Retrouvez Grioo.com sur votre mobile: http://m.grioo.com
Grioo.com   Grioo Pour Elle       Village   TV   Musique Forums   Agenda   Blogs  
   Samedi 27 Avril 2024 RECHERCHER : Sur Grioo.com  Sur Google 
 Accueil  Rubriques  Archives  Forum     Qui sommes-nous ?     

  News
News pays
Afrique
Caraïbes
Monde
Société
Sports
Santé
Insolite
Bloc Notes
  Economie
Management
  Culture
Histoire
Médias & Société
Musique
  Hommes illustres
Success stories
Interviews
Parcours
Initiatives
  Célébrités
Quizzs
Galeries Photos
Bons Plans
Musique
  Opinions
Conseils B2B
Forum


Pour recevoir notre lettre d'information, veuillez saisir votre email



AccueilRubriquesHistoireArticle
Ségrégation raciale aux Etats-Unis : les lois Jim Crow
20/03/2007
 

Retour sur une des législations raciales les plus importantes de l’Histoire
 
Par Capucine Légelle
Imprimer
Envoyer à un ami
Réagir
 Publicité 
 
 
 

Instaurées en 1876, les lois dites Jim Crow créent un nouvel ordre social dans le sud des Etats-Unis : la ségrégation raciale. Ce texte intervient pour hiérarchiser et ré organiser la société sudiste après l’abolition de l’esclavage et la guerre de Sécession.

Dès lors, le système ségrégationniste remplace le système esclavagiste. La majorité des lois Jim Crow resteront en vigueur jusqu’au vote du Civil Rights Act en 1964. Certaines sont toujours inscrites aujourd’hui dans les constitutions des états sudistes.


 Publicité 
 
Origine des lois Jim Crow, la Reconstruction
 
 

La Reconstruction, de 1863 à 1877, est une période d’intenses bouleversements dans le Sud des USA : défaite de la guerre de Sécession, destruction de la Confédération, abolition du système esclavagiste ; la société sudiste doit se restructurer.

Le pays instaure l’égalité des droits pour tous les citoyens, mais la population blanche ex-confédérée réclame d’être protégée contre les noirs désormais libres.

Un Code Noir, calqué sur le modèle français de la première législation raciale de l’Histoire, est alors appliqué dans les provinces anciennement esclavagistes.

En 1876, afin d’uniformiser et d’institutionnaliser le nouveau système sociétal, l’ex Confédération et les « border states » (Virginie, Kentucky, Missouri, Delaware et Maryland, nommés ainsi en raison de leur double appartenance au Nord et au Sud durant la guerre civile) adoptent une nouvelle législation, appelée à rendre leur suprématie aux blancs en restreignant de manière drastique les droits des anciens esclaves.


 
 

L’ensemble de motions est rassemblé sous le nom de Jim Crow laws, en référence à un personnage très populaire des spectacles de l’époque, créé par Thomas Dartmouth "Daddy" Rice dans la chanson « Jump Jim Crow » et qui représente un noir typique du Deep South.

Les lois Jim Crow définissent les droits et les restrictions imposées à ceux qui deviendront les afro américains mais qui sont encore pour le moment appelés les nègres.

Elles légalisent la ségrégation raciale. Les textes indiquent que les citoyens doivent être « separate but equal », mais dans la réalité, ils cantonnent les noirs à une infériorité de rigueur dans tous les instants de la vie publique et privée.


Les différents points de la nouvelle législation
 
 

Les mesures phares des lois Jim Crow concernent la séparation des noirs et des blancs dans les lieux publics, elles peuvent différer selon les états :

les écoles, les églises et les hôpitaux pour noirs doivent être entièrement séparés. Les livres scolaires déjà utilisés ne peuvent être redistribués à la rentrée suivante que dans une école où les élèves ont la même couleur de peau que les premiers utilisateurs des manuels,

dans les transports en commun, seules quelques places à l’arrière sont accessibles aux noirs,

dans les restaurants, salles de spectacles, lieux de loisirs, les noirs sont généralement interdits. Ils peuvent être tolérés mais toujours dans un endroit séparé du reste de la clientèle,

la promotion de l’égalité des droits, qu’elle se fasse par voie orale ou écrite, est un délit sanctionné par de la prison ferme,

les métiers de la fonction publique sont réservés aux blancs. Les noirs peuvent y accéder mais seulement dans certains domaines, ils sont entièrement séparés de leurs collègues blancs.


Dans le Sud, les lois Jim Crow s'accompagnaient des nombreuses exactions commises par les suprématistes blancs. Ici, un lynchage organisé par le KKK en 1920 dans le Minnesota  
Dans le Sud, les lois Jim Crow s'accompagnaient des nombreuses exactions commises par les suprématistes blancs. Ici, un lynchage organisé par le KKK en 1920 dans le Minnesota
 

Les facettes moins connues de la législation ségrégationniste concernent la vie privée de la population, elles sont appliquées de manière différente dans chaque région et amènent une nouvelle catégorie dite raciale, les colored people, d’ascendance noire trop lointaine pour être considérés comme nègres :

tout mariage entre une personne blanche et une personne nègre ou d’ascendance nègre jusqu’à la quatrième génération est interdit,

les relations intimes hors mariage sont également interdites entre une personne blanche et une personne nègre ou d’ascendance nègre jusqu’à la quatrième génération,

une personne noire ne peut ni adopter ni avoir sous sa tutelle un enfant blanc, même si les parents de celui-ci l’ont choisie,

des familles noires et blanches ne peuvent pas vivre dans le même immeuble. Le propriétaire qui loue un appartement à des noirs dans un immeuble ou résident des blancs est passible d’emprisonnement.


 
 

Les mesures qui sont introduites ici concernant la notion de préservation de la pureté de la race blanche ont nombre d’égales de par le monde et les époques… Le vingtième siècle en a été particulièrement friand, principalement dans des tentatives désespérées de protection de la suprématie blanche face à la décolonisation et à l’émergence des consciences non occidentales.

Edictées pour la première fois dans le Code Noir français de 1685, elles seront reprises :
- en Australie de 1830 à 1973 avec la White Austria policy,
- en Afrique du Sud dès 1912 avec les lois ségrégationnistes puis avec l’apartheid de 1948 à 1991,
- en Allemagne avec les lois de Nuremberg votées par le parti nazi en septembre 1935,
- en Rhodésie (actuel Zimbabwe) sous l’égide de Ian Smith de 1965 jusqu’aux années 80.



Abolition des lois Jim Crow
Marcus Garvey  
Marcus Garvey
 

Les différentes mesures des lois de ségrégation raciale aux USA seront abolies grâce aux mouvements pour les droits civiques menés par les leaders noirs, soutenus par une partie de la population blanche nordiste.

Une des premières voix à s’élever pour défendre les afro américains est celle de Marcus Garvey, qui crée l’organisation UNIA en 1917. Contrairement à ses successeurs qui lutteront pour l’insertion des noirs dans la société américaine, il prône la création d’une nation noire et le retour vers l’Afrique. Marcus Garvey, considéré comme un prophète rastafari pour avoir annoncé la venue du messie Haïlé Sélassié en Ethiopie, a massivement participé à l’émergence de la conscience noire et du combat pour les droits civiques.

Ce mouvement prend de l’ampleur après la seconde guerre mondiale.


Thurgood Marshall, avocat puis juge, fut le premier noir à siéger à la Cour Suprême américaine  
Thurgood Marshall, avocat puis juge, fut le premier noir à siéger à la Cour Suprême américaine
 

La première grande victoire intervient en 1954, avec l’affaire Brown vs Board of Education. Au Kansas, en 1951, la jeune Linda Brown se voit refuser l’inscription dans une école blanche de son quartier. Son père rassemble d’autres parents d’élèves et intente une class action, une plainte en nom collectif, contre l’administration. Il obtient le soutien de la NAACP, qui décide d’organiser le même procès dans d’autres états. La majorité perd en justice. Les plaignants de tous les Etats-Unis s’associent alors pour faire appel à la Cour Suprême, ils sont défendus par Thurgood Marshall.

Le 17 mai 1954, les neuf juges de la Cour Suprême des Etats-Unis rendent leur verdict à l’unanimité : la ségrégation raciale à l’école est inconstitutionnelle.

Dix ans plus tard, grâce au combat des activistes noirs, le Civil Rights Act signé par le président Lyndon Johnson abolit les principales autres lois Jim Crow.

Mais certaines d’entre elles ne l’ont jamais été, même si la Cour Suprême les a rendues en théorie inapplicables. Aujourd’hui, la Californie continue de pratiquer la ségrégation à l’intérieur des établissements pénitentiaires et la constitution de l’Alabama stipule toujours que les enfants noirs et blancs doivent aller dans des écoles séparées.


Héritage des lois Jim Crow dans la société américaine contemporaine
 
 

Le système ségrégationniste en vigueur jusque dans les années 60 a profondément marqué la société américaine.

Il a façonné le paysage géographique et économique actuel : durant des siècles, les afro américains du Sud ont fui l’esclavage, la ségrégation et la violence des groupes suprématistes blancs tels que le Ku Klux Klan, créant d’immenses ghettos dans les métropoles du Nord. Jusqu’au Civil Rights Act, ils n’ont pu occuper que des emplois subalternes.

Une infériorité qui perdure, notamment à cause de la difficulté d’accès à l’éducation : si la ségrégation scolaire a été abolie, il n’en reste pas moins que dans les faits les élèves restent séparés en fonction de leur couleur de peau. Une ségrégation qui ne s’effectue plus seulement entre les seuls blancs et noirs mais inclue désormais les latinos et les asiatiques et s’applique en fonction du milieu social. Les blancs restent la catégorie dite raciale la moins mélangée aux autres à l’école [*].


Condoleezza Rice, secrétaire d'Etat des USA et Georges Bush  
Condoleezza Rice, secrétaire d'Etat des USA et Georges Bush
 

L’abolition des lois Jim Crow a néanmoins permis l’évolution sociale d’une partie de la population noire américaine, aidée en ce sens par la discrimination positive instaurée en sa faveur, l’Affirmative Action.

Tandis que le pays des Droits de l’Homme s’embourbe dans des considérations identitaires et reste incapable d’accepter les enfants de ses colonies comme français, les USA ont su en moins de 50 ans passer d’un système ultra raciste et ségrégationniste à une société qui peut voir un noir accéder aux plus hautes fonctions… Tout en cantonnant une grande partie de la population afro américaine sous le seuil de pauvreté.

Là se trouve le paradoxe des Etats-Unis, nation des extrêmes…


Sources

Jim Crow History

AfroAm History

USA Today

News Mine

[*]Civil Rights Project de l’université de Harvard

En savoir plus : La Reconstruction

Sur le net :

La déclaration de Reconstruction d’Abraham Lincoln

La période de la Reconstruction

Chronologie de la Reconstruction


Bibliographie :

Reconstruction: America's Unfinished Revolution, 1863-1877 d’Eric Foner, dernière edition publiée chez Harper Perennial Modern Classics en 2002.



       
Sur le même sujet sur Grioo.com
  Etats-Unis : les parlementaires américains s’excusent pour l’esclavage
 
 Donnez votre opinion ou lisez les 15 réaction(s) déjà écrites
 Version imprimable de l'article
 Envoyer l'article par mail à une connaissance


Partager sur: Partager sur Facebook Facebook   Partager sur Google Google   Partager sur Yahoo Yahoo   Partager sur Digg Digg   Partager sur Delicious Delicious  
 
 
Les dernières photos publiées sur Grioo Village
 
Les derniers articles Grioo Pour Elle

 Grioo Pour Elle, le site des femmes noires et métissées
 
Les derniers billets sur nos blogs
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
 
 
 
 
Top
 
 
 
 
 Exposition : Senghor et les arts : du 7 février 2023 au 19 novembre 2023
 Mbappe joueur le mieux payé de ligue 1 : 6 millions d'euros par mois
 Mbappe nouveau capitaine :entrée en matière réussie ?
 Gala 2016 : le club efficience annonce la création d'un fonds de la diaspora
 Les cosmétiques Soleza désormais disponibles au Cameroun
 Can 2017 : le tirage au sort a eu lieu
 Terroriste où es-tu ? : Partout et nulle part !
 Nigeria : Stephen Keshi s'en est allé
 Mohammed Ali, ''the greatest'' s'en est allé
 Décès de Papa Wemba : les hommages se multiplient
 
Afrique      Afrique Du Sud      Barack Obama      Benin      Bons Plans      Burkina-faso      Cameroun      Caraïbes      Célébrités      Congo Brazzaville      Cote D'ivoire      Diaspora Africaine      Diversité      France      Gabon      Ghana      Haïti      Livre      Mali      Nigeria      Racisme      Rdc      Senegal      Tchad      Togo     
 
 



   
 
Le site des femmes noires et métissées | Grioo Village | English version