Dans cette serie de textes je viendrais une fois par semaine traiter des mécanismes des causes de la soumission volontaire des Africains. En effet comment peut-on comprendre qu'un continent tout entier soit régenté par des tyrans. Sur la cinquantaine de pays que compte ce continent, on dénombre moins de 4 pays où les libertés humaines sont respectées. Moins de 3 pays qui ne sont pas dirigés par des "dictateurs-maisons". Cette constation m'a conduit à s'interroger sur les causes de ce phénomène. Si en réalité les africains se soumettaient volontairement aux dictateurs? Comment se faisait-il que dans un pays un seul Homme arrivait à dominer tout un peuple? Il ne pouvait le faire qu'avec l'adhésion d'un grand nombre du peuple? Les hommes adhéraient volontairement à cette dictature en toute connaissance de cause? Telles sont les questions qui doivent nous servir de fil conducteur pour comprendre l'ampleur de ce phénomène qui est devenu presque réalité et surtout perdure? Il nous faut comprendre pour sortir de là, les mécanismes qui soutiennent ces pouvoir dictatoriaux. Il apparaît important pour la compréhension du phénomène de définir les différentes sortes de pouvoir, car ces dictatures s'appuient sur des pouvoirs. Et nous allons voir que la nature de la structure du pouvoir influence les mécanismes de soumission et d'obéïssance civile. Qui dit pouvoir renvoie par image à l'obéïssance et la soumission volontaire des individus.dans le cas qui nous concerne qu'est-ce qui fait que des individus se soumettent à un pouvoir qui attente à leurs libertés fondamentales et surtout à leur raison fondamentale d'Etre Humain?

Les différentes sortes de pouvoir

Il existe plusieurs sortes de pouvoir, et l’homme est amené à user de chacun d’eux, comme le pouvoir de structure qui provient de l’organisation structurelle de la société, le pouvoir de consensus, le pouvoir dissuasif, persuasif, retributif pour ne citer que ces cinq qui paraissent essentiels dans la compréhension des mécanismes des causes de la soumission volontaire.

1.Le pouvoir de structure

Ce type de pouvoir est aussi appelé pouvoir de position. Un homme de par sa position sociale peut détenir un pouvoir, c’est le cas du directeur de l’école à qui le recteur ou le ministre de l'éducation nationale a confié un certain niveau de pouvoir sur les élèves et les enseignants, il en est de même pour un chef d’entreprise vis-à-vis de ses salariés. Les mécanismes de fonctionnement de ce type de pouvoir se constatent aisément lorsqu'on observe le fonctionnement et les pratiques des structures comme l'armée, où des êtres humains sont amenés à tuer d'autres humains sur simple ordre de leur chef, tout comme les policiers qui se "fachent" pour les problèmes d'autrui. Ces structures se servent du pouvoir de structure qui leur est confié par la société. Les individus qui rentrent dans ces structures (administration, armée, police, education, prison) acceptent de leur propre gré à se soumettre à un "chef" peu importe la nature des ordres. Dans des pays ayant atteint des niveaux élevés de libertés individuelles il existe des gardes fous c'est-à-dire par exemple le droit de "retrait" pour le fonctionnaire en cas de problème d'éthique. Alors comment se fait-il alors que des policiers ou des soldats subissant dans leur vie les mêmes misères que le peuple seront prêts, sur ordre de l'oppresseur, à mater une manifestation reclamant plus de dignité pour tout le pays. Au Congo par exemple un soldat sans grade touchant par mois à peu près 40 .000 francs cfa l'équivalent de 60 Euros est prêt à tirer à balles réelles sur des grevistes réclamant leur salaire, c'est ce qui explique par exemple que dans ce pays de démocratie de façade, les fonctionnaires se sont résignés à assister à leur lente mort quand les prix du baril du pétrole flambent sur les bourses de Londres et New York. Les enseignants de ce pays au lieu de se mettre en retrait pour obliger le détenteur de la position dominante au sein de la souveraineté congolaise à les considérer, se soumettent de façon volontaire en continuant d'enseigner. Ces derniers sans pour autant faire grève en restant chez eux gagneraient en dignité. Ils ont fait le choix de se soumettre, car le dictateur-maison joue sur la peur de la mort qu'ont ces derniers, en effet le fonctionnaires congolais d'un point de vue mental sont incapables de démissionner, car cela signifie pour eux la mort. Ce derniers (soldat et enseignants) par leur soumission volontaire au dictateur-maison ne verront jamais leurs vies s'améliorer, car l'objectif de l'oppresseur est de les rendre pauvre, d'où l'impunité qui est habilement organisée à propos des crimes des policiers et de la corruption des fonctionnaires. Les fonctionnaires et les soldats congolais en continuant à se comporter comme ils le font, alimentent la spirale de leur descente aux enfers. En effet à Brazzaville une maison de 2 chambres est louée à partir de 25000 francs cfa, et le kilo de viande oscille entre 3.000 et 5000 francs cfa, donc avec des salaires de misères qui sont versés avec plusieurs mois de retard, ces derniers sont affaiblis et croient qu'ils n'ont que le choix d'aller pointer dans l'espoir d'être payés. Et surtout beaucoup caressent le rêve de rackétter un compatriote qui se présenterait à leur bureau. Or à y refléchir de près dans une hypothèse ou tous ces fonctionnaires au lieu de se rendre à leurs bureaux, feraient mieux d'aller travailler par exemple leur potager et elevage, gagneraient en indépendance financière et agrandiraient du coup leur espace, car le dictateur-maison a plus besoin d'eux. L'inverse est difficilement vrai. Un autre cas de pouvoir de position ou de structure, c’est celui par exemple du prêtre ou du pasteur vis-à-vis de ses fidèles. On peut constater les dégâts engendrés par ce type de pouvoir dans les pays chrétiens par le "culte business", où des individus ayant adhéré à ces structures sont fragilisés économiquement et mentalement. Je reviendrais plus longuement prochainement. Dans les pays de religion islamique on voit les conséquences du fanatisme sur les individus, où des gens sont prêts à se faire tuer sous pretexte d'aller au "paradis". En défintive, le pouvoir de position ou de structure établit des rôles précis pour le bon fonctionnement de la société et ce type de pouvoir fait engager un système de responsabilités et de devoirs. Il rassure les individus car il fait appel à la connaissance et les sciences (la théologie pour la réligion, Weber pour la science administrative, la Pédagogie pour l'éducation, les sciences économiques pour le capital ou le communisme, les sciences militaires pour l'armée et la police, le droit pour la justice etc... ) pour renforcer son pouvoir.

2.Le pouvoir contractuel ou de consensus Le second type de pouvoir est celui qui fait intervenir un lien entre deux parties égales en droit, car c’est l’essence même du pouvoir. En effet les relations humaines pour qu’elles puissent avoir lieu découlent de la part des parties en présence du respect d’un lien social ou de l’acceptation d’un contrat entre ces deux parties. Ce qui confère au contrat ou au lien social un pouvoir suprême.

Les signataires d’un contrat sont tenus de le respecter de la même façon que l’autorité d’un pouvoir, il en est de même pour le lien social. Des parents sont tenus d'apporter assistance, soutien, amour à leurs enfants, de même que ces enfants à leur tour devenus grands fassent de même à leurs parents devenus vieux et faibles, c'est sur ce postulat que se base la relation parents-enfants. En Afrique on a souvent coutume de dire que les enfants c'est "l'assurance-vie".

Ce type de pouvoir qui met tout le monde d’accord et crée un lien fort avait inspiré il y a quelques siècles de ça, le titre du livre de Jean-Jacques Rousseau1 « Du contrat social» , il voulait établir entre le gouvernement et le peuple un pouvoir d'égale valeur. Pour lui , le pouvoir de l’une des parties sur l’autre ne pouvait s’exercer que de manière consensuelle, sans esprit de domination de l'une sur l'autre. La recherche d’un consensus permanent caractérise ce type de pouvoir.

La conception de ce type de pouvoir demande la libre adhésion des parties et l’établissement d’un lien social. Les contraintes du pouvoir de contrat sont la liberté, l'égalité, le lien et le consensus

Pour qu’il y ait liberté et consensus il y a nécessité d’ un contrat symétrique, c’est-à-dire que le pouvoir du chef doit être égal au pouvoir du peuple, dans des démocraties cette symétrie est garantie par la possibilité que le peuple peut toujours révoquer le président de la république, ce qui n’est pas le cas dans des royaumes ou dictatures ou les chefs ne peuvent pas être démis par le peuple sauf à les obliger par des violences. Dans ce type de pouvoir lorsqu’il y a asymétrie, le pouvoir cesse d’être contractuel et consensuel, il est obligé de muter vers d’autres types de pouvoirs comme le pouvoir de persuasion ou de dissuasion.

3.Le pouvoir de persuasion

Le troisième type de pouvoir pouvant être répertorié est le pouvoir de persuasion, en l’absence d’une autorité morale, spirituelle, matérielle et autre. L’asymétrie dans n'importe que pouvoir lorsqu'elle est souvent créée par celui qui détient une position dominante par exemple le chef de l’Etat, oblige ce dernier à persuader ses compatriotes. Dans une démocratie cette persuasion passe le plus souvent par les média, les débats, les meeting et autres actions de séduction, voire de manipulation faisant souvent appel au mensonge, à l’hypocrisie, à la désinformation, à la corruption, et à la concussion. On rencontre souvent ce type de pouvoir dans les démocraties occidentales on peut citer l’affaire Nixon, aux Etats-Unis, ou bien le traitement que les médias occidentaux reserve aux problèmes africains. Ces derniers mentent systématiquement aux populations laborieuses de l'Occident.

En réalité le pouvoir dit de persuasion ne peut se déployer qu’en présence de deux premiers types de pouvoirs cités ci-haut soit pour rétablir l’équilibre soit pour l’accentuer.

Dans d’autres pays l’asymétrie du pouvoir peut être accentué, dans ce cas on pense que celui qui a le pouvoir de structure ou de position cherche à dominer l'autre, à ne plus respecter le contrat, et on sort de la Démocratie le pouvoir devenant dictatorial est obligé de dissuader toute velléité d’opposition, de rébellion et rééquilibrage du « contrat social ».

Ce type de pouvoir est qualifié de pouvoir dissuasif. C’est ce type de pouvoir qui caractérise plusieurs pays d’Afrique sinon tous à quelques exceptions près.

4. Le pouvoir de dissuasion

Le pouvoir dissuasif au congo par exemple peut être illustré par les actes du pouvoir actuel du fait de sa facilité à utiliser les armes pour éviter de répondre à résoudre les asymétries sociales qu’il crée. Il dissuade toute tendance à un positionnement du pouvoir national de l'ensemble du Congo vers un consensus. Ceux qui veulent dominer les autres, comme les colons français, ont volontairement divisé le Congo en plusieurs parties non égales, par une fausse hiérarchisation des communautés la composant. Les classes sociales ici sont représentées par les groupes dit ethniques et pour maintenir le déséquilibre, le discours politique se remplit par les vocables comme celui de l'unité nationale sur la base d’une vraie fiction sociale qu'est le tribalisme ou l’ethnisme.

à suivre............ pour lire d'autres textes sur le sujet http://lepangolin.canalblog.com

1 Jean-Jacques Rousseau « du contrat social » editions du Seuil Paris 1977