Sida: l'Afrique menace ...la France
Par FBInfo, mardi 29 novembre 2005 à 17:11 :: Général :: #600 :: rss
Selon les données du ministère de la Santé rapportée par Libération, si «les rapports hétérosexuels représentent en 2003-2004 le principal mode de contamination parmi les découvertes de séropositivité VIH (56 %)», les personnes d'Afrique subsaharienne représentent à elles seules la moitié des découvertes de séropositivité. Un taux impressionnant qui confirme une épidémie chez les migrants, réelle, solide. Et surtout qui prend de l'ampleur, en particulier chez les femmes.
En France, le sida en pleine recrudescence. selon le journal Libération, Sept mille nouveaux cas de séropositivité ont été dépistés en 2004.ce samedi matin, à l'occasion d'un colloque des «Elus contre le sida», Xavier Bertrand, ministre de la Santé, rend publics les tout derniers chiffres de l'épidémie en France. Et ils sont mauvais. Si, depuis quelques années, des signes inquiétants de relâchement des pratiques de safe sex avaient été notés, rien pour autant ne permettait d'affirmer que ce relâchement se traduirait automatiquement par une reprise des contaminations en France. Or, tel est le cas : en 2004, environ 7 000 personnes ont découvert leur séropositivité et 1 500 ont développé un sida. Des chiffres bien supérieurs aux années précédentes. En 2000, on parlait en effet de 3 000 à 4 000 nouvelles contaminations.
«Année noire». «C'est un échec, lâche un activiste d'Act Up. 2005, année où le sida a été déclaré grande cause nationale, se révèle être une année noire.» «Même dans un pays comme la France, l'infection au VIH et le sida restent un problème majeur, plus de vingt ans après la découverte du virus», note dans son éditorial le BEH (1). De fait, la situation se détériore sur trois fronts. D'abord celui des gays. La transmission du VIH se poursuit, voire augmente, chez les homosexuels. «En 2003-2004, ils représentent 39 % des découvertes de séropositivité chez les hommes. Ce pourcentage a augmenté entre le premier semestre 2003 (35 %) et le second de 2004 (43 %). Cette augmentation est particulièrement importante à Paris.» Le nouveau système de surveillance permet aussi de calculer dans certains cas si la contamination est peu ancienne. Or, la proportion d'infections récentes est aussi la plus élevée dans ce groupe (46 %), «ce qui peut être le reflet d'un relâchement des comportements de prévention observés depuis quelques années». Ces informations viennent amplifier les résultats des enquêtes (comme celle de Presse gay 2004) qui montraient une reprise des pratiques à risque chez les gays.
Second front : les migrants, et plus précisément les «hétérosexuels d'Afrique subsaharienne». Ce week-end, à Lyon, l'association Aides organise les premiers états généraux des migrants séropositifs. Troisième front enfin, les départements d'outre-mer en Caraïbe. En Guyane, l'incidence est quinze fois supérieure à la France métropolitaine. En Guadeloupe, deux fois et demie supérieure. «L'épidémie de VIH-sida se propage par voie sexuelle, principalement hétérosexuelle. Elle touche l'ensemble de la population de la Caraïbe.» Plus inquiétant, «le rejet des malades, la discrimination et l'exclusion représentent toujours en 2005 un frein majeur au dépistage».
Avis sévère. C'est dans ce contexte, à quelques jours du 1er décembre, journée mondiale du sida, que le Conseil national du sida (CNS), présidé par le professeur Willy Rozenbaum, a rendu public un avis sévère sur la politique actuelle en matière de prévention. Pointant un «manque de cohérence des pouvoirs publics», et stigmatisant l'absence de «parole publique forte». «Bien sûr, c'est aussi la faute de l'Etat, a analysé vendredi Christian Saout, président d'Aides. Mais qu'est-ce qu'a fait la société civile, en cette année de grande cause nationale ? Qu'est-ce qu'ont fait les chercheurs, et les médias ?»
(1) Bulletin épidémiologique hebdomadaire, sous la direction de Caroline Semaille et André Cabié.
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