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Je m’arrêterai d’abord sur le titre pour dire que si contradiction il y a, ce n’est certainement pas entre l’Energie et l’Economie.
Au contraire, des études ont montré qu’il y a une très forte relation, une corrélation positive (disent les économètres) entre l’accès à l’électricité par exemple et la croissance économique ou le développement économique (mesuré par le PIB ou l’IDH). Il est néanmoins nécessaire de garder à l’esprit le traditionnel problème de causalité entre deux variables corrélées. Peut-on affirmer que l’accès à l’énergie entraîne mécaniquement le développement économique ? Ou au contraire, est-ce la croissance de l’activité économique qui favorise la consommation énergétique ?
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Il y a une corrélation positive entre l'accès à l’électricité et la croissance économique |
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Yris Fondja |
Il est difficile d’apporter une réponse définitive à ces questions, tant les travaux qui les ont abordées ont abouti à des conclusions différentes et même parfois contradictoires. En ce qui concerne le Cameroun, mes tests économétriques ont clairement établi une relation de causalité de l’Energie vers le PIB, autrement dit, la croissance économique est tirée par la consommation d’énergie. Ce qui est finalement un résultat assez intuitif. On peut donc dire qu’il y a effectivement co-développement entre l’Energie et l’Economie. |
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Eclairer New York nécessite beaucoup d'énergie
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Par contre, la contradiction serait plutôt entre l’Energie et l’Environnement puisque la production et la consommation d’énergie sont à l’origine d’importants dégâts environnementaux. D’après le 4ème rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) publié en 2007, l’utilisation des combustibles fossiles (charbon, gaz et pétrole) est la source principale de l’augmentation des émissions anthropiques de CO2 dans l’atmosphère. Le dioxyde de carbone est le plus important des gaz à effet de serre, lesquels sont responsables des multiples dérèglements de notre planète.
Encore objet de contestation dans son principe, dans ses causes et dans ses effets il y a peu de temps, le réchauffement du système climatique depuis les rapports du GIEC, fait l’objet globalement d’un consensus indiscuté. Les scientifiques s’accordent désormais sur le changement climatique, sur le fait que les conséquences des variations possibles de température sont potentiellement catastrophiques pour l’humanité, et sur la contribution humaine à ces bouleversements.
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Les pays du Sud (parce que plus sensibles et moins armés) sont les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement planétaire et du changement du climat et de l’environnement |
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Yris Fondja |
Par ailleurs, outre les problèmes de pollution engendrés aussi par la consommation des énergies fossiles, la contradiction entre l’Energie et l’Environnement se manifeste également dans les pays pauvres par les phénomènes de déforestation, de réduction de la biodiversité, d’érosion des sols et finalement de désertification. Car pour satisfaire leurs besoins énergétiques, les populations n’ont souvent d’autre choix que l’auto-approvisionnement en combustibles domestiques (biomasse-énergie) assuré par des prélèvements toujours plus élevés sur le couvert végétal. De façon générale, l’opposition Environnement-Economie concrétisée par l’impact des techniques sur le milieu naturel des êtres vivants aurait pu être questionnée, mais cela irait au-delà des ambitions de cet ouvrage. |
Dans ce livre, j’explore dans une première partie les liens entre la production/consommation d’énergie et le développement économique d’une part, et d’autre part, l’impact que peuvent avoir ces activités sur l’environnement. Ces impacts englobent la déforestation, l’érosion des sols, la désertification, la pollution et surtout le changement climatique. Les pays du Sud (parce que plus sensibles et moins armés) sont les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement planétaire et du changement du climat et de l’environnement.
Ensuite dans une deuxième partie, j’interroge les stratégies permettant de développer de façon durable le secteur énergétique des pays en développement. J’y analyse les avantages que procurent la diversification et/ou la localisation des sources et systèmes de production d’énergie en termes de sécurité d’approvisionnement, de respect de l’environnement et d’offre appropriée pour la satisfaction des besoins énergétiques. Les énergies renouvelables ont un rôle essentiel à jouer dans cette diversification.
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j’interroge les stratégies permettant de développer de façon durable le secteur énergétique des pays en développement |
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Yris Fondja |
Même si elles sont quelquefois intermittentes avec un rendement variable, l’utilisation d’une combinaison de sources permettrait d’avoir un approvisionnement énergétique régulier et fiable. L’autre stratégie concerne la régulation, c’est-à-dire l’ensemble des mesures qui permettent de proposer le meilleur service au meilleur prix, tout en donnant suffisamment d’incitations à long terme pour l’investissement. |
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Cameroun : pourquoi malgré le potentiel y a t-il encore pénurie d'énergie électrique ?
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Enfin dans la troisième partie, j’examine la situation du Cameroun et j’essaie notamment de comprendre pourquoi les choses ne marchent pas ? Pourquoi malgré le potentiel et les différentes réformes il y a encore pénurie (d’énergie électrique en particulier) ? Les réponses à cette question sont multiples et variées, et tiennent principalement à la nature de cette ressource.
En effet, l’électricité ne se stocke pas (ou difficilement), et l’énergie produite doit être instantanément consommée, en respectant un équilibre entre l’offre et la demande, sous peine de voir les réseaux s’effondrer. Il faut donc la transporter des zones de production vers les zones de consommation, la configuration en longueur du Cameroun, l’éloignement des zones rurales et la vétusté de certains réseaux MT et HT n’aidant pas franchement les choses. Un autre problème qui limite l’attractivité des projets électriques, c’est qu’il s’agit d’un secteur hautement capitalistique et de long terme.
Produire, transporter et distribuer l’électricité exige des durées d’amortissement d’autant plus longues que les investissements sont importants. Il est alors primordial pour les investisseurs et opérateurs de s’assurer que les conditions de sécurisation à long terme de leur engagement seront garanties et que le cadre institutionnel et réglementaire permet une rentabilisation juste des capitaux investis.
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Pour conclure et ouvrir le débat, je propose que pour mettre en œuvre un développement énergétique durable au Cameroun, un accent soit mis sur la diversification avec par exemple le développement des énergies renouvelables (micro-hydraulique, énergie solaire, biomasse) en parallèle de l’exploitation de l’hydroélectricité et des hydrocarbures. Une refonte du cadre institutionnel et réglementaire comme opérée par la loi du 14 décembre 2011 est la bienvenue. Mais pour véritablement inciter à l’investissement privé, ses textes d’application doivent être rapidement adoptés et publiés, notamment le texte portant organisation et fonctionnement de la société de transport et de gestion du réseau de transport (GRT).
Yris D. FONDJA WANDJI est Docteur en Sciences économiques de l’Université Paris-Dauphine (Centre de Géopolitique de l’Énergie et des Matières Premières). Il est également Ingénieur en génie électrique et a publié en 2007 Le Cameroun et la question énergétique : Analyse, bilan et perspectives. |
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