
Note de Grioo.com: un communiqué reçu de l'association MNH qui poursuit en justice le philosophe, avec le COFFAD, avec une audience prévue le 17 Janvier est reproduit en fin d'article.
Il y a quelque chose de surréaliste et de nauséabond concernant l’affaire Alain Finkielkraut.
Voilà un intellectuel salué pour ses écrits (Le Nouveau Désordre amoureux, Le Juif Imaginaire, Nous Autres, Modernes), professeur à l’Ecole Polytechnique, chroniqueur sur RCJ (Radio Communauté Juive) tous les dimanches et animateur/producteur de « Réplique » une émission diffusée depuis vingt ans sur France Culture, qui a déversé sa haine négrophobe et xénophobe dans un commentaire sur la crise des banlieues dans les colonnes de « Haaretz » (NDLR: lire l'article sur grioo.com, un journal de la gauche israélienne, le 18 Novembre 2005.
Cinq jours plus tard, « Le Monde » sera le seul quotidien français à réagir, sous la plume du « courageux » journaliste Sylvain Cypel qui a publié des extraits de l’interview du philosophe.
Devant la stupéfaction des uns et la consternation des autres dans le paysage médiatique français, « Finkie » est contraint de s’expliquer au micro de Jean Pierre Elkabbach sur Europe 1. Se disant victime d’un lynchage des médias, le philosophe reconnaît les propos tenus, tout en en contestant le condensé fait par « Le Monde ».
Quand Elkabbach lui demande de s’excuser d’avoir heurté les Noirs et les Arabes, il répond : « Je m’excuse auprès des personnes qui ont été blessées par ce personnage issu d’un assemblage qui n’est pas moi ».
Le réalisateur israélien Eyal Sivan, qui attaque en justice le philosophe en diffamation pour l’avoir traité d’ « antisémite juif », déclarait dans « Libération » qu’ « A chaque fois qu’il profère une horreur, Finkielkraut explique qu’il ne voulait pas dire ça. »
Pourtant devant ce discours négrophobe et xénophobe, les soutiens envers Finkie ne manquent pas. Ils émanent du monde intello (Pascal Bruckner, Elisabeth Badinter, Luc Ferry, Max Gallo, Rony Brauman, Paul Thibaud, Philippe Raynaud, Marcel Gauchet, Régis Debray, Philippe Muray, Claude Durand, Eli Barnavi, Alexandre Adler, Pierre André Taguieff), des journalistes (Jean Daniel, Claude Askolovitch, Anne Sophie Mercier, Alain-Gérard Slama, Elisabeth Lévy, Sylvain Attal, Claude Imbert, Elisabeth Schemla, Philippe Val) et des politiques (Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner, Patrick Klugman, le Front National, Philippe De Villiers).
Heureusement, d’autres l’ont vivement condamné : Daniel Lindenberg, Françoise Vergès, Jean François Kahn, Jean Luc Hees, Philippe Lefait, Arnaud Viviant, Sylvain Bourmeau, Gaston Kelman, Aude Lancelin, Guy Birenbaum, Tariq Ramadan, Dieudonné, le MRAP, SOS Racisme, Pierre Marcelle, Oumma.com, Michel Warschawski, Thierry Ardisson, Jamel Debbouze, Pascal Praud.
Mais comment Finkie a-t-il pu basculer dans une dérive négrophobe ? D’où provient sa haine des Noirs ?
Deux évènements vont être à la base de son discours injurieux vis-à-vis de cette population. Dans un premier temps, la conférence de Durban en Afrique du Sud en 2001 sur la discrimination raciale, où le philosophe affirme que cette grande réunion est à l’origine de l’émergence de l’antisémitisme venant du tiers monde ; ensuite, la sortie sur France 3 de l’humoriste Dieudonné.
Finkielkraut considère ce dernier comme le « patron de l’antisémitisme » en France et le porte-parole des revendications de la communauté Noire sur la traite négrière et la colonisation. Mais, c’est surtout le succès du spectacle de Dieudonné aux Antilles qui va déclencher sa haine des Noirs. Il en fera une affaire personnelle.
Au-delà du cas Finkielkraut, on peut signaler que le discours négrophobe émanant d’intellectuels adulés a toujours existé. Il suffit de se pencher sur les déclarations et les écrits de certains philosophes du siècle des lumières ou plus récemment avec Hélène Carrière d’Encausse, pour s’apercevoir que la négrophobie d’une certaine classe intellectuelle française a encore de beaux jours devant elle.
Voici ci-dessous, quelques déclarations de Monsieur Alain Finkielkraut que l'on peut considérer comme négrophobes et xénophobes:
Extrait de l’émission « Qui Vive » diffusée, le 6 mars 2005, sur RCJ (Radio Communauté Juive).
( …) Et en plus, Dieudonné évidemment, en a profité en Martinique mais peut-être n’aurait-il pas eu besoin de cela pour jouer deux soirs de suite à guichets fermés devant une foule surexcitée. Les victimes antillaises de l’esclavage qui vivent aujourd’hui de l’assistance de la Métropole, mais passons…
Extrait d’une émission avec Elisabeth Schemla diffusée, le 6 mars 2005 sur Radio Shalom (une radio communautaire juive).
( …) il existe des gens dont on nous parle tout le temps comme Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant. Ces idéologues de la Créolité.( …) J’ai peur néanmoins que la créolité puisse aussi servir à entretenir, outre la haine de la France coloniale, la haine d’Israël, Etat juif si vous voulez, c'est-à-dire Etat non créole, non métissé.
(…) Nous, juif sommes des «négriers reconvertis dans les banques », et il faut croire que cette idée a beaucoup de succès aux Antilles. Quant à la France, c’est un Etat colonial, nonobstant les aides aux Antilles, et en oubliant aussi que le fait que le mouvement abolitionniste n’a eu lieu qu’en Occident. C’est une spécificité française et occidentale (…) Il n’y a pas eu d’abolitionnisme en Afrique (…) Il faut surtout ne pas se laisser intimider par ce discours qui est mensonger de part en part, et qui a, tirons-en toutes les conséquences aujourd’hui, une double cible : juive et française.
Le 25 Mars 2005 un texte négrophobe et xénophobe intitulé « les ratonnades anti-blanc », émanant du mouvement sioniste Hachomer Hatzaïr et Radio Shalom est diffusé sur internet. On trouve parmi les signataires Alain Finkielkraut, Jacques Julliard, Bernard Kouchner, Pierre-André Taguieff, Elie Chouraqui et Chahdortt Djavann. Ce texte dénonce l’agression de lycéens blancs par des bandes de jeunes noirs lors des manifestations lycéennes du 8 Mars 2005. « Il s’agit d’une question d’équité. On a parlé de David (le juif), on a parlé de Kader (l’arabe) mais qui parle de Sébastien (le blanc) ? » Lors de la conférence de presse concernant cet appel, Alain Finkielkraut déclare : « (…) La francophobie se répand comme la judéophobie et ne s’en distingue pas. Il y a un ressentiment monstrueux qui s’exprime aujourd’hui en France. C’est la bataille Farrakhan (le leader noir américain de la nation de l’islam) qui nous pend au nez. Juifs et Français sont mis en cause conjointement (…) »
Le 13 Avril 2005 sur la radio RCJ, Alain Finkielkraut débat avec Patrick Karam (président du Collectif DOM) sur la polémique concernant l’assistanat des antillais.
Le philosophe déclare qu’il y a une montée de l’antisémitisme aux Antilles et que toutes les personnes qui vont voir le spectacle de Dieudonné, notamment aux Antilles et au Canada, sont des antisémites.
Extrait de l’émission « Qui Vive » diffusée, le 08 Mai 2005, sur RCJ.
Quand on s’intéresse au Code Noir (…) On apprend que ce code ne connaissait que deux statuts, celui de libre et celui d’esclave. Ces deux statuts apprend-t-on, n’étaient nullement liés à l’épiderme (…) Les mariages entre colons blancs et esclaves noirs étaient autorisés. Les enfants métissés ainsi que les esclaves affranchis étaient pleinement et totalement sujets du roi de France (…) Mais ça c’est très important, on vous dit exactement le contraire. Et d’ailleurs, la preuve que le Code Noir allait dans ce sens, c’est qu’une société ségrégationniste née aux Antilles a tout fait pour l’abolir. De cela on ne veut rien entendre.
Extrait de l’émission « Forum » diffusée, le 10 Juillet 2005, sur Radio J (une radio communautaire juive).
L’évènement le plus douloureux c’est ce retournement de la mémoire de l’antinazisme, dans l’antifascisme contre les juifs eux-mêmes. Et c’est évidemment la coïncidence, voire l’alliance entre ce phénomène et la montée d’un antisémitisme islamiste voire aussi islamo-africain qui est absolument terrible ( …) J’ai peur moi d’une farrakhanisation (au sujet du succès du spectacle de Dieudonné aux Antilles*) d’une grande partie du tiers monde. Farrakhan, c’est ce leader noir qui a expliqué en effet que les juifs riches s’étaient mis d’accord avec Hitler pour se débarrasser des juifs pauvres à travers la shoah. Et que les juifs étaient les premiers responsables de l’esclavage. Et je vois, ce discours aujourd’hui a toujours plus de succès notamment aux Antilles. C’est extraordinairement inquiétant.
*note de l’auteur
Extrait de l’émission « Qui Vive » diffusée, le 09 Octobre 2005, sur RCJ.
Ce SMS* ne dit pas que les blacks sentent mauvais. Il dit simplement, il tisse une équivalence entre le sketch de Dieudonné et des sketchs qui diraient cela ( …) Bienvenue dans la France du 21ème siècle, où la haine anti-raciste des juifs est cautionnée par la justice. Et je pense que la pseudo guerre des mémoires qui commence aujourd’hui est une machine de guerre antijuive et elle ne tourne pas à plein régime. Nous n’avons encore rien vu, non seulement Dieudonné relève la tête, non seulement il est soutenu par une multitude d’associations panafricaines, mais ce qu’il vise à travers la soi-disant négrophobie française, ce sont les juifs ou ce qu’ils appellent quelque fois les sionistes. Nous avons beaucoup plus à craindre nous juif, des indigènes que des enracinés. Jamel Debbouze tourne en ce moment un film qui s’appelle « Indigène », lequel va avoir un immense retentissement et les indigènes, en effet, veulent aujourd’hui notre peau.
*le faux SMS raciste de Marc Olivier Fogiel condamné par la justice
Extrait de l’émission « Qui Vive » concernant la crise en banlieue diffusée, le 06 Novembre 2005, sur RCJ.
(…) Ce sont des émeutes ethniques dirigées contre la France (…) Ce qui a eu lieu en France aujourd’hui, est un gigantesque Pogrom antirépublicain.
Extrait de l’émission « Qui Vive » diffusée, le 13 Novembre 2005, sur RCJ où Finkielkraut commente l’article de Libération, « Une Colère Noire ».
(…) L’antisémitisme Blanc est une horreur, une abomination, mais l’antisémitisme Noire est une colère. (…) Et sur quoi se conclue l’article d’analyse ? Sur les propos de Stéphane Pocrain, ancien porte-parole des verts, et que l’on voit dans tous les talk-shows de la télévision. C’est lui qui a le mot de la fin : « Nous qui avons joué les fayots de la république, milité pour l’intégration nous n’avons pas été entendus. Lui (concernant Dieudonné), il apporte la preuve du racisme par le scandale. Par procuration, les Noirs retrouvent une fierté. » On est doublement, triplement stupéfait. D’abord par la stupéfaction de l’antisémitisme africain ou Noir. Mais pourquoi ? Quel rapport avec quoi que ce soit ?
Extraits de l’interview dans le journal HAARETZ datant du 18 Novembre 2005.
En France, on voudrait bien réduire les émeutes à leur niveau social. Voir en elles une révolte de jeunes de banlieues contre leur situation, la discrimination dont ils souffrent et contre le chômage. Le problème est que la plupart de ces jeunes sont noirs ou arabes et s’identifient à l’islam. Il y a en effet en France d’autres immigrants en situation difficile, chinois, vietnamiens, portugais, et ils ne participent pas aux émeutes. Il est donc clair qu’il s’agit d’une révolte à caractère ethnico-religieux.
(…) on nous dit que l’équipe de France est adorée par tous parce qu’elle est « black, blanc, beur », en fait aujourd’hui elle est « black, black, black », ce qui fait ricaner toute l’Europe. Si on fait une telle remarque en France on va en prison (…)
(…) On n’y enseigne aujourd’hui que l’histoire coloniale comme une histoire uniquement négative. On n’enseigne plus que le projet colonial voulait aussi éduquer, apporter la civilisation aux sauvages.
( ...) si l’on met la shoah et l’esclavage sur le même plan alors on est obligé de mentir, car ce n’était pas une shoah. Et ce n’était pas un crime contre l’humanité parce que ce n’était pas seulement un crime. C’était quelque chose d’ambivalent.
(…) mon père a été déporté de France, ses parents ont été déportés et assassinés à Auschwitz, mon père est rentré d’Auschwitz en France. Ce pays mérite notre haine. Ce qu’il a fait à mes parents était beaucoup plus brutal que ce qu’il a fait aux africains. Qu’a-t-il fait aux africains ? Il n’a fait que du bien. ( …) Aujourd’hui la haine des noirs est encore plus forte que celles des arabes.
( …) s’ils ont une carte d’identité française, ils sont français et, s’ils n’en ont pas, ils ont le droit de s’en aller. |