Tristes Afriques, pauvres Africains
Par lepangolin, mercredi 3 mai 2006 à 21:53 :: causes de la soumission :: #995 :: rss
Le pouvoir de Ndjaména a appelé le peuple tchadien au vote. L'issue est connue d'avance car l'opposition a appelé au boycott.
Tristes Afrique, pauvres Africains !
Il y a près de 2 semaines que des rebelles livraient bataille contre les forces dites gouvernementales . Idriss Deby Itno a sauvé son pouvoir grâce à l’appui logistique de la France par le biais de la force armée stationnée à Ndjaména. Par ce geste la France a bien voulu montrer aux Africains CFA qu’elle contrôlait encore l’Afrique (ce qui est en réalité est faux, il n'y a qu'à voir à l'offensive chinoise voire américaine sur le continent,je le développerais plus tard dans un autre écrit) et seconde chose que la société civile tchadienne et l’opposition ont fait voler en éclats la grande victoire obtenue sur le contrôle des revenus pétroliers tchadiens. C'est l'objectif de Déby et de ses maîtres occidentaux. D'un côté l'attaque des rebelles signifie pour le moins qu’on puisse dires que les Tchadiens n’ont pas d’autres solutions que la violence pour faire partir Idriss Déby et de l’autre la France qui par des mécanismes subtils et intelligents maintenait les Africains dans la soumission est obligée d’utiliser elle aussi la violence ( forces armées soutenait les dictateurs ). C'est signe qu'il y a manque d'imagination. La fin semble plus proche contrairement aux apparences. Dans ces conditions, on voit mal comment le peuples du Tchad et des autres pays CFA peuvent accéder à leurs libertés fondamentales ?
Toujours dans cette absence d’innovation, les élites africaines préconisant la Démocratie par le vote risquent de se tromper, car le vote ne saurait être une fin en soi mais seulement faisant parti d'un système de mutuel respect et construction du lien national. Le pouvoir de Ndjaména arrivé par coup d’état en 1990, a appelé les Tchadiens au vote avec cette réalité triste que le résultat serait connu d’avance. Il n’y avait qu’à lire les affiches de campagne de Déby (IDI réélu dès le premier tour). Cela prouve à suffisance que les acteurs de cette mascarade ne connaissent pas l’essence même du vote. L’issue d’ un vote par définition n’est jamais connu d’avance car c’est seul le peuple qui décide de confier son pouvoir à des personnes de confiance, et de donner ses voix dans une relation d’estime confiance avec la possibilité pour celui à qui on confie la gestion de la chose commune (res publica = République) l'obligation impérieuse de rendre compte à tout moment. Et dans les conditions africaines où la majeure partie de la population par la faute des pouvoirs dictatoriaux en place, soutenu par l’Occident, vit avec moins d’un Dollar américain par jour quand les prix du baril de pétrole à New York ou Londres dépassent les 70 Dollars et flirtent avec les 75 Dollars, on admet mal que ces mêmes pouvoirs soient réélus dès le premier tour, c’est ce qui s’est passé au Gabon, qui va se passer au Tchad et prochainementau Congo et Angola. Ce constat serait-elle explicable, par l’amnésie des peuples africains? ou bien le résultat inquiétant des mécanismes de soumission mises en place par ceux qui détiennent le pouvoir hérité de la colonisation et la connaissance? Telle est la question qui doit nous interpeller. Cela m’amène à croire, à l’heure actuelle que la voie vers le retour effectif et global des libertés fondamentales, la souveraineté intégrale des peuples par le vote ou la violence ne me semble pas être la voie appropriée pour réaliser pleinement la démocratie et le lien social dans ces pays pétroliers. L’opposition tchadienne en appelant au boycott a eu raison de ne pas cautionner cette mascarade. Il lui faut aller au bout de cette logique. C'est-à-dire maintenir le boycott total.
Le boycott total est l’une des pistes que l’on peut expérimenter, c’est-à-dire se mettre en marge de tous les mécanismes formels de ces démocraties de façade. Il nous faut dépolitiser l’espace politique; Solution radicale mais moins violente ayant surtout l’avantage d’épargner des vies humaines et d'obliger ces dictateurs à emprunter nos chemins de la démocratie et du respect des libertés fondamentales. Il s’agit pour tous les partis politiques dits d'opposition (j'entends la vraie pas celle de revendication des strapontins ou des prébendes) de muter tous vers des associations à caractère non-politique privant ainsi les dictateurs-maisons d’alibi qu’ils existent chez eux des partis politiques. Il faut savoir que tous ces dictateurs sont maîtres dans l’art de manipuler les symboles. Il nous faut les priver de tous les symboles de la démocratie et des institutions qui flattent leur égo, en allant au bout de la logique qui peut paraître absurde pour certains. En cessant toutes activités politiques on crée ipso-facto chez ces dictateurs le parti unique, source de malaise pour leurs maîtres occidentaux, à la différence qu’ils sont obligés de le faire fonctionner pour avoir une Démocratie de façade. Pour asseoir cette situation de non-contradiction donc d’absence des mécanismes de Démocratie. Les élites et les sociétés civiles africaines doivent investir le champ social c’est-à-dire socialiser les problèmes sociaux des populations en se rapprochant d’elles. Ainsi les associations, comme de Droit de l’homme ne s’occuperont que cette activité en inondant les tribunaux des plaintes, il s’agit d’obtenir à l’usure le respect de la loi. D’autres associations par exemple pour le fédéralisme ne ménageraient aucun effort pour aller, quartier par quartier, maison par maison, individu par individu, expliquer les avantages du fédéralisme. D’autres associations se consacreraient à repousser l’ignorance du peuple par un travail sur des connaissances de tous ordres. Il s’agit pour les élites d’expliquer à chaque individu qu’elle est sa part de pouvoir et surtout de le sortir de l’ignorance. Il nous faut s’attaquer à l’ignorance elle est la MERE NOURRICIERE DE TOUTE DICTATURE. En privant les dictateurs de contradiction politique d’espace agonistique et surtout de l’absence de compétition pour le pouvoir central, non seulement on épargnerait des vies humaines, mais aussi on toucherait le point focal de ces dictateurs leurs égos démesurés et le symbolisme. C’est là que ça fait mal car ces malades mentaux ont besoin des « fausses » victoires pour se croire forts. Pour illustration on peut analyser les propos du pouvoir de Déby à propos de la déroute des rebelles du mois d’Avril qui a fait l’objet de la part de Deby d’un exploit guerrier et triomphe c’est ce qui explique l’exposition au peuple Tchadien des rebelles capturés et tués histoire de montrer à d’autres téméraires le sort qui les attend. Or tout le monde sait qui a combattu contre les rebelles. A l’avenir il nous faut éviter d’offrir aux dictateurs-maisons ce genre de cadeau. La non-utilisation de la violence les prive de toutes attitudes pouvant servir de prétexte. Par une attitude non-violente et non politique, mais rapprochée au plus près des besoins fondamentaux des populations, je crois que la pyramide du pouvoir de type dictatorial serait automatique renversée comme le montre les schémas de trois sortes de pouvoir (voir http://lepangolin.afrikblog.com)
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