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Mamadou Koulibaly a donc fini par claquer la porte et créé son propre parti, le LIDER (Liberté et démocratie pour la République). Longtemps marginalisé au sein du FPI, il était devenu, après l’avènement du nouveau régime, par la force des choses, le numéro un du parti de l’ex-président Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI). L’homme s’était alors donné pour tâche de recoller les morceaux d’une organisation en déroute du fait de l’arrestation de plusieurs de ses dirigeants.
On pressentait ce départ du chef du Parlement ivoirien. Universitaire et économiste, Mamadou Koulibaly est, comme le nouveau chef de l’Etat Alassane Dramane Ouattara (ADO), originaire du Nord de la Côte d’Ivoire. Au lendemain de la chute de Laurent Gbagbo, il était devenu chef par intérim du FPI.
Lors d’une sortie médiatisée, il avait laissé entendre qu’il voulait rebâtir le parti, faire vivre une "opposition forte" face au "pouvoir présidentialiste absolu " du nouvel homme fort du pays. Mais il fut mis en minorité par la faction la plus dure, celle des cadres, qui refuse de tirer un trait sur l’ère Gbagbo. Mamadou Koulibaly aura donc échoué dans sa tentative de prendre définitivement la direction du parti. |
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Mamadou Coulibaly et Guillaume Soro lors des festivités du cinquantenaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire sous l'ère Gbagbo
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Le départ de cet homme en disgrâce dans l’entourage du dictateur déchu, n’est pas en soi une surprise. Depuis un certain temps déjà, le torchon brûlait entre l’ex-chef de l’Etat et le chef du Parlement. Mamadou Koulibaly avait aussi maille à partir avec d’autres caciques du parti. Sans doute des éléments qui cherchaient activement à lui faire ombrage.
L’homme, considéré comme un pur et dur, à cheval sur les principes, s’était mis à dos une partie du staff par ses critiques à peine voilées de la gestion du pouvoir d’Etat par le clan présidentiel et ses inconditionnels. Se préoccupait-il déjà de sa propre survie politique ? Toujours est-il qu’aujourd’hui, cet homme qui a souffert le martyre pour avoir osé contester Gbagbo avant la crise, semble avoir l’avenir devant lui. Prévoyant, il avait sans doute senti son heure venir après la chute du régime Gbagbo. D’où cette ambition de chercher à réorganiser et relancer le parti. Mais allait-on, et devait-on le laisser faire ?
Toujours est-il que la frange qui lui est hostile au sein du FPI aura finalement réussi à le faire partir, de gré ou de force. Son avenir politique ? Celui qui, sous Laurent Gbagbo, était le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, a fait ses adieux au FPI. Même s’il s’abstient de préciser l’identité de ses partisans, l’on présume que Mamadou Koulibaly va tenter de s’appuyer sur différentes bases pour organiser son mouvement. |
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Simone et Laurent Gbagbo
©
reuters |
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Récemment, il avait pris les commandes du CNRD (le Conseil national de la résistance pour la démocratie). Une instance créée il y a quelques années, par Simone Gbagbo, pour donner la réplique au RHDP, le Rassemblement des Houphouëtistes. Le CNRD regroupe les partis naguère alliés à Laurent Gbagbo, plusieurs syndicats dont celui des jeunes de la FESCI (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire), et diverses organisations de la société civile.
Le Front populaire ivoirien décapité, Mamadou Koulibaly pourrait obtenir des ralliements avec l’ambition de jouer le rôle du principal opposant au nouveau régime ivoirien. Mais qui parviendra-t-il à recruter au sein du FPI ? Quelles troupes vont le rejoindre ? Les conditions d’évolution du FPI, ses risques d’éclatement, nous les avions évoqués dans nos précédentes éditions.
Mais pour la vitalité de la démocratie dans ce pays frère, la disparition de ce parti ne serait pas souhaitable. En effet, en dépit de ses nombreuses erreurs de parcours, nul ne peut nier la contribution du FPI à l’éveil des consciences, à la mobilisation et à la combativité du peuple ivoirien. Cette effervescence s’est soldée par l’avènement du multisyndicalisme et l’instauration du multipartisme en Côte d’Ivoire. Reste néanmoins à savoir si les Ivoiriens seront encore disposés à accorder une quelconque crédibilité au FPI, étant donné les dégâts enregistrés sous l’ère Gbagbo. |

La conduite de Mamadou Koulibaly a l’avantage d’être claire. En créant son parti, il voudrait peut-être redorer son blason, se fabriquer une sorte de virginité politique. Mais, le départ de ce leader ne pourrait-il pas signifier autre chose ? Par exemple, que l’avenir du FPI est en péril ? Que sa descente aux enfers aurait déjà commencé ? Ce départ de Mamadou Koulibaly va-t-il provoquer la disparition du FPI et de tout son héritage du paysage politique ivoirien ? Combien de militants pensent comme lui ? Combien aspirent à partir, sinon à le rejoindre ? Que vaudrait aujourd’hui le nom FPI en Côte d’Ivoire ? Sûr au moins que même s’il survit à l’effritement et à la mort, le parti bâti par Laurent Gbagbo et ses compagnons ne sera plus comme avant.
On le voit, contrairement aux vociférations d’un certain Blé Goudé, de triste mémoire, le nouveau régime ivoirien conduit par Alassane Dramane Ouattara (ADO) a créé un environnement politique assez assaini pour favoriser l’émergence de nouvelles forces politiques et sociales. Sous le règne du FPI, la critique et la contestation n’étaient point tolérables. Surtout pas au sein du parti gouvernemental de l’époque. Il faut donc situer le départ de Mamadou Koulibaly dans un contexte de paix et de restauration continue des libertés démocratiques.
Si Mamadou Koulibaly reste logique avec lui-même, il devra s’efforcer d’œuvrer à la construction d’un véritable Etat de droit démocratique en Côte d’Ivoire. C’est dire combien son concours est attendu en tant qu’opposant critique vis-à-vis du pouvoir d’Etat. Puisqu’il l’avait lui-même promis, il est vivement attendu sur ce plan. Car, plus que jamais, le peuple ivoirien veille sur la marche du processus démocratique. C’est ce peuple qui, lors des prochaines échéances électorales, devra décider en toute liberté du sort des acteurs politiques. Un véritable test de popularité qui permettra de faire la décantation rendue nécessaire dans le magma politique actuel.
"Le Pays" |

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