Par Guy Everard Mbarga

De nombreux états d’Amérique Latine font preuve d’un relatif volontarisme forcé, opportuniste ou véritable. Des actions affirmatives pour permettre aux Afro descendants d’aller vers un rattrapage social sont mises en place dans les pays où l’activisme noir et la conscience afro sont forts. Mais le bout du tunnel reste invisible pour les noirs.

La solution pour les afro descendants serait donc de rechercher leur indépendance socio-économique et politique en vue d’améliorer leurs conditions de vie au sein de leurs différentes nations. Évidemment, certaines communautés noires, dans les pays où les afro descendants sont minoritaires ont réussis à acquérir cette autonomie, notamment du point de vue économique et social, interagissant d’égal à égal avec les autres acteurs de la vie économique et sociale. Mais, la très grande majorité vit dans la misère et c’est pour elle et par elle qu’une véritable révolution doit être menée.

Cet immense bouleversement, est bien sûr beaucoup plus difficile à réaliser que le fait de le suggérer dans une tribune.

L’indépendance socio-économique et politique ne signifie pas que les communautés afro-descendantes ne dépendront plus de la bonne volonté des pouvoirs publics, mais plutôt qu’elles pourront davantage compter sur elles-mêmes.

Pour en arriver là, il faudrait notamment que soit créée une sorte d’Internationale Solidaire Noire, ou Union Noire, qui dépasserait les divisions géographiques des nations, des sous-continents, et des continents.

Cette Internationale Noire serait chargée de créer un certain nombre d’institutions, d’organisations et de les chapeauter, et de collaborer avec celles existantes dont les objectifs cadreraient avec les siens. Il s’agirait un peu des Nations Unies Noires ou de l’Union Noire. Mais à la différence de l’Union Africaine ou de l’ONU, les personnes qui y siégeraient pourraient par exemple être bénévoles et seraient récompensées selon les résultats après leur mandat.

L’idée de ne pas avoir une organisation noire du type de l’Onu vient du fait que malgré tout son prestige et ses succès, la situation mondiale n’est pas meilleure que depuis sa création en 1945…

De même, l’institution financière qui aiderait les Afro descendants à lancer des projets ne devrait pas suivre les sentiers battus par la Banque Mondiale ou le FMI, au risque d’aboutir au même résultat.

L’objectif est que l’Internationale Solidaire Noire, de même que les institutions financière, sociale culturelle, éducative, entrepreneuriales etc., qui y seraient attachées ne deviennent pas des organisations pour experts, dont les populations noires ne perçoivent aucun effet dans leur vie quotidienne.

On pourrait avoir comme institutions :

- un organe chargé de mettre en place un système d’éducation afro parallèle qui aurait pour principal objectif de prendre en charge les jeunes Afro descendants ayant peu de moyens pour aller à l’école ou poursuivre des études supérieures, notamment ceux délaissés dans leurs nations respectives par l’État,

- une banque (avec plusieurs branches réparties géographiquement) ou tout autre système financier (tontine par exemple) pour financer à travers le monde les projets, par les afro descendants et pour les afro descendants et qui fonctionnerait comme toute autre banque avec pour but de générer des profits à réinvestir pour la cause,

- Un organe axé sur l’emploi et l’entreprenariat qui conseillerait les Afro descendants à la recherche d’un emploi ou voulant créer une entreprise ou entrer en affaires et les accompagnerait,

- une organisation juridique permettant de conseiller et de soutenir juridiquement les afro descendants à travers le monde,

- Un organisme de conseil axé sur les assurances et éventuellement une compagnie d’assurance,

- Un organe chargé de l’information et de la communication : notamment chargé d’informer les afro descendants sur les pays, les villes dans lesquels ils risquent d’être discriminés à travers le monde ou alors dans lesquels ils auraient le plus d’opportunités. Il publierait par exemple un classement des pays les plus dangereux ou les plus accueillants pour les Africains et les Afro descendants sur la base d’un réseau de témoins. On pourrait également imaginer dans ce cadre la création d’une radio, d’une chaine de télévision PANAFRO, des services de traduction pour une connexion linguistique. En terme d’information, cet organe pourrait également servir de contre poids fort servant à contrer toutes les initiatives des médias occidentaux de désinformation et de publication d’information massive et négative visant à faire adopter leur point de vue dénigrant sur l’Afrique, les Africains et les Afrodescendants (exemple de l’affaire Mugabe et de sa couverture inédite pour des raisons inavouées).

- Un organe chargé de la culture, du tourisme, de l’histoire etc.…

- Un organe en charge de la représentation politique et sociale qui viserait à soutenir les initiatives d’engagement politique et social des Afrodescendants au sein de leurs nations.

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Concernant le financement de tous ces organismes, divers modes pourraient être encouragés, notamment des cotisations des États Africains, des individus, sous forme de dons ou d’investissements rémunérés. On pourrait ainsi par exemple alimenter le capital de la banque par le biais de cotisations des États Africains, d’investisseurs Afros institutionnels et individuels.

De nombreuses organisations afro existent déjà et font un travail formidable visant à sortir les noirs de situations précaires. Une institution comme l’Internationale Solidaire Noire servirait à connecter, rassembler, unifier, raccorder toutes les autres après les avoir identifié et invité.

L’internationale Solidaire serait certes axée sur la solidarité, mais le but n’est pas d’être solidaire de façon charitable. Il s’agit plutôt d’aider les gens à s’aider, leur donner les outils pour se prendre en charge. Dans ce sens, les institutions selon leur domaine d’activité pourraient fonctionner sous la forme de parrainage ou de pairage.

Il existe dans le monde entier des afrodescendants ayant une expertise dans tel ou tel domaine, qui ont réussis à plusieurs niveaux et qui peuvent parrainer d’autres qui s’orientent dans le même domaine, par exemple en les guidant, en les conseillant. Ce serait d’une très grande utilité, dans la mesure où des fois, l’absence d’information, la difficulté d’accès à une information capitale peut tout changer dans une vie. Le parrainage ou le pairage serait possible dans plusieurs domaines, notamment l’éducation, l’entreprenariat, la culture, dans la recherche d’emploi.

Dans les différentes institutions, la direction pourrait être organisée de manière collégiale, avec une répartition des représentations qui pourrait être proche de la suivante : 4 représentants pour l’Afrique, 3 pour la diaspora en Europe, 2 pour l’Amérique du Sud, 1 pour l’Amérique Centrale, 3 pour l’Amérique du Nord, 2 pour les Caraïbes. Chacun des membres de la direction pourrait être chargé d’une des divisions ou sous division (Emploi et Entreprenariat, Justice et Droits Humains, Finance, Communication, Éducation, Emploi, politique, Culture et Loisirs).

L’ébauche ci-dessus n’est qu’une idée lancée qui ne prétend pas être parfaite ni complète et encore moins tout à fait nouvelle. Elle semblera utopique à certains, un rêve. Cependant, la connexion entre rêve et réalité peut s’effectuer, car le rêve n’empêche pas la possibilité de sa propre réalisation.