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Les choses se gâtent une fois de plus en Guinée Conakry. Au lendemain du limogeage du Premier ministre consensuel, Lansana Kouyaté, nommé à la suite d’un accord de partage du pouvoir l’an dernier après des manifestations des syndicats contre le président Lansana Conté.
En remplaçant unilatéralement M. Kouyaté par Ahmed Tidiane Souaré, le chef d’Etat guinéen, très autoritaire, vient de rompre le pacte de stabilité qu’il était parvenu à établir avec le peuple après les violentes manifestations qui ont secoué cette république en février 2007. C’est d’ailleurs curieux que Lansana Conté ait pris de son propre chef la décision de se séparer de son PM. Si ce n’est de la provocation, ça y ressemble parfaitement. Il n’a fallu que quelques mois pour que cette collaboration, dictée par la rue, prenne fin.
C’est donc normal que les leaders syndicaux estiment que l’éviction de l’ancien locataire de la primature constitue une violation manifeste des dispositions de l’accord de février dernier. Et avant que les syndicats descendent dans la rue, ce sont les militaires qui font entendre les bruits de bottes. Avec, pour prétexte, le non-paiement de leurs arriérés de salaires, qui datent de 1996. S’ils ont investi le camp Alpha-Yaya-Diallo de Conakry, la plus grande garnison de la Guinée, c’est parce que Lansana kouyaté leur avait promis le règlement de ces arriérés. |
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Or ce n’est pas évident que le nouveau premier ministre, appartenant à la vieille garde du grabataire de Wawa et accusé à tort ou à raison d’être incompétent, s’attelle à résoudre ce problème ; lui qui figurait sur une liste de politiciens tenus pour responsables de la mauvaise gestion des ressources publiques. Si ce n’est un recul de la bonne marche du régime de Conté, ce n’est en tout cas pas une avancée. Et bonjour une nouvelle crise sociale aux conséquences incalculables.
L’homme fort de Conakry, qui avait affirmé en son temps qu’il est certes « malade des pieds, mais bien portant dans la tête », doit certainement se mentir à lui-même. Sinon on ne voit pas quelle mouche l’a piqué pour qu’il agisse de la sorte. Il doit certainement avoir oublié que l’accord entre les syndicats et le gouvernement a été négocié par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). C’est à se demander si nous sommes effectivement dans une république.
Maintenant la question qui reste pendante est de savoir que ce que vont faire les centrales syndicales ; elles qui avaient laissé tomber leur lutte farouche à l’occasion de la nomination de Lansana Kouyaté. En tout cas, ce n’est pas le peuple guinéen qui se hasarderait une nouvelle fois à descendre dans la rue, la première tentative ayant fait de nombreuses victimes pour si peu de résultats :
les gens n’ont guère vu d’évolution tangible de leurs conditions de vie. Peut-être que cette fois, ce sont les militaires qui feront parler d’eux. Là, ce n’est pas pour arranger les affaires du général-président malade. Car, si aujourd’hui, ce pays est malade, c’est bien de son chef d’Etat.
Kader Traoré
L’Observateur
www.lefaso.net |
Armée guinéenne : Cinéma ou malaise profond ? |

Les soldats guinéens savent se faire entendre. Il leur suffit de tirer des coups de feu en l’air, d’ériger quelques barricades et de séquestrer pendant quelques heures un haut gradé, et le tour est joué. Le général Lansana Conté, que l’on dit grabataire, voire agonisant, trouve alors une énergie débordante pour tenir des réunions de crise et pallier la situation.
En mai 2007, des mutineries avaient secoué le pays, faisant huit morts et de nombreux blessés. Mai 2008, bis repetita. Les soldats se remettent à leur ouvrage préféré, mais avec cette fois-ci moins de violences, en tout cas pour le moment. Une obscure histoire d’arriérés de primes serait à l’origine de cette nouvelle éruption du volcan militaire guinéen.
La question est de savoir si cette grogne est l’expression d’une profonde crise de confiance entre les hommes du rang et leur hiérarchie, ou une simple manifestation d’humeur pour se faire quelques sous. En tout état de cause, elle met le régime guinéen mal à l’aise et met à nu le type de rapport que celui-ci entretient avec son armée. Si les soldats se soulèvent pour un oui ou pour un non, c’est qu’ils savent que le pouvoir leur est redevable. Le système répressif de Conté est d’abord bâti sur l’allégeance que lui fait l’armée. Il en est ainsi de bien des régimes africains dont la survie ne dépend pas du bulletin de vote des citoyens mais plutôt du soutien sans faille de l’armée. La démocratie et le développement, seules conditions de la stabilité, sont susurrés du bout des lèvres.
Les réflexes des Etats d’exception sont toujours de mise malgré les artifices démocratiques que confèrent la présence de certaines institutions et l’organisation régulière d’élections. On préfère gérer les caprices de la soldatesque dont on tire sa légitimité, en mettant de côté les intérêts du peuple et de la nation. Conté a fait ce choix. Cette énième mutinerie en Guinée n’est donc pas la dernière. Les militaires savent ce que Conté leur doit. Ils exploiteront le filon jusqu’à épuisement.
Mahorou KANAZOE
Le Pays
www.lefaso.net
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