aller chercher à des kilomètres des sujets d’histoire qui existent sur place ? Le fait que l’ascension du sénateur OBAMA soit un exemple pour de nombreux jeunes français qui ont du mal à s’identifier à leur propre pays prouvent l’urgence à agir.


Que l’Afrique ait des difficultés parfois causées par les africains eux-mêmes, nous en sommes conscients. Que la jeunesse africaine soit celle qui sera en première ligne pour le développement du continent ne fait aucun doute et nous n’attendons pas le « bien pensant conseiller» pour nous montrer la voie. Mais que personne ne s’y ne trompe, le jour où l’Afrique entrera dans l’Histoire (si l’entrée dans l’histoire est fonction du degré de développement) ses relations avec chaque pays seront revues.

Quel a été le rôle de l’esclavage dans l’enrichissement de l’Occident ? Quel a été l’apport de la colonisation (ressources humaines et minières) dans les Trente Glorieuses ? Génocide au Rwanda, Guerre au Tchad, en Côte d’Ivoire et ailleurs en Afrique, quel rôle ont joué ou jouent réellement les pays développés ? Quel est le contenu du pacte colonial? Quelle est la nature des relations entre l’Occident et certains dirigeants africains ? Tous ces évènements ont-ils des conséquences sur l’entrée de l’Afrique dans l’histoire ? Nous, fils et petits-fils de paysans africains, souhaitons connaître la vérité.

Les Japonais ont pendant longtemps glorifié leur passé colonial en Chine. Mais depuis que cette dernière est devenue une puissance économique, les premiers commencent à moins exposer leur passé de colonisateurs. Les débats actuels entre l’Afrique, la France et le reste du monde auront sûrement une autre connotation dans quelques décennies.


D’ailleurs à en croire un article du Monde du 27/04/08, après ce fameux discours de Dakar, le quai d’Orsay a procédé à une évaluation de la situation sur le terrain et la synthèse des propos des diplomates rapportée par le quotidien est claire : « Comme deux vieilles connaissances fatiguées l'une de l'autre, l'Afrique et la France ne se comprennent plus. Non seulement Paris perd pied sur le continent noir, mais son image se dégrade. Objet de débat depuis quelques années, cette réalité est désormais officiellement reconnue et préoccupe le sommet de l'Etat. Multiforme, le constat est dressé dans un ensemble de télégrammes rédigés à la demande du Quai d'Orsay à l'automne 2007 par 42 ambassadeurs en poste en Afrique...» A méditer...



Thierry Téné, Africain de 29 ans, consultant en développement durable

       
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