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Antoine Garnier, journaliste-écrivain au coeur du hip-hop
12/09/2004
 

Rencontre cette semaine avec un antillais de 39 ans, journaliste de presse écrite puis de radio/télévision et aujourd'hui écrivain
 
Par Hervé Mbouguen
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Antillais de 39 ans, Antoine Garnier, même s'il réfute la comparaison pourrait être appelé le "Olivier Cachin noir", du nom de ce journaliste dont le visage est synonyme de hip-hop à la télévision tant il se sera montré l'un des pionniers de cet art musical en France.
Il connait bien la culture américaine pour y avoir vécu et travaillé pendant 10 ans, comme correspondant de journaux français, tout en travaillant avec des artistes comme MC Solaar dont il traduisait notamment certaines chansons en anglais. Il a également travaillé avec des artistes de tout premier plan comme Dr Dre ou Puff Daddy.
Revenu à Paris, il devient le rédacteur en chef qui professionnalisera Radikal l'un des principaux titres de la presse spécialisée hip-hop française, avant de réaliser la première émission consacrée au rap sur une radio française, et diverses émissions pour La 5, 13è Rue et même RFO.
Rencontré peu après la sortie, en deux tomes, de "Souffle, au cœur de la génération hip hop entre New York et Paris - 1986/2003", l'histoire du mouvement hip-hop telle qu'il l'a vécue, où musique et société se croisent, trahissant son background de sociologue, ce militant passionné de culture noire et qu'on retrouvera souvent dans les manifestations parisiennes, même si ce volet n'est pas abordé ici, Antoine Garnier a accepté de répondre aux questions de la rédaction.

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Antoine Garnier  
Antoine Garnier
 

Pouvez-vous vous présenter aux grioonautes?

Bonjour, je m’appelle Antoine Garnier, j’ai 39 ans et suis journaliste-écrivain. Je suis l’auteur des livres «Comprendre Le Rap» et «Souffle, au cœur de la génération hip hop entre New York et Paris - 1986/2003 volume 1/2», un regard singulier sur l’influence révolutionnaire de la culture noire contemporaine sur les jeunesses américaine et française.

Fasciné par les USA vous allez y vivre en 1986 et y restez 10 ans. Pouvez-vous décrire cette période de votre carrière ?

Fasciné n’est pas le mot approprié. Je dirais plutôt curieux/surpris du décalage existant entre l’image des personnes noires dans les sitcoms diffusées à la télévision française et la diversité des réalités que je découvre sur le terrain, je me suis penché sur la question à une époque où naît véritablement une culture urbaine incarnée par la créativité artistique, culturelle puis politique de jeunes Noir(e)s, appelée hip hop. Un DJ de la radio noire new-yorkaise Kiss FM, Chuck Chillout, va me prendre sous son aile et me faire découvrir cette culture, son rythme, son contexte, ses personnages

Qu'est-ce qui vous pousse ensuite à retourner à Paris ?

Un ami me dit que la France bouge dans ce domaine et que le milieu pourrait avoir besoin de mes observations. Je n’aurais pas dû l’écouter.

L’équipe de Check Ça à Fun Radio. Paris.  
L’équipe de Check Ça à Fun Radio. Paris.
 

Vous créez les premières émissions de rap à la radio (Fun Radio) ou à la télévision sur La Cinq, voire des documentaires. Pouvez-vous en parler et décrire notamment les réticences rencontrées ?

La première émission de culture rap sur un réseau national, Fun Radio. L’émission, Check Ça. Tout y est réalisé en direct avec des interventions d’avocats, d’artistes, de producteurs nous expliquant depuis New York, Londres, Tokyo ou Paris, les coulisses de cette culture. Deux DJ’s, un rappeur, un animateur, un journaliste.
Elue numéro un de sa tranche horaire toutes radios confondues, le succès d’audience de ce projet pédagogique et artistique attire l’attention de La 5. Je conçois alors l’émission Camera Graffiti dont l’audience augmente progressivement, et parallèlement la jalousie de sa productrice en quête de reconnaissance, Monique Cara (ex Les Beaux Matins de France 2). Le climat se dégrade. L’émission s’arrête malgré son succès grandissant et illustre bien un des problèmes récurrents dans ce milieu. L’absence d’idées chez beaucoup de personnes qui n’ont, en réalités, que des réseaux et pillent votre créativité pour vivre. Je réaliserai également Culture Rock spécial rap (M6), La Guerre des Gangs (soirée thématique pour 13 ème Rue), Bouge Ta Nuit (RFO Sat), Une Journée à New York.

Les DJ Red Alert (gauche) Chuck Chillout (droite) dans les locaux de la station Kiss FM. New York.  
Les DJ Red Alert (gauche) Chuck Chillout (droite) dans les locaux de la station Kiss FM. New York.
 

Vous devenez ensuite LE rédacteur en chef qui rénovera "Radikal" le magazine de hip-hop français. Comment avez-vous vécu cette expérience et surtout pourquoi s'est-elle terminée ?

A l’époque ou son propriétaire me confie Radikal, il y a des fautes d’orthographes à chaque lignes, des photos de femmes nues et de tatouages au sommaire, du stéréotype illustrant, non seulement, la méconnaissance de cette culture, mais aussi l’exploitation du porte-monnaie d’un lectorat jeune et fan. Aidée d’une équipe re-motivée, j’introduis de nouvelles rubriques, propose des explications de contexte et le transforme en le premier magazine pour passionné(e)s. Ventes et intérêt éditorial confondus. Les maisons de disques ne s’y tromperont pas non plus. Elle se termine car elle réveille l’égo et met en lumière les maladresses du propriétaire.

Qu'est-ce qui vous pousse ensuite à écrire une histoire, VOTRE histoire du rap en 2 tomes ?

Précisément le constat qu’un intérêt véritable existe en France, mais qu’il est trop souvent noyé dans une profonde méconnaissance de cette culture. Art du rap et culture de rue sont injustement confondus. N’oublions pas que le hip hop est venu en France via les images, des reportages rigolards, cliché-esques, une approche uniquement esthétique qui lui a nui. A travers l’expérience d’un Français d’origine caribéenne aux Etats-Unis, j’ai tenté de sortir de cette approche strictement artistique, de redonner à cette culture son expression, son visage humain, partager combien elle correspond à un mode de vie, de pensée nourrit historiquement, socialement, politiquement au quotidien par le sort appliqué aux minorités noires-américaines dans la société contemporaine américaine. Souffle se démarque de tous les autres livres consacrés au rap. Ce n’est pas un livre SUR le rap, mais DANS le rap. Un outil qui utilise la musique pour expliquer la société.

Krs One. Bibliothèque publique de Brooklyn. New York.  
Krs One. Bibliothèque publique de Brooklyn. New York.
 

Qu'apprendra le lecteur dans ces livres où les faits côtoient votre vie personnelle ou votre vision de la société ?

De formation de sociologue, je mélange des informations politiques, sociales, artistiques poétiques, musicales, les vraies composantes de cette production noire-américaine. Ainsi, Souffle capture le contexte politique, social, culturel dans lequel la culture hip hop naissante des années 80 affecte la vie d’un jeune français d’origine antillaise. Correspondant de presse privilégié pour L’Affiche, Black News, Vibrations ou The Source, j’expose l’atmosphère et l’évolution de cette contre-culture via des rencontres originale au travers d’un journal de bord confessionnel. On y croise tant KRS1 que John Singleton, Spike Lee que De La Soul, le producteur Doctor Dre et sa vision de l’influence du genre gangsta, que le trio Run DMC, premières stars rap planétaires.
Mais également David Dinkins premier maire noir de le Grosse Pomme, Cornel West, philosophe-universitaire reconnu en parallèle de voisins des quartiers de Queens, Bronx, Brooklyn, Manhattan (puis de Los Angeles, Miami, les villes Sud). Une vraie prise de température sur le terrain, le rythme de ses villes, de ses régions, Etats, des acteurs, des moments, situations particulières de cette culture, un contexte général permettant de mieux en situer la vitalité ou l’infortune, le développement, la trajectoire et ses différents impacts. C’est un livre pour le quidam, pour le passionné, les curieux en quête d’informations sur ce phénomène révolutionnaire, pour les étudiants en sciences humaines, pour les femmes et la condition de leur genre, pour les parents qui veulent comprendre la culture de leurs enfants, les Français et leurs positions ambiguës vis-à-vis des Etats-Unis, et vice-versa. Analyse comparée entre sociétés, Souffle propose un regard incisive sur la vie américaine contemporaine dans lequel tout le monde peut se reconnaître. Des références filmographiques, bibliographiques, télévisuelles, par thématiques en fin de livre en font un vrai outil de recherché et mieux comprendre l’esprit hip hop, sa fièvre, ses contradictions, sa science, sa force.

La couverture des deux tomes du dernier livre d'Antoine Garnier  
La couverture des deux tomes du dernier livre d'Antoine Garnier
 

Vous avez travaillé avec de grands noms de la musique noire comme Puff Daddy, MC Solaar dont vous traduisiez les chansons en anglais et d'autres. Qu'avez-vous retiré de leur contact, et leur avez-vous trouvé un point commun expliquant leur succès ?

Ces deux artistes ont en commun d’êtres très décriés par un certain public trop souvent fermé par réaction épidermique, mais surtout de très bien connaître leur art et de le travailler. De DJ, Sean «Puffy» Combs est devenu l’un des plus gros producteurs, aussi connu que ses artistes. Ses productions font danser ses détracteurs... Solaar est le seul artiste français qui soit connu au-delà des frontières de l’hexagone. Son travail avec le rapper américain Guru l’a fait connaître sur le sol américain. Il poursuit sa route, même s’il s’éloigne du genre dans lequel on veut l’enfermer. Pourtant, il dit/dénonce beaucoup plus de choses que les soit-disant artistes auto-proclamés «hardcore». Ré-écouter «Gangster Moderne», «Les Colonies». Intelligents, les deux participent à la popularisation du genre. Aux autres à y répondre avec talent, sans mesquinerie.


Puffy dans les coulisses de  la  1er édition des Source Award. Paramount. New York. Paramount.  
Puffy dans les coulisses de la 1er édition des Source Award. Paramount. New York. Paramount.
 

Quel regard l'"ancien" que vous êtes devenu porte sur la scène hip-hop tant musicale que journalistico-médiatique d'aujourd'hui ?

Une certaine scène rap est morte, une autre couve, une troisième vend, manipule son public. A l’image de la société grand public. Comme toutes les autres productions artistiques noires par le passé, l’industrie des médias a rattrapé la culture rap originelle car extrêmement séduisante, puissante, effervescente, menaçante, éloigné la culture du graffiti, cherche à administrer la culture de la danse, contrôle rapiéce/ranime l’industrie vestimentaire… Le constat diffère sensiblement que l’on soit en France ou aux Etats-Unis. Mais force est de constater qu’il n’y a plus de culture hip hop comme les anciens ont pu la connaître. Nous sommes en phase de transition, avec des artistes nostalgiques, d’autres qui s’essayent, et d’autres besogneux qui devraient abandonner. Pour les médias, aucun n’est aujourd’hui capable de transmettre le rythme de vie de cette culture car ses correspondants sont exagérément souvent trop jeunes, fascinés par ses mythes, et/ou ne veulent identifier que la partie fun de cette culture. Grosses baskets, diamants rutillants, Noir qui fait peur. L'indépendance, le ton éditorial et le traitement de l'information demeurent caricaturaux. Aucune explication sociétale, car ils ne la respectent pas. De plus, le phénomène de concentration dans le milieu de l’information, l’accessibilité d’une autre info sur internet, l’incapacité des médias français à fidéliser durablement leur public grandissant ou à se réformer participent à l’option de ne leur servir que de la soupe.


Flavor Flav du groupe Public Enemy lors de leur premier concert français. Globo. Paris.  
Flavor Flav du groupe Public Enemy lors de leur premier concert français. Globo. Paris.
 

Avez-vous des projets dont vous pouvez parler ?

Souffle 3, soit la suite/fin de la trilogie.
Qu’est devenue cette culture dans une France grappillée par le phénomène Le Pen, la pauvreté morale, le désespoir et l’avidité grandissants ?
De quelle histoire de France nous parle-ton ?
Quelle est cette histoire avec les minorités raciales et leurs coutumes ?
Que fait/peut faire ce hip hop hexagonal qui se prétend rebelle ?
A qui/quoi ? Est-il has-been ? A-t-il encore un rôle à jouer alors qu’il est compris aujourd’hui, par le plus grand nombre comme «intégré»/«compris» ?

Une analyse profonde de notre société, de ses enjeux. La culture hip hop et celle qui la remplace y ont encore leur place puisqu’elles nourrissent à des degrés divers les habitant(e)s de moins de quarante ans de ce pays.

Je travaille également à la production d’un DVD artistico-pédagogique compilant mes meilleures rencontres avec des personnages de ce milieu.
Pour des extraits et plus d’infos, vous pouvez vous reporter au site souffle2vie.com pour plus d’infos. Vente directe : 0662762980.

Merci à Grioo.com et à tous ces nouveaux sites permettant de partager la richesse des informations sur notre communauté.
Le partage des connaissances et un élément déterminant du progrès recherché.

       
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