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Mahmoud Ahmadinejad est presque arrivé à l’heure pour prononcer son discours dans la grande salle du Palais des nations à Genève, qui accueillait la Conférence Durban II contre le racisme. L’homme est tout petit, il porte un costume gris clair mal coupé. Il parle posément. Curieusement, l’ONU ne lui avait accordé que 7 minutes de temps de parole. Jonas Gahr Store, le ministre norvégien, qui devait lui succéder à la tribune, a dû patienter près de 50 minutes.
De toute façon, cela n’avait plus d’importance. D’entrée de jeu, lundi 20 avril à 15 heures, Mahmoud Ahmadinejad a torpillé cette Conférence contre le racisme où, en fait, démocraties et dictatures se préoccupent autant du racisme que les souverains espagnols et français au XVIIIe siècle ne s’intéressaient au sort des esclaves africains. Le président iranien est en campagne électorale. Il n’est pas certain d’être réélu le 12 juin prochain. Il n’allait donc pas se priver de cette tribune.
Son discours était attendu. Les cyniques ajouteront que Mahmoud Ahmadinejad a même été plus modéré que d’habitude. Dixit :« Après la fin de la Seconde guerre mondiale, ils (sous-entendu les Occidentaux) ont eu recours à l’agression militaire pour priver de terres une nation entière sous prétexte de la souffrance des Juifs et de l’Holocauste. Ils ont envoyé des migrants d’Europe, des Etats-Unis pour établir un gouvernement raciste en Palestine occupée » (voir la vidéo du discours). A ce moment-là, les représentants des 23 pays de l’Union européenne ont quitté la salle. |
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« Allah Akbar » contre « Raciste, raciste » |

La presse occidentale dénonce les dérapages antisémites du président iranien. « Un antisémite à l’ONU », titre « Libération ». « Les propos d’Ahmadinejad contre Israël soulèvent un tollé sur la scène internationale », écrivait hier soir « Le Monde » sur son site Internet. Seulement voilà, les propos inacceptables du président iranien n’ont apparemment guère choqué les représentants de ce qu’on appelle le tiers-monde : pays arabes, pays africains, pays asiatiques, pays sud-américains. A savoir le monde entier excepté les occidentaux !
Non seulement ils n’ont pas quitté leurs sièges, mais ils prenaient plaisir à applaudir à tout rompre les diatribes d’un Ahmadinejad contre Israël et ses « complices » occidentaux. Dans la grande salle du Palais des Nations, les membres des ONG, notamment iraniennes et tunisiennes, trépignaient de joie et criaient « Allah Akbar », couvrant les protestations des organisations israéliennes qui ne cessaient de répéter : « raciste », « raciste », « raciste ». |
« Taper fort sur les faibles » |

Le président iranien ne s’en est pas pris seulement à l’Etat d’Israël, il visait l’Europe et les Etats-Unis. En clair, l’Occident, coupable des pires vilenies, comme l’esclavage, les deux Grandes Guerres mondiales, et plus près de nous, l’intervention en Irak et en Afghanistan, sans oublier la crise économique. « Est-ce que les armes en Afghanistan ont apporté la paix, la sécurité économique ? Est-ce que cette occupation ne reflète-t-elle pas une attitude raciste, discriminatoire ? », interroge Mahmoud Ahmadinejad.
Immédiatement après son discours, le président iranien a tenu une conférence de presse à laquelle les journalistes présents ont accouru. Sans se départir de son ton calme, il enfonce le clou, mais sans déraper. Malgré des questions insistantes, il refuse de revenir sur la disparition de l’Etat d’Israël, qu’il avait appelé de ses vœux dans d’autres circonstances. « Ceux qui ont quitté la salle se sont comportés de façon immorale. Ils auraient dû respecter les autres pays. Cette réunion a prouvé quels étaient les pays isolés par rapport à la majorité des nations. Nous représentons la majorité des peuples du monde », jette-t-il, sûr de lui et souriant. |
La dénonciation d’Israël |

En l’absence de grands leaders africains, sud-américains ou asiatiques, atteints par la limite d’âge, comme Fidel Castro ou Nelson Mandela, Mahmoud Ahmadinejad s’est posé comme nouveau champion de l’anti-américanisme et de l’anti-occidentalisme, ce qui fait à coup sûr recette dans le tiers-monde. Contrairement aux autres dirigeants musulmans, il est suffisamment indépendant pour dire tout haut ce que les autres murmurent.
Il ne faut pas oublier que Durban II, qui a demandé trois ans de travaux préparatoires, était là pour effacer les mauvaises impressions laissées par Durban I en septembre 2001. Les 57 pays de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) s’étaient mis d’accord sur leur seul point commun, la dénonciation d’Israël.
Cette fois à Genève, l’OCI avait accepté, avant l’ouverture de la Conférence, d’effacer du projet de la déclaration finale toute référence à la Palestine. Les diplomates du monde entier se frottaient les mains : il n’y avait plus rien de gênant, que des vœux pieux pour dénoncer le racisme. Le problème, c’est qu’il n’y avait plus rien du tout dans le texte présenté à Durban II. Ahmadinejad a cassé ce jeu de dupes. Est-ce étonnant ? |

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