L’extrême modernisation des moyens de subsistance des sociétés africaines, due à son arrimage à l’économie mondiale, conduit à la violence du fait que les individus n’ont plus de repères par rapport aux sociétés primitives qui ont toujours ritualisé la violence collective. Les individus à la tête des « Etats » africains n’ont plus de lien sociétal avec l’ensemble des sociétés dont ils sont issus. Dans le cas par exemple des pays exportant des matières premières stratégiques pour les pays d’Europe et d’Amérique du Nord, ces pays ont la caractéristique essentielle de contenir en eux des firmes transnationales qui se comporteraient comme des Etats et utilisant à l’instar d’un Etat de la violence contre les autochtones pour faire des profits. La présence de ces firmes a contribuer à la déliquescence des Etats nation naissants, surtout dans le cadre de l’exploitation pétrolière ou minière.

Dans les sociétés dites modernes, la régulation de la violence est confiée à une structure plus ou moins acceptée par tous. Réguler la violence est le propre d’un Etat d’ailleurs c’est à lui seul que revient cette utilité sociale. C’est pour cela que l’Etat a reçu l’autorisation de donner la mort par exemple (par le biais de la justice qui prononce les peines capitales dans les Etats où cette peine est en vigueur), d’utiliser la force par l’intermédiaire des forces de l’ordre. Mais ce que l’on oublie souvent que la violence non autorisée par la société, celle pratiquée par usurpation par les dictateurs-maisons en Afrique a sa propre logique, celle surtout d’éliminer toute contradiction et esprit critique au sein de la société. Les dictateurs-maisons en détenant les pouvoirs de la force sans contre pouvoirs utilisent cette propriété non pas pour le progrès de la société mais pour une logique suicidaire d’auto régression.

Cette violence a aussi lieu quand tous les mécanismes coutumiers ont montré leurs limites. Cela veut aussi dire dans le cadre africain où on a tendance à toujours opposé la coutume à la modernité on notera que l’Etat ne pourra provenir que d’un territoire, d’une histoire, d’une culture et surtout d’une volonté supérieure des hommes habitant ce territoire et partageant de façon libre une histoire et culture communes, d’écarter toute forme de violence entre eux. Or les différentes cultures avec leurs propres terroirs assemblés au gré de la volonté du colonisateur européen créent de façon objective les conditions de l’expression perpétuelle de la violence sur la base des identités cristallisées par l’incapacité d’un Etat unitaire à satisfaire les besoins vitaux de chacun de groupe le composant. Cette permanence de la violence faite par un groupe au nom de l’Etat unitaire contre un groupe ou plusieurs groupes rend l’acceptation d’un Etat unitaire dans beaucoup des pays africains difficiles. Pour arrêter avec ce cercle vicieux, les différents groupes doivent accepter une réconciliation qui elle proviendrait d’une transcendance totale à partir des objectifs communs. Il apparaît en ce moment-là la nécessité d’un vrai projet politique commun, librement accepté par tous les groupes, qui imposerait sa loi comme seule norme et finalité.