Retrouvez Grioo.com sur votre mobile: http://m.grioo.com
Grioo.com   Grioo Pour Elle       Village   TV   Musique Forums   Agenda   Blogs  
   Jeudi 1 Mai 2025 RECHERCHER : Sur Grioo.com  Sur Google 
 Accueil  Rubriques  Archives  Forum     Qui sommes-nous ?     

  News
News pays
Afrique
Caraïbes
Monde
Société
Sports
Santé
Insolite
Bloc Notes
  Economie
Management
  Culture
Histoire
Médias & Société
Musique
  Hommes illustres
Success stories
Interviews
Parcours
Initiatives
  Célébrités
Quizzs
Galeries Photos
Bons Plans
Musique
  Opinions
Conseils B2B
Forum


Pour recevoir notre lettre d'information, veuillez saisir votre email



AccueilRubriquesCultureArticle
En hommage aux femmes Africaines
05/03/2010
 

A l'occasion de la journée de la femme, Serge Bile rend hommage à l'engament politique et à l'esprit de liberté qui animaient les femmes africaines du... Moyen-Age
 
Par Serge Bile
Imprimer
Envoyer à un ami
Réagir
 Publicité 
 
Ibn Battuta  
Ibn Battuta
 

J’ai toujours été fasciné par les grands empires soudanais, pour ce qu’ils nous enseignent sur les pratiques et les mœurs d’autrefois concernant, en particulier, les femmes, dont l’engagement politique n’avait d’égal, au moyen âge, que leur indépendance d’esprit.

A l’avènement, par exemple, en 1240, de l’empire de Mali, qui marquait l’entrée en force de l’islam dans la région, les femmes ouest africaines se singularisaient déjà en refusant, pour beaucoup d’entre elles, d’adopter les restrictions vestimentaires imposées aux musulmanes dans le monde arabe.

« Devant les hommes, elles ne se voilent point, bien qu’elles soient assidues à la prière », s’en indigna d’ailleurs le globe-trotter marocain Ibn Battuta, qui visita le pays, en 1352, en fustigeant au passage leur manque de « pudeur » dans le récit néanmoins passionnant qu’il fit de son périple.

Et le même, tout aussi choqué, de dénoncer également cette anomalie à ses yeux : « Les femmes de ce pays ne voyagent pas avec leur mari. Elles ont des amis et des compagnons parmi les étrangers. Si leur mari, en rentrant chez lui, trouve sa femme avec son compagnon, il ne désapprouve point cela ».

 Publicité 
 
 
© itinerariafricani.net  

Ibn Battuta en fera d’ailleurs l’expérience chez un ami soudanais, un certain Abu Muhammad , dont il était l’invité.

« Je le trouvai assis sur un tapis. Au milieu de sa maison il y avait un lit, surmonté d’un dais; sur ce lit une femme était en conversation avec un homme assis. Je dis à Abu Muhammad : « Qui est donc cette femme ? » Il me répondit : « C’est mon épouse ».

Je lui dis alors : « Qu’est pour elle l’homme qui est avec elle ? ». Il répondit : « C’est son compagnon ». Je lui dis : « Agrées-tu cela, toi qui as habité notre pays et as été instruit des prescriptions de la Loi ? ». Il me répliqua : « La fréquentation des femmes et des hommes chez nous se passe en tout bien tout honneur. Elle ne donne lieu à aucun soupçon. Nos femmes ne sont pas comme celles de votre pays ».

Je fus surpris de son manque d’énergie et je me retirai de chez lui. Je n’y suis plus retourné depuis. Il m’invita plusieurs fois, mais je ne lui répondis point. »

la reine Zingha, qui règna, une trentaine d'années durant, sur l'Angola, au 17ème siècle. Elle s'illustra notamment par son opposition farouche aux ambitions du Portugal sur son royaume  
la reine Zingha, qui règna, une trentaine d'années durant, sur l'Angola, au 17ème siècle. Elle s'illustra notamment par son opposition farouche aux ambitions du Portugal sur son royaume
© Reines d'Afrique
 

Un autre voyageur arabe eut également l’occasion, quelques années plus tôt, de constater à quel point les femmes de l’époque étaient effrontées et pleines d’humour. Il croisa un jour une passante dans les rues de Sama, une ville où, conformément à la loi locale, les hommes, à l’exception des étrangers, ne portent pas la barbe, et les femmes se rasent le pubis.

L’Arabe, qui portait justement une longue barbe, remarqua que la femme le dévisageait avec ironie en marmonnant quelques mots dans sa langue.

N’ayant pas compris, il se tourna vers son interprète, qui lui traduisit, embarrassé, la réflexion de la dame : « Elle dit qu’elle souhaiterait avoir une barbe comme la tienne… là où tu penses ! » L’homme explosa de colère et abreuva l’insolente d’injures.

Décomplexées et libérées, les femmes ouest africaines n’hésitaient pas non plus, pour nombre d’entre elles, à s’engager en politique, encouragées en cela par la fameuse charte de Kouroukan Fouga, promulguée, dès les premiers mois de l’empire, par son fondateur Soundiata Keïta.

 
 

Cette charte, qui était une sorte de déclaration des droits et des devoirs du citoyen, stipulait en effet, dans son article 16, que « les femmes, en plus de leurs occupations quotidiennes, doivent être associées à tous nos gouvernements ».

Il en sera effectivement ainsi dans toutes les provinces, voire à la tête de l’empire, où l’épouse de l’empereur partageait carrément le pouvoir avec lui. L’une d’elles, la reine Kasa, fomenta même un coup d’état contre son mari, l’impopulaire Mansa Suleyman, qui régna de 1341 à 1360.

Kasa dépêcha une… femme, une esclave, chez le cousin de son mari pour lui demander expressément de prendre le pouvoir, en l’assurant par ce message on ne peut plus clair : « Moi, et tous les soldats sommes à tes ordres ! » Seulement voilà, l’esclave fut démasquée et arrêtée. Mansa Suleyman jeta sa femme en prison et en épousa une autre. Mais, « les gens parlèrent abondamment du fait et blâmèrent l’action » de l’empereur, qui dut finalement libérer Kasa.

En 1389, ce fût au tour de la mère de l’empereur Moussa II de tenter et de réussir, cette fois, à s’emparer du pouvoir. Elle profita d’une vacance du trône pour y installer son propre mari, Sandaki, rompant ainsi avec les règles de succession, qui voulaient que le souverain fût choisi selon la voie collatérale de frère à frère !

 
© africamaat.com  

Il n’est pas improbable que les articles, consacrés aux femmes dans la charte de Kouroukan Fouga, aient été inspirés à Soundiata Keïta par son propre vécu, comme par exemple l’article 14, qui décrète clairement : « N’offensez jamais les femmes, nos mères ! »

Soundiata a dû sûrement penser, en le rédigeant, à Sogolon, sa propre mère, qui affronta, avec force et courage, les humiliations de son village. Il a sans doute, aussi, voulu remercier, par cette charte, sa demi-sœur, qui l’avait aidé à vaincre son grand ennemi de toujours, le redoutable Soumahoro Kanté, en lui révélant le secret de la vulnérabilité de son ex mari.

Si j’ai souhaité rappeler ces évènements, c’est d’abord pour rendre hommage à ces femmes du passé, pionnières et téméraires, dont on ignore souvent à quel point elles furent en avance sur leur temps, et le rôle, ô combien important, qu’elles ont joué dans la marche du continent noir. Des exemples à suivre pour les femmes d’aujourd’hui, qui devront, comme leurs devancières, oser, non seulement prendre davantage la parole, mais aussi toute leur place dans les sociétés africaines, afin d’apporter la clairvoyance, la fraîcheur, et ce petit quelque chose en plus, indispensables pour construire le présent et inventer l’avenir.

Serge Bilé

Journaliste et écrivain

       
 Donnez votre opinion ou lisez les 5 réaction(s) déjà écrites
 Version imprimable de l'article
 Envoyer l'article par mail à une connaissance


Partager sur: Partager sur Facebook Facebook   Partager sur Google Google   Partager sur Yahoo Yahoo   Partager sur Digg Digg   Partager sur Delicious Delicious  
 
 
Les dernières photos publiées sur Grioo Village
 
Les derniers articles Grioo Pour Elle

 Grioo Pour Elle, le site des femmes noires et métissées
 
Les derniers billets sur nos blogs
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
 
 
 
 
Top
 
 
 
 
 Exposition : Senghor et les arts : du 7 février 2023 au 19 novembre 2023
 Mbappe joueur le mieux payé de ligue 1 : 6 millions d'euros par mois
 Mbappe nouveau capitaine :entrée en matière réussie ?
 Gala 2016 : le club efficience annonce la création d'un fonds de la diaspora
 Les cosmétiques Soleza désormais disponibles au Cameroun
 Can 2017 : le tirage au sort a eu lieu
 Terroriste où es-tu ? : Partout et nulle part !
 Nigeria : Stephen Keshi s'en est allé
 Mohammed Ali, ''the greatest'' s'en est allé
 Décès de Papa Wemba : les hommages se multiplient
 
Afrique      Afrique Du Sud      Barack Obama      Benin      Bons Plans      Burkina-faso      Cameroun      Caraïbes      Célébrités      Congo Brazzaville      Cote D'ivoire      Diaspora Africaine      Diversité      France      Gabon      Ghana      Haïti      Livre      Mali      Nigeria      Racisme      Rdc      Senegal      Tchad      Togo     
 
 



   
 
Le site des femmes noires et métissées | Grioo Village | English version