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Caroline du Nord : une défaite presque fatale pour Hillary Clinton |

La Caroline du Nord et l’Indiana étaient deux Etats qui devaient permettre à Hillary Clinton de montrer qu’elle avait encore une petite chance de l’emporter. Mais sa large défaite (15 points d’écart) en Caroline du Nord et sa courte victoire (2 points d’avance) dans l’Indiana s’apparentent désormais plutôt à un chant du cygne.
Les analyses des éditorialistes américains convergent : la vraie question est désormais de savoir quand Hillary Clinton déclarera son retrait de la course à la Maison-Blanche, faisant du même coup de Barack Obama le candidat du parti démocrate face à John McCain. Plusieurs événements laissent en effet à penser que ce sera le cas.
Tout d’abord, plusieurs membres de l’équipe de campagne de la sénatrice de New York se sont exprimés. Bien qu’officiellement le discours consiste à dire que "tout reste possible et qu’Hillary Clinton n’abandonnera pas", plus personne en privé n’y croit réellement. |
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En privé, on reconnaît dans le camp Clinton que la fin est proche |
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Le jeune Bill Clinton fait campagne pour George McGovern en 1972
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rapidcityjournal.com |
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Un membre de l’équipe de campagne a ainsi déclaré sous couvert de l’anonymat que "cette bataille avait été perdue en février", c’est-à-dire à la période où Barack Obama a remporté les 11 victoires consécutives qui lui ont permis d’avoir une centaine de délégués d’avance, avance qui s’est même accrue ! Ainsi, avant les primaires du Texas et de l’Ohio, Obama avait environ 100 délégués d’avance contre environ 155 aujourd’hui. L’un des succès de l’équipe d’Hillary Clinton en matière de communication aura été de réussir à faire croire que la course pouvait durer.
Selon Lawrence O’Donnell, un éditorialiste du Huffington Post, un haut responsable de l’équipe de campagne d’Hillary Clinton pense qu’elle mettra officiellement fin à sa course à la Maison Blanche d’ici le 15 juin : "il (le conseiller) n’a pas pu se résoudre à prononcer les mots ‘Hillary abandonnera d’ici le 15 juin’, mais c’est clairement ce qu’il voulait dire. Je continuais à répliquer ‘donc Hillary abandonnera d’ici le 15 juin’ tandis que lui continuait à dire ‘nous aurons un nominé d’ici le 15’(...) L’équipe de campagne d’Hillary Clinton n’a pas perdu contact avec la réalité. Certes en public les porte-parole semblent être perdus sur une planète exempte des lois de la gravité, mais en privé ils savent que la fin est proche".
Autre coup dur pour Hillary, George McGovern, candidat du parti démocrate en 1972 a annoncé qu’il soutenait désormais Barack Obama. McGovern, qui faisait partie des premiers soutiens d’Hillary Clinton en octobre 2007 ne cachait pas l’estime qu’il portait au sénateur de l’Illinois, mais pensait de ce dernier qu’il était assez jeune et qu’il aurait d’autres opportunités d’être candidat à la présidence. A l’époque, l’équipe Obama espérait que son admiration pour Barack Obama se transformerait en soutien de poids, mais cela n’avait pas été le cas. Aujourd’hui, McGovern pense que continuer la bataille ne peut qu’affaiblir inutilement le parti démocrate et menacer son unité. |
Erreurs importantes et finances chancellantes |
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Barack Obama prend l'avion pour Washington DC le 7 mai
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getty |
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Autre point crucial, les finances : à la suite de sa défaite, Hillary Clinton a annoncé qu’elle avait puisé dans ses ressources personnelles pour prêter 6,5 millions de dollars à sa campagne qui manquait sérieusement de trésorerie. Il y a quelques mois, elle avait déjà prêté 5 millions de dollars. Sans compter les factures non encore payées qui se monteraient à 10 millions de dollars.
Pour l’hebdomadaire "Time Magazine" (8 mai 2008), Hillary Clinton a commis plusieurs grosses erreurs :
- Elle n’a pas compris que l’heure était au changement, et a axé sa campagne sur l’expérience, l'inéluctabilité, et sur son nom qui est une véritable "marque" dans le monde de la politique aux Etats-Unis et ailleurs.
-Son camp ne maîtrisait pas les règles du jeu : certains observateurs reprochaient à Hillary Clinton d’avoir constitué son équipe sur la base de la loyauté et non de la compétence. (Elle avait dû se résoudre à démettre de ses fonctions Patti Solis Doyle remplacée par l'afro-américaine Maggie Williams au poste de responsable de sa campagne). Ainsi lors d’une session de stratégie de campagne l’année dernière, Mark Penn, responsable de la stratégie prédisait qu’en gagnant la Californie, Hillary Clinton aurait définitivement distancé ses concurrents car elle aurait remporté les 370 délégués attribués par l’Etat.
Le seul hic dans l’analyse, c’est que les démocrates, à la différence des républicains pratiquent une allocation proportionnelle du nombre de délégués là où les républicains attribuent l’ensemble des délégués d’un Etat à celui qui a remporté le plus de voix. Un des responsables du parti démocrate avait été surpris que Mark Penn, dont les talents politiques étaient vantés, ne maîtrise pas la règle de base de la campagne démocrate. (Nota : Mark Penn a contesté l'anecdote)
-Elle n’a pas pris en compte la puissance d’internet dans sa levée de fonds, mais misé sur les circuits traditionnels, sachant que la limite fixée par la loi américaine interdit à un individu de donner plus de 2300 dollars. Le modèle Obama lui misait sur le web et les petits donneurs (800 000 personnes se seraient enregistrées sur son site), pouvant donner 5, 10, ou 50 dollars. Plus de 100 millions de dollars ont été levés via internet. |
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Dans le sens des aiguilles d'une montre : David Plouffe, David Axelrod, Maggie Williams et Mark Penn. Les deux 1ers sont directeur et stratège de la campagne Obama tandis que Williams est la directrice de campagne d'Hillary et Penn son ex-stratège
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-Elle pensait que la campagne serait courte et qu’elle gagnerait rapidement. Selon elle, si elle gagnait l’Iowa (1er Etat à ouvrir les primaires), la bataille serait terminée. Malgré les sommes dépensées dans cet Etat, elle n’est arrivée que 3ème. Qui plus est, dans le camp Clinton, on pensait que le "super Tuesday" du 5 février serait le jour du K.O car plusieurs Etats importants votaient, mais aucune stratégie n’était prévue pour la suite !
Du côté d’Obama, on n’oubliait pas les échéances à venir tout en préparant les échéances proches. Ainsi, dès le 21 février, David Plouffe, le manager de la campagne de Barack Obama avait été aperçu en…Caroline du Nord. Il avait déclaré que la primaire dans cet Etat, qui allait avoir lieu dans plus de 10 semaines, "pourrait s’avérer être très importante dans la bataille pour la nomination". A l’époque, cela avait fait sourire, mais c’est finalement la victoire d’Obama avec 15 points d’écart dans cet Etat mardi 6 mai qui a presque scellé le sort d’Hillary Clinton.
Seulement six Etats (avec 217 délégués en jeu) doivent encore voter. Or Barack Obama dispose de 155 délégués d’avance (super délégués inclus). Et les délégués étant attribués proportionnellement au score réalisé, Hillary Clinton ne pourra pas refaire son retard. Sa seule chance serait de convaincre au moins 60% des super délégués qui ne sont pas encore prononcés qu’elle est la candidate qu’il faut au parti. |
Quelle stratégie de sortie ? |
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Hillary Clinton en campagne le 8 mai dans le Dakota du Sud
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daylife |
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Perspective qui est peu réaliste dans la mesure où Barack Obama a montré qu’il pouvait faire face aux coups durs (comme dans la polémique autour du pasteur Wright), qu’il avait créé un véritable engouement autour du parti, et amené un nouveau public chez les démocrates. La dynamique de la campagne (le "momentum" comme disent les éditorialistes américains) est à nouveau en sa faveur. Qui plus est, l’avance en nombre de super délégués d’Hillary Clinton fond (elle n’a plus que 11 super délégués d’avance contre 60 au soir du Super Tuesday!) au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’échéance. Nota : la chaîne américaine ABC estime que Barack Obama devancerait pour la 1ère fois au 9 mai Hillary Clinton en nombre de super délégués (267 contre 265).
Reste à savoir comment Hillary Clinton organisera sa sortie, et quelles "contreparties" elle va chercher à obtenir. Certains pensent qu’elle va négocier la présidence du sénat, ou demander à l’équipe d’Obama de payer ses dettes de campagne contre son retrait anticipé (mais cette hypothèse pourrait être contrariée par des dispositions juridiques). Etant une personnalité politique de premier plan, Hillary Clinton souhaitera probablement choisir son moment, et non être poussée vers la sortie par les pontes du parti démocrate ou par les partisans d’Obama.
D’autant qu’elle peut théoriquement rester dans la bataille tant que personne n’a atteint les 2025 délégués nécessaires pour être désigné candidat du parti. C’est sans doute comme cela qu’il faut interpréter la sortie de la présidente démocrate de la chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui a déclaré mercredi que "la bataille était bel et bien vivante, et allait continuer". C’est aussi comme ça qu’il faut interpréter la note qu’Obama a fait passer à ses équipes en demandant d’être respectueux vis-à-vis d’Hillary Clinton quand ils démarchaient les super délégués en cherchant à leur demander de se prononcer.
En tout état de cause, la conclusion est que plus grand monde, même dans son propre camp, ne pense qu’Hillary Clinton sera la candidate du parti démocrate aux Etats-Unis. |
Quelques chiffres |

source Realclearpolitics au 11 mai 2008
Barack Obama
Nombre de délégués (attribués après chaque primaire) : 1591
Nombre de super délégués (personnalités démocrates libres de choisir qui elles veulent) : 274
Nombre total de délégués : 1865
Hillary Clinton :
Nombre de délégués (attribués après chaque primaire) : 1426
Nombre de super délégués (personnalités démocrates libres de choisir qui elles veulent) : 271
Nombre total de délégués : 1697
Nombre de délégués restant à attribuer dans les six Etats restant : 217
Nombre de super délégués ne s’étant pas encore prononcés : 250
Nombre de délégués requis pour être désigné candidat : 2025
Barack Obama est désormais à 160 délégués de l’investiture. (328 pour Hillary Clinton) |
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