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L'hyper-inflation du Zimbabwe est en train de détruire l'économie, précipitant ainsi la majorité de ses habitants dans la pauvreté et forçant des millions de Zimbabwéens à émigrer. Depuis 1997, l'inflation a crû de 1.030.217 %, tandis que le niveau de vie (mesuré par le PIB réel par habitant) a baissé de 35 %.
Par ailleurs, l'hyper-inflation a provoqué la dépréciation de l’épargne des individus et du capital des institutions financières en rendant les taux d'intérêt réels négatifs. L’émergence de cette forme de spoliation est due, en grande partie, aux lois et aux réglementations forçant les institutions financières (fonds de pension, compagnies d'assurance, sociétés de construction et banques) à acheter des bons du Trésor - dont le rendement représente seulement une petite fraction du taux d'inflation actuel, ou à faire des dépôts non rémunérés à la Banque centrale du Zimbabwe.
Dans un tel contexte, il n’est pas étonnant que la valeur du dollar du Zimbabwe dégringole. Le dollar Zimbabwéen (ZWD) emprunte sinistrement la même trajectoire qu’a suivi le Mark pendant la grande hyper-inflation allemande des années 1920. Malheureusement, le constat ne se limite pas à ces effets destructeurs, car le pire reste à venir. En effet, les économistes du secteur privé s'attendent à ce que le PIB du Zimbabwe baisse de 12 % en 2007, alors que le Fond Monétaire International prévoit que l'inflation annuelle pourrait excéder 100.000 % à la fin de l'année. |
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Comme j’ai pu conclure dans mon dernier livre « Zimbabwe : de l'Hyper-inflation à la Croissance », la façon la plus rapide et fiable d'arrêter l'hyper-inflation au Zimbabwe passe par le remplacement du système bancaire centralisé par un nouveau régime monétaire. Une telle décision constituera à la fois un signal de rupture nette avec les pratiques à l’origine de l'hyper-inflation, et une assurance fiable pour les Zimbabwéens d’un maintien du taux d’inflation à des niveaux relativement bas.
Le régime monétaire qui arrêterait l'hyper-inflation au Zimbabwe n’est autre que le système de banque libre. Celui-ci implique que les banques privées émettent des billets (la monnaie-papier) et d'autres titres dans un cadre minimal de régulation. Un système bancaire complètement libre signifie l’absence d’une banque centrale, de prêteur en dernier ressort, d’exigences de réserves, et l’absence de restrictions légales sur la structure des portefeuilles des banques, sur les taux d'intérêt, ou sur le succursalisme bancaire. |

Le système de banque libre n’est pas une nouveauté dans la mesure où il a déjà existé dans presque 60 pays durant tout le XIXème siècle et au début du XXème siècle. D’ailleurs, le Zimbabwe possédait déjà un système de banque libre du temps de la première banque établie en 1892 jusqu'à ce que l’Etat lui substitue un directoire monétaire (Currency board) en 1940. Le système de banque libre au Zimbabwe était réputé être parmi les systèmes les moins réglementés qui aient jamais existé. À l'époque, le pays avait seulement deux banques commerciales, la Banque Standard de l'Afrique du Sud et la Banque de l'Afrique (devenue plus tard une composante de la Banque Barclays).
Ces deux banques ont émis des billets libellés en livres et maintenu toujours la parité entre leurs livres, émises de façon privée, et la livre sterling sauf pendant la première guerre mondiale et les quelques années qui suivirent, quand la livre locale flottait avec la livre sud-africaine (le prédécesseur du Rand) « contre » la livre sterling. Le système de banque libre au Zimbabwe a disparu non pas parce qu'il était défaillant, mais parce que l’Etat voulait capter la rente liée au monopole de l’émission des billets.
Bien que le système de banque libre puisse sembler peu familier, les principes de concurrence qui le sous-tendent ne le sont pas, parce qu'ils sont déjà à l’œuvre dans le système de banque de dépôt. D’habitude, nous ne pensons pas aux dépôts des différentes banques commerciales comme étant des types différents de monnaie. En fait, ces dépôts peuvent être considérés au moins comme des marques différentes d'une unité de compte commune. En effectuant un dépôt dans une banque plutôt que d'autres, le déposant exprime sa préférence pour la gestion de cette banque, pour son portefeuille et pour ses services par rapport à ceux de ses concurrentes. |

Le système de banque libre permet d’élargir l’objet de la concurrence de la collecte des dépôts à l’émission des billets. En pratique, la multiplicité des marques de billet n’a pas créé, en règle générale, de problèmes pour les systèmes bancaires libres, pas plus que la multiplicité des marques de dépôts n’en a créé dans les systèmes bancaires centralisés ou dans d'autres systèmes.
Dans un système de banque entièrement libre, le secteur admet tout acteur (local ou étranger) du moment qu’il remplit les exigences commune au monde des affaires (enregistrement de l’entreprise avec une adresse physique, désignation publique des dirigeants, déclaration périodique de la liste des actionnaires, et publication des états financiers). La concurrence permet d’éliminer les entreprises moins performantes dans la satisfaction des besoins tels qu’ils sont exprimés par les clients. A ce titre, il semble que, par expérience, les usagers de la banque cherchent toujours l'assurance que leurs dépôts soient gérés par une banque financièrement solide.
C'est pourquoi la tendance est, presque partout, en faveur du développement d’un petit nombre de banques de grande taille, fortement compétitives pour dominer le marché mais laissant des niches pour de petites banques servant des clientèles spécifiques. Comme c’est le cas pour les banques de dépôt, l’expérience historique semble suggérer qu’à terme ou peut-être même immédiatement l’émission de billets sera dominée par un petit nombre de grandes banques. |

Dans le système de banque libre, les banques auraient la liberté d’émettre les titres de dépôts et faire circuler les billets dans n’importe quelle devise (dollar américain, rand sud-africain, or, etc.). Dans les anciens systèmes bancaires libres, elles ont convergé vers une unité de compte unique, typiquement l'or ou une devise étrangère. Au Zimbabwe il est tout à fait possible qu'elles convergent vers le Rand sud-africain. Cependant, le système de banque libre laisse aux banques et aux clients la liberté et donc la possibilité de découvrir ce qui répond le mieux à leurs besoins ; il ne présume pas que l’Etat connaît déjà les réponses.
Steve H. Hanke est Professeur-chercheur en économie appliquée
à l'Université John Hopkins (USA)
Avec la collaboration de www.UnMondeLibre.org |
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