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Jean-Claude Beaujour, avocat d'affaires, associé gérant chez Hobson
23/10/2007
 

Grioo.com a rencontré Jean-Claude Beaujour, avocat d'affaires et co-gérant du cabinet Hobson, passé par la Sorbonne, langues Ô, UCL, et la Harvard Law School. Egalement maître de conférence à l'ENA et administrateur de l'IPBA, il est un avocat qui compte sur la place de Paris
 
Par Paul Yange
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Jean-Claude Beaujour  
Jean-Claude Beaujour
 

Bonjour Jean-Claude Beaujour. Vous êtes avocat, associé gérant au cabinet Hobson. Qu’est ce qui vous a attiré vers le droit ?

Je suis issu d’une famille de juristes, mais lorsque j’ai passé mon bac à Paris, je me destinais initialement à la diplomatie, et quand j’ai commencé mes études de droit, j’ai fait à la fois des études de droit et de chinois à l’école des langues orientales de Paris. J’avais pour intention de passer le concours du quai d’Orsay, de devenir fonctionnaire et diplomate. J’ai poursuivi mes études de droit, et de chinois et à un moment j’ai fait une très belle rencontre puisque lorsque j’étais étudiant, j’ai rencontré Gaston Monnerville.

Lorsque j’ai été près de la fin de mon cursus, en première année de doctorat, Gaston Monnerville s’inquiétant de ce que je voulais faire par la suite m’a fait savoir qu’il y avait la possibilité de m’aider à obtenir un poste au ministère de la coopération afin que je sois détaché à la cour suprême de Côte d’Ivoire. C’est ainsi qu’en janvier 89 à l’âge de 25 ans, moi qui suis d’origine antillaise, je suis parti pour la première fois sur le continent africain.

Il est arrivé qu'on m'explique qu'on était surpris de me voir car on ne s'attendait pas à ce que je sois de "telle couleur"
Jean-Claude Beaujour


La proposition m’intéressait d’autant plus que je connaissais les Etats-Unis où j’avais séjourné, la Chine populaire où j’avais passé un semestre en 85-86 à l’université de Shangai en faisant ma troisième année de langues ô, mais pas le continent africain. Je suis resté deux ans en Côte d’Ivoire et je me suis intéressé aux questions plus judiciaires puisqu’à la cour suprême de Côte d’Ivoire je travaillais sur des dossiers contentieux de droit privé et de droit public. Par la suite j’ai fait ma thèse de doctorat à l’université Paris I et je suis retourné à mes premières amours puisque ma thèse portait sur le droit des investissements étrangers au Japon (j’ai aussi étudié le japonais).

J’ai poursuivi une double carrière, universitaire d’abord et au barreau de Paris. J’ai d’abord exercé dans un autre cabinet parisien, avant d’être ici où je suis avocat associé en charge essentiellement de tous les dossiers internationaux. Pour parfaire mon parcours académique j’ai également étudié dans des facultés britanniques et américaines.

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A quel moment avez-vous étudié dans ces facultés anglo-saxonnes et pour quelles raisons ?

C’est très simple. Alors que je séjournais aux Etats-Unis, en Louisiane, pour quelques mois en compagnie de ma femme et ma fille, j’expliquais à un de mes professeurs que je souhaitais être juriste international (nous étions vers 93-94) et ce dernier m’a dit, "si vous souhaitez être juriste international, il vous faut absolument avoir un diplôme anglo-américain". C’était un excellent complément à ma formation initiale d’autant que le système anglo-saxon était utilisé en Angleterre, aux Etats-Unis, en Inde, et dans des pays anglophones africains...

Etudier le droit dans les universités anglo-saxonnes fut difficile, mais au final ce fut une expérience concluante sur tous les plans
Jean-Claude Beaujour


C’est ainsi que pendant deux ans de 94 à 96, je suis allé dans des universités anglo-saxonnes, d’abord à UCL en Angleterre, puis à la Harvard Law School où je me suis spécialisé en contentieux international et gestion des conflits. J’ai travaillé avec beaucoup d’acharnement car il n’était pas du tout facile au départ quand on est francophone, parlant une langue différente, venant d’un système juridique complètement différent de s’immerger complètement dans une langue , et un système juridique anglo-saxon qui a un autre mode de fonctionnement. C’était extrêmement difficile au point que comme on dit "j’en ai bavé". Il est vrai que j’ai réussi à franchir les étapes, mais surtout cette expérience m’a ouvert culturellement, intellectuellement, et sur le plan business. Je suis capable de plaider en anglais. Ce fut une activité passionnante, difficile, mais au final extrêmement concluante.

Jean-Claude Beaujour en compagnie de Xavier Darcos, ministre de l'éducation  
Jean-Claude Beaujour en compagnie de Xavier Darcos, ministre de l'éducation
© jcb
 

A la suite de ce séjour anglo-saxon, vous revenez en France...

Après mon expérience anglo-saxonne qui s’achève en 97, je rentre à Paris un peu à mi-temps. Je fais une autre rencontre, en 98, celle de Maurice Gourdault-Montagne qui part en 98 comme ambassadeur de France au Japon. Il avait été précédemment directeur de cabinet d’Alain Juppé à l’hôtel Matignon, puis conseiller diplomatique du président Chirac à l’Elysée. C’est un ancien de Langues Ô comme moi...

Nous avion un ami commun, son frère avocat au barreau de Paris. J’étais un expert débutant sur les questions extrêmes orientales…Lui venait d’être nommé ambassadeur de France au Japon et a il trouvé normal d’aider un jeune français à démarrer. C’est un homme formidable qui m’a vraiment mis le pied à l’étrier. Sans ce gros coup de pouce, les choses ne seraient pas faites de la même manière ou aussi rapidement.

J'ai fait des rencontres importantes qui m'ont mis le pied à l'étrier
Jean-Claude Beaujour


A partir de 1997, les choses sont allées très vite, je vivais la moitié de l’année au Japon et de 97 à 2002, entre Paris et Tokyo. L’accélération est liée au fait que j’avais un bon background à la base, j’avais beaucoup voyagé, je suis relativement ouvert, volontaire...pour me lancer à l’assaut d’un continent comme l’Asie, ce qui n’est pas toujours facile quand on a une culture occidentale. Mais depuis l’âge de 17 ans, je baigne dans la culture asiatique dans laquelle je me sens bien, sans renier la part française et antillaise qui est en moi.

Je suis aujourd’hui membre de la chambre de commerce française au Japon, administrateur de la plus grosse organisation d’avocats d’affaires en Asie, l’Inter Pacific Bar Association (IPBA), dont je suis le représentant français.


Quelles sont vos activités à cette époque là ?

A cette époque là, et c’est encore le cas maintenant même si je passe un peu moins de temps au Japon, nous travaillons sur deux types de dossiers : soit des clients français qui s’implantent à l’étranger, notamment au Japon, en Chine, à Singapour, aux Etats-Unis...ou des sociétés qui s’implantent en France et que nous aiguillons.

Nos activités vont de la négociation de contrat, des contrats de transfert de technologie, de transports de marchandises par voie aérienne ou maritime, à la gestion de contentieux, l'arbitrage et la procédure judiciaire. Mes activités n’ont pas changé sauf que je passe un peu moins de temps à l’étranger.

Pouvez-vous citer quelques uns de vos clients ?Quels types de clients avez-vous ?

La confidentialité impose que nous ne révélions pas les noms de nos clients, mais ça va de grands laboratoires pharmaceutiques, en passant par des transporteurs, des industriels de l’industrie chimique, lourde, des équipementiers...

Vous êtes associé et co-gérant de Hobson, comment est ce que vous y êtes arrivé ?

J’ai été collaborateur dans un autre cabinet, puis j'ai grimpé les échelons. Parceque j’avais une activité très intense à la fois dans l’expertise juridique, sur mes interventions en public...j’ai été repéré par des gens qui m’ont proposé de devenir associé, aujourd’hui associé gérant du cabinet. Je reçois de temps en temps des offres car j’ai développé une expertise très poussée à l’international, je suis très impliqué dans la vie professionnelle. Je me suis constitué un réseau de relations au fil des années qui me permet d’avoir des clients.

Avec Leon Bertrand  
Avec Leon Bertrand
© jcb
 

En ce moment on parle beaucoup de l’Asie, avec votre spécialisation, on peut se dire que vous êtes bien positionné...

Nous sommes quelques uns, et nous nous connaissons sur la place de Paris. Comme je vous l’ai dit, je suis administrateur français de l’IPBA et donc à ce titre j’ai eu l’occasion d’accompagner en 2004 le garde des sceaux de l’époque Dominique Perben lors de son voyage officiel en Chine à la suite du président de la république. J’ai eu l’occasion d’accompagner le président Canivet au Japon en 2005 ou 2006. J’ai une position institutionnelle qui me rend un peu plus visible. Les réunions de l’IPBA se tiennent quasi exclusivement en Asie, même si à Paris j’organise un certain nombre de débats. J’ai reçu Erik Izraelewicz, patron du journal "Les Echos" il y a environ un an.

Je reçois un certain nombre de personnalités nationales au plus haut niveau qui ont une compétence sur l’Asie. Dans les instances, et au barreau de Paris je suis un peu connu comme un "monsieur Asie". Les confrères qui travaillent sur l’Asie et moi-même nous nous connaissons.

Vous êtes aussi maître de conférence à l’ENA...

Oui. J’ai été sollicité par un professeur que j’avais eu à l’université de Harvard, qui sachant qu’un poste était ouvert en contentieux et gestion des conflits m’avait mis en relation avec le professeur Alain Lempereur qui gère ces matières. J’ai été sélectionné sur dossier, j’avais un certain nombre de publications (je publie énormément d’articles juridiques, de recherches, travaux, j’organise des séminaires de recherche approfondie). J’ai été sélectionné en 2001 et je continue à travailler avec le professeur Alain Lempereur.



Au vu de ce parcours, on pourrait penser que vous n’avez jamais connu de problèmes liés au fait que vous soyez noir...

Ce serait mentir de dire que je n’ai jamais connu de problèmes. Le fait est qu’on ne s’arrête pas de vivre parcequ’on est confronté à ce type de problèmes. Oui bien sur qu’il m’est arrivé d’en rencontrer.

Très jeune, j’ai vécu dans une famille italo-irlandaise au début des années 80 dans la banlieue de New-York à l’époque où j’étais étudiant. J’ai appris à comprendre l’autre, à comprendre qu’il me rejette pas forcément parcequ’il ne m’aime pas, mais parcequ’il ne me connaît pas, et peut être parceque certaines de ses réactions peuvent être différentes des miennes. Par ailleurs, je préfère retenir les bons moments, les belles aventures que j’ai passés plutôt que de m’attarder sur les comportements discriminants.

Dans quel contexte se sont passées ces discriminations ?

On m’a déjà expliqué qu’on était surpris de me voir car on ne s’attendait pas à ce que je sois de "telle couleur", on m’a déjà expliqué après une sélection lancée via la presse nationale avec 400 postulants au départ, quand il ne restait plus que deux candidats en course, que c’est l’autre candidat qui avait été choisi parcequ’il parlait une langue qui n’avait jamais été un critère de sélection initialement, mais qui l'était devenue comme par hasard à la fin.

On m’a aussi dit une fois qu’un recrutement était terminé, mais la secrétaire s’est trompée et croyant appeler un autre candidat, m’a appelé en disant de présenter ma candidature ! C’était le plus beau cas de discrimination...car le recrutement n’était évidemment pas terminé. Quand j’ai face à moi des gens qui se comportent de façon imbécile, je me sens blessé. Par contre lorsqu’il m’est donné la possibilité de faire sanctionner ce type de comportements illicites, je n’hésite pas. Et c’est pour cela qu’à côté de mon métier d’avocat d’affaires, je me suis engagé dans un certain nombre de combats, notamment contre toutes les formes de discriminations, couleur de la peau, religion, orientation sexuelle, handicap...

 
© jcb  

Je suis un avocat engagé, "a social activist" comme le disent mes amis américains. Mais je n’ai pas envie de m’arrêter à ces discriminations, je préfère me souvenir de tout ce temps, ces années que j’ai passées dans cette famille italo-irlandaise de la banlieue de New-York, dans laquelle j’ai vécu aux Etats-Unis, qui m’avait organisé royalement mes 20 ans en faisant venir tous leurs amis qui étaient blancs, je préfère me souvenir de ces tsiganes qui au fond de la Norvège, qui nous avaient donné quelques sandwiches pour faire la route car il n’y avait aucun commerce d’ouvert là où nous nous trouvions.

Je préfère me souvenir de ce Monsieur qui dans le fond du Mississipi avait fait plus de 20 km en voiture pour nous remettre sur la bonne route parceque ma femme et moi nous nous étions perdus dans la campagne du Mississipi. Je préfère me souvenir de mon fils qui va pêcher dans la campagne japonaise avec ses petits camarades japonais, je préfère me souvenir de ces moments passés aux Antilles où enfin on ne fait pas de distinction entre un Noir, un Blanc et un Indien. Je préfère me souvenir de mon superbe séjour de deux ans en Côte d’Ivoire, à Djibouti, au Cameroun, et dans bien d’autres pays...

J’assume par exemple le fait d’être complètement antillais avec la part culturelle que ça comporte, j’assume le fait d’être différent de l’africain, tout comme un américain est différent d’un européen, même s’il peut y avoir des racines communes, et j’assume notre amitié, et les points de convergence qu’il peut y avoir entre nous sur le plan ethnique, culturel, sur le plan historique etc


Vous êtes aussi engagé en politique, et vous avez été candidat UMP aux dernières législatives, auriez vous pu être dans une circonscription plus facilement gagnable que celle dans laquelle vous avez été ?

Est-ce que j’aurais souhaité être dans une circonscription plus gagnable ? La réponse est oui. J’ai été placé dans la circonscription la plus à gauche de France (68 % pour Ségolène Royal). La candidate socialiste a perdu 9 points entre son score de 2002 et de 2007, et ne l’a pas emporté au premier tour comme on aurait pu le penser.

Pour moi c’est faux de dire que l’électorat pourrait être « gêné » par des candidats issus de la diversité. C’était une circonscription difficile, mais le plus important c’était de montrer que les choses pouvaient se faire, que même dans l’adversité nous pouvions avoir un bon résultat. Politiquement je suis allé au charbon. En démocratie ce sont les urnes qui donnent une légitimité. J’aurais pu avoir une circonscription plus facile si les instances de mon parti l’avaient voulu.

Il est faux de dire que les électeurs sont gênés par des candidats issus de la diversité
Jean-Claude Beaujour


Il faut une volonté au plus haut niveau pour que le mouvement de la diversité se mette en place, ne reste pas qu’un slogan politique, mais une réalité même si je considère que c’est un mouvement irréversible. Tous les partis ont présenté des candidats issus de la diversité dans des circonscriptions, certes non gagnables pour l’instant.

 
© legallingua.com  

L’électorat m’a reconnu comme l’un des siens, sur le terrain j’ai reçu un formidable accueil. Les électeurs n’ont pas de mal à reconnaître les candidats "issus de la diversité" comme les candidats de l’ensemble. Les gens me voient comme quelqu’un qui représente les intérêts de l’arrondissement. (11è)

C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai fait savoir à Françoise de Panafieu que je souhaitais conduire la liste du 11ème arrondissement de Paris aux élections municipales. Les instances de l’UMP ont dit vouloir incorporer de nouveaux talents, amener de la diversité, de l'expérience, du rajeunissement, un certain renouvelement...Je pense que je corresponds à ce profil. Des gens avec mon expérience universitaire et professionnelle ont quand même quelque chose à apporter à la capitale, Paris.

Il est important que la diversité ne soit pas un simple slogan, on ne peut pas jouer sur ces choses là. La diversité doit consister à envoyer un message politique fort à des populations pour montrer qu’on comprend ce qu’elles vivent. La diversité n’est d'ailleurs pas seulement une question de couleur de peau. Le fait d’avoir vécu en Afrique, travaillé avec des pays en développement, être originaire des Antilles, travaillé avec l'Asie...fait que j’ai avec moi un capital historique pour des populations qui ne se retrouvent pas dans l’offre qui est exprimée. Ce capital permet d’appréhender des questions comme celles des migrations, du co-développement...


Comment articulez vous votre métier d’avocat avec vos différentes activités associatives et politiques ? Une journée n’a jamais que 24 heures...

Cela fait des années que j’ai supprimé les bons moments de la vie, je l’assume. Dans ces cas là, on n’a plus de moment de relâche. On apprend à aller à l’essentiel, à ne pas perdre son temps. Les journées commencent en général pour moi à 5 heures du matin et se terminent à minuit, je travaille aussi le samedi, le dimanche avec de rares moments de pause strictement en famille ou avec les amis les plus intimes. Je reste attaché à ma vie de famille (j’ai trois enfants 16 ans, 13 ans, 6 ans). Traditionnellement je prends une semaine de vacances à l’occasion des fêtes de fin d’année, et pendant l’été trois bonnes semaines de vacances.

Pour réussir, il faut d'abord une capacité de travail et le goût de l'effort, des qualités qui n'ont rien à voir avec la couleur, assumer son identité, et cultiver son réseau
Jean-Claude Beaujour


Si vous aviez un conseil à donner à un jeune issu des minorités qui veut faire votre métier, que lui diriez-vous ?

Il faut d’abord des qualités qui n’ont rien à voir avec la couleur de la peau : une capacité de travail, le goût de l’effort. Avec ces deux qualités personnelles, vous allez très loin. Quelque soit sa couleur de peau, si on n’a pas le goût de l’effort, on ne peut pas avancer. Il y a un également le facteur psychologique, qui consiste à être fier de ce que l’on est. L’aspect psychologique est fondamental. Si je rate un dossier, je ne me dis pas que c’est parceque mon adversaire était blanc, parceque je suis Noir etc

Je me dis « qu’ai-je fais pour n’avoir pas réussi ? » Je dis cela car il faut assumer le fait qu’on soit issu d’une minorité, mais pas ce que soit un prétexte pour que cela nous freine. Car très souvent il y a de l’autocensure.

Il se trouve que je suis antillais, je n’en tire ni gloire, ni honte, c’est un état de fait. Mais cela signifie que vous appréciez l’autre comme il est, et qu’on vous apprécie tel que vous êtes. J’ai vu des gens qui même avec des formations universitaires au plus haut niveau, polytechniciens par exemple, ne donnaient pas le meilleur d’eux-mêmes, parcequ’ils n’avaient pas digéré cette part d’histoire en eux.

Il faut le meilleur parcours académique possible ou le meilleur parcours professionnel possible, et j’insiste la dessus, il n’y a pas que les études intellectuelles, académiques, il peut y avoir apprentissage. Un très bon cuisinier ou un excellent pâtissier peuvent valoir de l’or. Ne tombons pas dans le piège qui consiste à vouloir faire de tous nos enfants des polytechniciens ou des énarques.

 
 

Evidemment, on ne réussit pas tout seul. Il faut aussi faire des rencontres, et c’est une chose qui est peu cultivée en France, et dans nos communautés c’est encore pire. Nous avons en France une éducation qui est individualiste. Je faisais remarquer récemment à des amis qu’en France, un professeur qui donne une note à un groupe de travail ne considèrera jamais la note comme une note à part entière. Parcequ’on considère qu’un travail en groupe n’est pas un travail dans le système français. Dans le système anglo-américain, les gens ont plus l’habitude du travail en équipe.

Dans notre éducation, on pense qu’une fois qu’on a un diplôme la vie est faite, et les choses se règlent d’elle-même. Ma réponse est non. Je dis très souvent à des jeunes confrères qui viennent me voir, qu’il leur faut appartenir à un groupe, à un réseau, qui leur permettra d’évoluer. On ne vit pas tout seul car le groupe doit vous aider. Je fais partie de plusieurs réseaux regroupant des anciens d’universités aussi bien anglaises qu’américaines qui me sollicitent pour un certain nombre de choses. Récemment j’ai été sollicité pour donner une conférence à l’université de Columbia. Nous sommes également sollicités financièrement etc

Dans le monde anglo-saxon, on cultive le réseau. En France, mes anciens copains de facs, je ne sais qu’ils existent que par hasard, il n’y aucun lien entre nous. Au palais de justice vous avez des centaines d’association qui vont des avocats pénalistes aux internationalistes, en passant par les amateurs de chocolat, les amateurs de Tintin etc Ce sont des réseaux comme d’autre. Je suis administrateur de l’association des Docteurs en Droit qui est présidée par le président Mazeaud, auparavant il y avait Corinne Lepage. Ce sont des situations qui vous permettent de rencontrer des gens. Il ne faut pas être trop introverti car ça peut être un handicap...


On dit souvent que dans une carrière, il y a trois éléments : 33 % le diplôme, 33% la capacité personnelle, 33% le chef et son environnement. J’ai fait la rencontre d’un certain nombre de gens, Gaston Monnerville, Maurice Gourdault-Montagne, Jacques Toubon...Ce sont des gens qui effectivement à un moment donné ont compté. A l’étranger, il y a d’autres personnes qui m’ont aidé, qui ne sont pas forcément connues du grand public, mais qui peuvent être très efficaces.

Je voudrais aussi dire que je ne me suis jamais trop attaché à l’apparence et au matériel. Avoir une grosse voiture par exemple ne m’intéresse pas. Par contre, j’ai toujours mis la main à la poche lorsqu’il fallait investir dans tout ce qui concernait le domaine professionnel, les études, la formation, les séminaires, des séjours à l’étranger...Ce furent des investissements parfois très lourds financièrement, mais qui se sont révélés payants. Il se trouve que j'ai une bonne position aujourd'hui, mais elle n'est pas due au hasard.


Le site du cabinet Hobson hobsonavocats.com




       
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