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La semaine dernière, les Etats-Unis ont annoncé être prêts à aider l'Union européenne en rachetant ses dettes. S'agit-il là d'un geste philanthropique ? Pas le moins du monde si l'on en croit O'Driscoll, analyste au Cato Institute, et ancien vice-président de la Federal Reserve Bank de Dallas et plus tard de la Citibank. Dans cette contribution, l'auteur met en évidence les risques que l'économie américaine encourt, notamment à travers les opérations de financement, l'émission de CDS et l'exposition encore inconnue sur les marchés des dérivés des banques américaines aux dettes européennes. |
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Quand un plan de sauvetage n'est-il pas un plan de sauvetage ? Lorsque le sauveteur est à court de fonds. Le plan pour régler le problème de la dette annoncé récemment dans l'Union européenne est intenable à presque tous les égards.
La crise de la dette n'est pas seulement un problème européen, mais une crise financière outre-Atlantique. Les problèmes de dette écrasante de chaque côté de l'océan sont interconnectés par le système bancaire.
D'abord, du côté de l'UE. Le dilemme sous-jacent est que les gouvernements ont promis à leurs citoyens toujours davantage de programmes sociaux qui ne peuvent être financés par les recettes fiscales générées par le secteur privé. Des taux d'imposition élevés étouffent la croissance économique nécessaire pour financer les promesses. L'activité économique s’enfonce dans l'économie souterraine, où elle échappe souvent à la fiscalité.
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Le plan pour régler le problème de la dette annoncé récemment dans l'Union européenne est intenable |
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Cela n'est nulle part plus vrai qu’en Grèce, un pays avec une longue histoire de défauts souverains aux 19ème et 20ème siècles. On y trouve un secteur public pléthorique, et un secteur privé concurrentiel entravé par une réglementation inique et des barrières à l'entrée imposées par l’État. Les gouvernements grecs successifs ont pratiqué les déficits budgétaires chroniques, et les banques grecques ont beaucoup prêté à l’État. Et les banques d'autres pays européens, comme la France, ont prêté aux banques grecques…
En Grèce et ailleurs dans l'UE, les banques soutiennent l’État en achetant ses obligations, et le gouvernement garantit les banques. C'est une chaîne de Ponzi que même Bernard Madoff ne pourrait avoir concocté. Les banques ne peuvent plus se permettre de financer les déficits budgétaires, mais elles ne peuvent pas se permettre de voir les États faire défaut. Les États ne peuvent tenir leur garantie des banques.
Les détails diffèrent, bien sûr, selon les pays. En Irlande, les problèmes ont commencé avec un secteur immobilier en surchauffe qui a fait tomber les banques. L'économie est entrée en dépression, ce qui a plongé le budget de l’État dans le déficit. La décision du gouvernement de garantir les dépôts bancaires, convertissant la dette privée du secteur financier en dette publique, a aggravé davantage le déficit. La situation diffère de celle de la Grèce, mais le lien entre l’État et les banques est le facteur commun. |
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Angela Merkel et Nicolas Sarkozy le 5 décembre 2011 à Paris
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La croissance de la France est faible, voire inexistante. La performance de l'économie allemande a été honorable depuis la récession, mais l'exposition de ses banques au risque croissant en UE devient toujours plus préoccupante. En outre, les banques et les institutions financières américaines sont exposées au risque lié aux banques européennes à travers des opérations de financement, l'émission de CDS et une exposition encore inconnue sur les marchés des dérivés.
La Réserve fédérale s'est engagée dans des swaps de devises avec la Banque centrale européenne pour soutenir les besoins en dollars des banques de l'UE. La BCE dépose des euros (ou les actifs libellés en euros) à la Fed et reçoit des dollars en retour. Elle promet de rembourser en dollars et avec des intérêts. La Fed maintient qu'elle ne peut pas perdre de l'argent parce que la BCE promet de rembourser les swaps en dollars. Et pourtant, avec le monde qui croule sous les billets verts, il est difficile de comprendre pourquoi il a même été nécessaire pour la Fed et la BCE de s'engager dans ces transactions, sauf à voir que cela suggère des problèmes de financement de certaines banques de l'UE.
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La BCE peut imprimer des euros mais pas des dollars (...) La triste réalité est qu'il n'y a pas assez d'argent dans l'UE pour rembourser les dettes publiques contractées par les États |
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Et si ni les banques de l'UE, ni la BCE ne peuvent garantir assez d'argent nécessaire sur les marchés mondiaux, il y a un sérieux risque de contrepartie à la Fed. La BCE peut imprimer des euros mais pas des dollars. Le Sénateur républicain d’Alabama Richard Shelby, haut responsable de la commission bancaire du Sénat, a eu raison de soulever la question de la politique de la Fed la semaine dernière. Des pertes au bilan de la Fed frappent le contribuable américain, pas les citoyens de l'UE. |

La triste réalité est qu'il n'y a pas assez d'argent dans l'UE pour rembourser les dettes publiques contractées par les États. La plupart de ces États pressent depuis longtemps leurs citoyens au maximum pour en tirer des recettes fiscales. C'est pourquoi le dernier jouet en date est… une taxe sur les transactions financières - la seule activité restante non taxée dans toute l'Europe.
La Grèce n’est que le premier d'autres défauts souverains à venir. Avec les derniers renflouements, les dirigeants de l'UE ont pu acheter du temps, peut-être un an. Mais dans tous les cas, à un certain point, la BCE cédera et monétisera la dette, menant à une inflation de la zone euro.
Les Américains ne doivent pas se montrer suffisants à l’égard de la souffrance des Européens, car le système financier US est complètement intégré avec le leur. Par ailleurs, dans le cas de futurs renflouements, le Fonds monétaire international sera probablement impliqué et aura besoin de fonds importants de la part de ses membres, ce qui signifie en définitive les contribuables.
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La Grèce n’est que le premier d'autres défauts souverains à venir |
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Et, bien sûr, les Etats-Unis ont leur propre fardeau de la dette publique, important et croissant. Les USA n'ont pas été aussi loin que l’Europe sur la route des droits sociaux non financés, mais ils la rattraperont. Pour avoir une idée de comment la crise de la dette va se jouer aux États-Unis, il suffit de regarder le maelström en Europe.
D’ici là, il faut s’attendre à davantage de volatilité sur les marchés financiers. Les traders américains, en particulier, n'ont tout simplement pas saisi l'ampleur de la crise de la dette de l'UE.
Gerald P. O'Driscoll, est analyste au Cato Institute, et un ancien vice-président de la Federal Reserve Bank de Dallas et plus tard de la Citibank.
Publié en collaboration avec www.unmondelibre.org |
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