 |
|
 |
|
 |
 |
 |
 |
 |
|
 |
 |
Jean-François Amadieu
©
communautarisme.net |
 |
 |
|
 |
|
 |
|
 |
 |
|
|

Le 10 juin, la Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations) désignait nommément des entreprises coupables de pratiques discriminatoires lors de leur recrutement. Ces conclusions résultaient de testings pratiqués sur le site Accor Jobs (site de recrutement du groupe Accor et ses filiales), chez le Crédit Agricole et chez Mercuri Uval (cabinet de recrutement). Selon l'enquête, il apparaît que sur l'ensemble des entreprises testées, les candidats susceptibles d'être discriminés en raison de leur origine ont 22,77% de chance de moins d'être convoqués à un entretien. La proportion passe à 42,17% pour les candidats âgés de plus de 45 ans. Mais beaucoup ont trouvé à redire quand aux méthodes de l'organisme.
En effet, il n'y a pas que les entreprises épinglées mardi pour leurs pratiques à l'embauche qui contestent les résultats du testing mené par la Halde. Malek Boutih, secrétaire du PS chargé des questions de société, estimait le 11 juin que l'organisation avait fait preuve « d'amateurisme ». « Je trouve surprenant qu'une institution, une haute autorité administrative, ne fasse pas mieux que ce que je faisais à SOS Racisme pour 50 fois ou 100 fois moins cher qu'eux », a-t-il lâché.
Testés mais non épinglés, Total et Sanofi-Aventis ont également émis de sérieuses critiques, parlant de « nombreuses erreurs », de « méthodologie un peu douteuse » et de « manque de rigueur ». Samuel Thomas, vice-président de SOS Racisme, et inventeur de la procédure de testing – reconnue comme élément de preuve par la Cour de cassation – a également remis en cause la méthodologie de l'étude. Il a indiqué que « les entreprises ne peuvent être mises en cause par un testing sociologique. Pour prouver qu'il y a bien discrimination, deux CV doivent être adressés à l'entreprise. Ils sont identiques au plan des compétences, mais différents en matière de nom ou de couleur de la peau ». « Il faut bien vérifier qu'un CV est refusé pour cette dernière raison en appelant notamment le responsable du recrutement pour obtenir son avis. Ensuite, le testing doit être suivi d'une enquête de l'inspection du travail ou de la police pour trouver des éléments complémentaires. Il convent ensuite de fusionner les expertises pour apporter la preuve de la discrimination », a-t-il poursuivi.
Ce à quoi Jean-François Amadieu, directeur de l'observatoire des discriminations, qui a dirigé ce testing pour la Halde, a répondu qu'il s'agissait d'intox. « Nous avons pris beaucoup plus de précautions que dans les enquêtes habituelles de ce genre, y compris celles du BIT (Bureau international du travail). Personne n'ignorait du reste les réactions que nous aurions », s'est-il défendu sur Europe 1. « S'il n'y a aucun problème, eh bien je l'annonce ici: on vient d'apprendre qu'il n'y a aucune discrimination dans les entreprises du CAC 40. Je veux bien qu'on essaie de casser le thermomètre mais ça ne réglera pas le problème », a-t-il ajouté.
Selon l'étude publiée par la Halde, Accor Jobs a été épinglé pour discrimination à l'égard des « personnes d'origine africaine », le crédit Agricole et Mercuri Uval à l'égard des candidats les plus âgés. Les tests ont été réalisés entre juillet et décembre 2007 et ont porté sur vingt entreprises tirées au sort. Parmi les vingt, quinze entreprises du CAC 40 et cinq cabinets de recrutement ou d'intérim.
|