"Malheureusement, après quatre mois je me suis de nouveau défrisée les cheveux parce que je ne savais tout simplement pas ce que je faisais", affirme-Maeling Tapp, 25 ans, candidate à un Phd en Science des matérieux et en ingénieurie à Georgia Tech.

"Going Natural" est le terme utilisé par de nombreuses femmes africaines américaines qui décident de cesser le traitement chimique, ou de défriser leurs cheveux. C'est un geste qui peut être lourd de confusion, de faux pas et parfois de douleur, comme l'attestait en 2009 le documentaire "Good Hair" de Chris Rock.

Beaucoup de femmes ayant des cheveux de texture afro ne les ont pas vu dans leur état non dénaturé depuis leur enfance. Et même celles qui sont familiarisées avec la texture de leurs cheveux non traités ne sont pas confortables pour donner un style à leurs cheveux conforme à ce qu'elles jugent à la mode et approprié pour elles. Déterminer lequel des nombreux outils de soins capillaires et des produits sur le marché pourrait faire le travail peut rendre l'entreprise encore plus accablante.

Fatiguée des visites au salon, coûteuses en argent et accapareuses de temps, de nombreuses candidates aux cheveux "naturels" se tournent vers YouTube pour chercher l'inspiration, les instructions et d'autres personnes qui ont fait la paix avec leurs frises et leurs boucles.

Maeling Tapp indique que de regarder ces vidéos l'a incitée à prendre la caméra elle-même et à créer une chaîne YouTube, naturalchica.com.




" Je me suis dit":" Pourquoi ne pas simplement documenter mon propre parcours pour aider à garder une trace de ce qui fonctionne pour moi? "dit-elle. Elle espérait que d'autres apprendraient d'elle. "Je voulais contribuer à enrichir l'information disponible", ajoute-t-elle.

Le projet contribue également, modestement, à sa richesse personnelle. NaturalChica.com, le blog qui va avec la chaîne, attire assez de pages vues à tel point qu'elle vend de la publicité: ce qui signifie d'après elle plus d'argent que ce qu'elle gagnerait avec un programme travail-études typique payant le salaire minimum.

Il y a des centaines de femmes comme Maeling Tapp sur YouTube, qui vendent des lotions, des potions et des notions pour les cheveux naturels, ou qui postent des didacticiels vidéos sur la façon de réussir son look. Beaucoup d'entre elles ont un lien vers CurlyNikki.com, un site vieux de trois ans, fondé par Alicia Nicole Walton, une psychothérapeute qui a voulu créer un lieu pour que les femmes se réunissent en ligne et discutent de leurs problèmes de cheveux. Âgée de 28 ans, elle dit qu'elle voulait plaider pour les femmes qui ressentent la pression sociale qui les pousse à faire défriser leurs cheveux.

" Ma carrière en tant que thérapeute est très importante pour qui je suis, et ce que je fais, même avec mon personnage de CurlyNikki" , dit-elle. "C'est ce qu'on appelle la thérapie des cheveux."

Nicole Walton ajoute qu’en 2010, elle a gagné en brut autant en publicité sur son site qu'elle le faisait avec son travail de thérapeute. Elle indique que son but est d'ouvrir un cabinet "où je mettrais l'accent sur l'estime de soi et l'image corporelle, et je sais que dans ma clientèle, les cheveux reviendront souvent."

Entre temps, elle a créé une application gratuite pour téléphonie mobile, après que les membres de ses forums en aient demandé un de sorte que lorsqu'elles se trouveraient dans la section beauté à regarder les produits, elles aient, littéralement en main, leur personne ressource la plus fiable.

Kim Love, qui vit près de Washington, DC, et connue sous le nom de Kimmaytube, est une autre grande dame de la scène des cheveux naturels sur YouTube. Kim, 34 ans, a quitté une carrière de Consultant Manager qui lui procurait un revenu à six chiffres pour se consacrer à plein temps à la production de vidéos pédagogiques sur les cheveux naturels (elle poste une émission hebdomadaire qui comprend des astuces de mode) et vend des outils et des accessoires dans sa boutique en ligne, luvnaturals.com, une vidéo, sur la façon de fabriquer un après-shampoing avec de l'huile de ricin et du jus d'aloe vera, a reçu environ un million de hits.




Les spectateurs de Kim Love ont un grand respect pour ses conseils, et une mention d'elle peut être considérée comme un ordre de marche par ses spectateurs.Certains magasins dans la région de Washington étaient rapidement en rupture d'un produit appelé Kinky-Curly Knot Today après qu'elle l'ait approuvé. Ses favoris comme son jus d'aloe vera, le beurre de karité, l’huile de ricin et des bandes-tests pH sont régulièrement classés parmi les meilleures ventes de produits de beauté sur Amazon, et suite à sa recommandation, un livre auto-édité intitué "Grow It", d'un auteur ayant pour nom de plume Chicoro, est entré dans le top 10 des livres de beauté les plus vendu sur Amazon.com.

Kim Love affirme que l'esprit d'entreprise a découlé naturellement pour elle après les heures passées à faire des vidéos, souvent à promouvoir des marques comme Kinky-Curly et Eco Styler. "J’en ai eu marre de répondre aux questions sur les produits des autres", dit-elle.

Puis elle a découvert que les vidéos qu'elle avait faites se retrouvaient en ligne sur le site Web d'une société sans sa permission.

"J'ai décidé que si je devenais une marque, je contrôlerais mon image", déclare Kim. "Et je gagnerais de l'argent en le faisant."

Certains signes démontrent que l'industrie est en train de s'écarter fortement des peignes chauds et des Jheri Curls d'autrefois. Le World Natural Hair Health and Beauty Show qui se déroule chaque année à Atlanta a attiré 8000 visiteurs en 2006; et en avril dernier, il en a attiré près de 50.000, selon les organisateurs. Et les Mets-Up (sorte de rencontre éclair) de CurlyNikki.com sont en plein essor; une récente près de Washington a réuni près de 200 femmes et quelques jolies fillettes aux cheveux bouclés de moins de 10 ans, pour des discussions sur les cheveux, des échanges de produits et un brunch.

Selon Mme Love, ce type de rassemblements répondent à un besoin essentiel.

"Combien dans cette industrie de plusieurs milliards de dollars pour les soins des cheveux des africaines-américaines est consacré à l'éducation?" Se demande-t-telle.

"Très peu de gens parlent de la science de nos cheveux et de la façon de traiter cette fibre qui peut devenir longue si l'on suit le bon traitement. Les gens débattent sur les produits, mais j'essaie de montrer les outils et les techniques qui fonctionnent pour nos cheveux. Les stylistes, les produits, les éducateurs - c'est là une grosse industrie et il y a de la place pour tout le monde".

Nicole Walton en convient. "De plus en plus de femmes noires portent leurs cheveux naturels", dit-elle." J'espère que bientôt, les cheveux crépus seront la norme".