M. Sarpong figure parmi les 130 directeurs d'entreprises technologiques, d'organisations à but non lucratif et d'organismes des Nations Unies qui ont lancé ce réseau en juillet 2002, dans le cadre d'une nouvelle série d'initiatives visant à inverser l'exode d'Africains qualifiés. Parmi les professionnels visés figurent des scientifiques, des médecins, des ingénieurs, des maîtres de conférences, des économistes, des spécialistes des technologies de l'information et d'autres experts hautement qualifiés qui font défaut sur le continent. Certaines initiatives se servent d'Internet pour attirer des professionnels qualifiés (comme les milliers de médecins sud-africains installés au Canada) et les aident à offrir leurs services à des patients se trouvant en Afrique. D'autres programmes visent à inciter les professionnels qualifiés à rentrer en Afrique.



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Les professionnels africains tendent à émigrer en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord. Les crises économiques et politiques qui s'abattent sur le continent depuis quelques décennies en dissuadent un grand nombre de rentrer au pays. Crises économiques, taux de chômage élevé, violations des droits de l'homme, conflits armés et manque de services sociaux adaptés, tels la santé et l'éducation, figurent parmi ces facteurs de dissuasion. La Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) estiment qu'entre 1960 et 1975, 27 000 Africains ont quitté le continent pour les pays industrialisés. De 1975 à 1984, ce chiffre a atteint 40 000. On estime que depuis 1990, chaque année 20 000 personnes au moins quittent le continent. La fuite des cerveaux se produit, dit-on, lorsqu'un pays perd sa main d'oeuvre qualifiée en raison de l'émigration. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) note qu'en Afrique, l'élément le plus frappant est l'exil des médecins. Au moins 60 % des médecins formés au Ghana dans les années 80 ont quitté le pays. Ce phénomène "pèse d'un poids très lourd sur le continent", note Mme Ndioro Ndiaye, Directrice générale adjointe de l'OIM. Pour compenser le manque d'effectifs qualifiés, les pays africains consacrent chaque année environ 4 milliards de dollars à l'emploi d'environ 100 000 expatriés non africains. "Il est grand temps de mettre en place des programmes et des politiques qui inverseront les effets dévastateurs de la fuite des cerveaux", dit-elle. Comment redresser la situation Les experts sur le continent mettent de plus en plus l'accent sur des stratégies et des programmes visant à inverser la fuite des cerveaux et à retenir les professionnels qualifiés dans leur pays. Il s'agit notamment de politiques restrictives destinées à retarder l'émigration, telles que le rallongement des études médicales. Plusieurs projets de lois fiscales ont été déposés, les pouvoirs publics commençant à comprendre que le nombre élevé d'expatriés représente un potentiel économique. Les projets vont de taxes ponctuelles de sortie du territoire à des accords fiscaux bilatéraux qui exigeraient des pays accueillant des immigrés qu'ils taxent les ressortissants étrangers et rémunèrent leur pays d'origine. Une autre stratégie consiste à signer des accords internationaux entre pays industrialisés et pays en développement, qui contraindraient les pays les plus riches à ne pas recruter de main d'oeuvre originaire des pays en développement. Toutefois, les deux stratégies favorites sont le transfert de compétences grâce à des réseaux de professionnels et d'intellectuels, et le rapatriement, méthode qui a fait ses preuves. L'organisation de réseaux Puisqu'un grand nombre de professionnels se montrent peu enthousiastes à la perspective de rentrer dans des pays politiquement et économiquement instables, certains pays tentent désormais de trouver d'autres moyens de profiter des connaissances et des compétences de leurs ressortissants professionnels expatriés. Cette approche est appréciée car elle n'oblige pas ces personnes à rentrer dans leur pays d'origine. Le South African Network of Skills Abroad (SANSA) en est une illustration. Par le biais de son site Web, il invite les professionnels sud-africains à s'inscrire au réseau. D'après le SANSA, au moins 22 000 diplômés de cinq grandes universités sud-africaines installés à l'étranger restent en contact avec leur université. Le SANSA estime qu'environ 60 % des expatriés diplômés vivent dans six pays étrangers, dont plus de la moitié en Australie, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Le groupe estime qu'environ 30 % des détenteurs de doctorat de l'Université du Cap qu'il a été possible de joindre sont expatriés. Ils constituent une partie importante des diplômés de médecine, de commerce, de l'enseignement et d'ingénierie, autant de domaines dans lesquels l'Afrique du Sud manque cruellement d'effectifs.



Crises économiques, taux de chômage élevés, violations des droits de l'homme, conflits armés et services sociaux inadaptés contribuent à l'expatriation des professionnels africains.



Une fois inscrits au SANSA, les professionnels peuvent offrir de former leurs homologues sud-africains ou bien proposer de les aider dans leurs recherches. Ils peuvent faciliter des contacts commerciaux et communiquer des informations sur des recherches introuvables en Afrique du Sud. Les membres du SANSA peuvent aussi contribuer au transfert de technologie vers leur pays d'origine, notamment en offrant des ordinateurs et des logiciels. Cette pratique existe déjà dans d'autres pays d'Afrique. La Africast Foundation, par exemple, recueille et recycle des ordinateurs récupérés aux Etats-Unis pour les donner aux écoles et communautés défavorisées du Ghana. Une mine de talents Au lieu de tenir les professionnels expatriés pour responsables du manque d'effectifs qualifiés sur le continent, le SANSA considère "ces Sud-africains hautement qualifiés installés à l'étranger comme des atouts potentiels", notent M. David Kaplan et M. Jean-Baptiste Meyer. Dans un rapport réalisé pour le compte du SANSA, ils soulignent néanmoins que la réussite du réseau dépend largement du dévouement des expatriés. La volonté de ces experts de partager leur expertise et leurs ressources financières serait "la preuve incontestable de leur dévouement à la cause des femmes", note Mme Noeleen Heyzer, Directrice générale du Fonds de Développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM). "Les Africains de la diaspora, notamment dans le secteur privé, représentent une mine inexploitée", a-t-elle affirmé lors d'une réunion organisée au mois de mai en Ouganda lors du lancement de la Digital Diaspora Initiative. L'UNIFEM figure parmi les organisations internationales participant à l'initiative, qui vise essentiellement à améliorer la qualité de vie des femmes africaines grâce aux technologies de l'information et à l'expertise des Africains de l'étranger. Dans le cadre de ce programme, les experts africains seront encouragés à contribuer à la formulation de politiques et à financer des programmes de technologie de l'information, l'objectif étant de tirer parti de la croissance de ce secteur. Retour des expatriés africains D'autres programmes de lutte contre la fuite des cerveaux ont pour objet de rapatrier les Africains dans leurs pays d'origine ou de les faire venir dans d'autres pays du continent. Mais le grand problème est qu'une telle opération coûte très cher. Certains expatriés peuvent souhaiter rapatrier tous les membres de leur famille. D'autres peuvent demander des salaires comparables à ceux qu'ils gagnent dans les pays où ils se sont expatriés, ainsi que des ressources technologiques de pointe. Autre difficulté, le rapatriement ne fait revenir que l'individu expatrié et non le réseau de ressources auquel il est rattaché. En dépit de ces difficultés, le Forum de recherche et développement pour le développement par la science en Afrique (RANDFORUM), au Kenya, a envisagé diverses solutions de rapatriement des professionnels et intellectuels africains, comme l'avait demandé en 1999 le Forum présidentiel sur la gestion de la science et de la technologie en Afrique, qui regroupe des chefs d'états. Cette année là, un groupe de travail dirigé par un ex-président zambien, M. Kenneth Kaunda, avait recommandé que le RANDFORUM et l'organisation apparentée, la Fondation africaine pour la recherche et le développement, repèrent les Africains installés à l'étranger et désireux de rentrer travailler chez eux. Un autre projet du RANDFORUM vise à délocaliser des professionnels de "pays en détresse", pays mal en point sur le plan économique ou financier, tels le Libéria ou la Somalie, pour les réimplanter là où ils pourraient être productifs. Au lieu d'envoyer les professionnels et les intellectuels de ces pays dans des camps de réfugiés, on utiliserait leurs services ailleurs et ils retourneraient chez eux une fois la situation normalisée. Adaptation à l'évolution des besoins Le défi, pour les organisations s'occupant de rapatriement, est d'attirer un plus grand nombre de candidats. Le Programme de réintégration des citoyens africains qualifiés de l'Organisation internationale pour les migrations, en place de 1983 à 1999, n'a réussi à faire revenir que 2 000 Africains dans 11 pays participant au programme. Les lois sur l'immigration sont l'un des motifs d'inquiétude cités par les éventuels candidats au retour, note M. Chernor Jalloh de l'OIM. Les candidats s'inquiètent, par exemple, de savoir s'ils pourront revenir dans leur pays d'adoption après l'avoir quitté. Dans certains pays industrialisés, la législation exige des immigrants qu'ils restent dans le pays pendant une période donnée, sous peine de perdre leur statut de résident. Par ailleurs, ceux qui ont été naturalisés dans leur pays d'adoption doivent souvent choisir entre ce dernier et leur pays d'origine, car certains pays africains ne reconnaissent pas la double nationalité.



Au moins 20 000 Africains hautement qualifiés s'expatrient chaque année. Photo : ©AfricaPhotos.com



Tandis que les anciens programmes de l'OIM étaient axés sur le retour permanent, certaines initiatives tentent désormais de répondre aux besoins des Africains préférant rester dans leur pays d'adoption. Plutôt que le retour définitif, "nous tirons désormais parti des visites multiples", dit M. Jalloh, qui décrit certains aspects du nouveau programme intitulé "Migration pour le développement en Afrique". Il peut s'agir de séjours de courte durée répondant à un besoin particulier, par exemple, "une demande de médecin spécialiste dans une région reculée de la Sierra Leone, explique M. Jalloh à Afrique Relance. Le médecin continue à vivre à l'étranger, revenant en fonction des besoins, en complément du travail des équipes sur place en Afrique". Le PNUD note que les Africains vivant à l'étranger sont susceptibles d'envisager différemment le retour au pays à mesure que ces pays se développent et offrent des possibilités accrues. "Le moment choisi et la chance entrent aussi en jeu", indique le PNUD. Mais l'utilisation des compétences des expatriés ne sera efficace "que si les pays mettent de l'ordre chez eux". Une volonté politique accrue Jusqu'à récemment, les pouvoirs publics africains ne semblaient pas s'inquiéter outre mesure du déficit de main d'oeuvre qualifiée, tandis que les organismes de financement du développement aggravaient souvent le problème en obligeant les pays bénéficiaires à engager des expatriés étrangers comme condition à l'octroi de prêts. De plus, les hommes politiques disaient de leurs compatriotes ayant choisi de travailler et de vivre à l'étranger qu'ils n'étaient pas de bons patriotes. Mais la montée en flèche de l'émigration de personnes qualifiées et les graves carences du continent sur le plan des ressources humaines en ont conduit plus d'un à changer d'avis. Le président du Nigéria Olusegun Obasanjo est l'un des responsables qui tentent activement de remédier à la fuite des cerveaux. Lors de ses voyages à l'étranger, le président Obasanjo s'entretient souvent avec des professionnels et des intellectuels ayant quitté le Nigéria pour leur demander comment ils peuvent contribuer au développement du pays. Le président Obasanjo est également l'un des architectes du nouveau cadre de développement du continent, le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Le Nouveau partenariat prévoit l'établissement d'une base de données fiable et continentale qui permettrait de déterminer l'ampleur du problème et de promouvoir la collaboration entre les Africains de l'étranger et ceux qui sont restés dans leur pays. Une priorité importante du NEPAD est le développement des ressources humaines en Afrique et le retour des personnes qualifiées. Sous l'égide du NEPAD, les responsables africains demandent explicitement l'instauration de "conditions politiques, sociales et économiques susceptibles d'enrayer la fuite des cerveaux...." Lutter contre les facteurs en amont Mais ces déclarations d'intention doivent se traduire par des actes et des problèmes plus profonds devront être résolus avant que la fuite des cerveaux ne puisse être jugulée. Nombre d'Africains sont très désireux de rentrer chez eux et de participer au développement, mais leurs aspirations sont "sérieusement compromises par des pouvoirs publics négligents dont les priorités ... ignorent le bien-être social", dit M. Kwaku Asante Darko, conférencier à l'Université nationale du Lesotho. M. Darko, qui est ghanéen, indique que tant que les facteurs conduisant à l'émigration persisteront, il "serait catastrophique" de penser résoudre le manque d'effectif sur le continent par un retour immédiat au pays des Africains qualifiés. En outre, le continent doit offrir "un environnement favorable et ouvert à la critique constructive, sans harcèlement ni persécution", dit M. Rohey Wadda, du Bureau de coordination de la stratégie de lutte contre la pauvreté de la Gambie, organe national qui supervise les programmes de développement. Les pays africains doivent être "plus attirants sur le plan politique, économique et social pour leurs ressortissants". Parfois, les professionnels qualifiés sont frustrés car les politiques des bailleurs de fonds ont pour effet involontaire de favoriser les experts techniques étrangers aux dépens des experts nationaux. Dans un rapport de 1993 sur l'efficacité de la coopération technique, le PNUD a noté que les experts africains du développement s'inquiétaient de plus en plus de la persistance de la dépendance africaine envers un personnel technique d'expatriés, des décennies après l'indépendance, et cela malgré les efforts de formation des ressortissants du pays. En 1990, le Burkina Faso employait 800 étrangers titulaires de diplômes universitaires, note le PNUD, tandis qu'un nombre équivalent de diplômés burkinabè étaient au chômage. Les gouvernements africains et les donateurs sont parfois "trop enclins à faire venir des experts étrangers sans tenir compte des effectifs disponibles dans le pays ou que l'on pourrait convaincre de rentrer". Des défis énormes L'instauration des conditions politiques nécessaires au maintien des personnes qualifiées dans le pays ou à leur retour représente un défi énorme. Tandis que la relance commence à se faire sentir dans certains pays, d'autres sombrent dans de nouvelles crises. Au Kenya, la récente élection du nouveau président, M. Mwai Kibaki, a engendré une période d'euphorie et une vague de retour des exilés espérant reconstruire un pays au bord de la faillite après 24 ans passés sous la présidence de Daniel Arap Moi. Le président Kibaki n'a pas tardé à inviter les Kenyans "qui ont été chassés de nos rivages par les politiques répressives de nos prédécesseurs à revenir chez eux et participer à la reconstruction du pays". Il note que le pays a désespérément besoin "du génie de ses ressortissants, où qu'ils se trouvent. Le temps de la réconciliation est venu et il nous faut toutes nos cartes en main".



Formation à la vidéo au Niger : pour se développer, l'Afrique a besoin de compétences et d'expertises variées. Photo : ©Fonds d'équipement des Nations Unies / Adam Roger



Par contre, la Côte d'Ivoire, paradis des émigrés de l'Afrique de l'Ouest par le passé, a récemment sombré dans la guerre civile. Une autre économie africaine parmi les mieux gérées, le Zimbabwe, qui attirait des émigrants africains à la recherche de débouchés, connaît un exode massif de ses professionnels en raison de la crise économique et politique actuelle. La Zimbabwe National Association of Social Workers estime que 1 500 travailleurs sociaux sur les 3 000 que comptait le pays sont partis au Royaume-Uni ces dix dernières années. Retrouver un travail Les professionnels qui rentrent chez eux doivent aussi trouver un travail. Il y a quelques années encore, la Gambie n'avait pas d'université et devait investir une grande partie de ses fonds publics dans la formation de ses professionnels à l'étranger. Les professeurs diplômés à l'étranger ne sont pas rentrés, faute de débouchés. Dans de nombreux autres pays d'Afrique, les établissements d'enseignement manquent de fonds et de ressources et les emplois sont rares dans le secteur privé. Bien qu'ils aient promis de résoudre ces problèmes, les pouvoirs publics investissent toujours très peu dans des domaines spécialisés tels que la science et la technologie. Le continent ne réalise que 0,5 % des investissements mondiaux consacrés à la recherche et au développement, et ne représente que 0,8 % des dépenses mondiales consacrées aux publications scientifiques. De plus, l'Afrique a désespérément besoin d'universités se consacrant principalement à la recherche. Les problèmes de l'Afrique sont encore aggravés par le sous-emploi de la main d'oeuvre qualifiée, note Lalla Ben Barka, Secrétaire exécutive adjointe de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique. "Dans tous les pays africains, dit-elle, il y a paradoxalement un taux de chômage et de sous-emploi élevé parmi les jeunes diplômés, notamment les diplômés universitaires, scientifiques et ingénieurs compris." Un problème international Etant donné la nature internationale de la fuite des cerveaux et l'appui indirect des pays développés en mal de personnel qualifié, les mesures permettant de freiner ce phénomène en Afrique n'aboutiront que si elles sont appuyées par les pays de destination, note l'Union pour l'étude de la population africaine, organisme scientifique panafricain à but non lucratif. Selon cet organisme, la communauté internationale doit faire pression sur les pays développés pour qu'ils modifient les politiques actuelles régissant l'immigration des professionnels originaires des pays en développement. Les pays industrialisés ont de plus en plus besoin de deux catégories d'immigrés : ceux qui sont prêts à accepter des emplois mal payés, durs et dangereux, dédaignés par leurs propres ressortissants, et des professionnels hautement qualifiés, tels les experts en logiciels, les ingénieurs, les médecins et le personnel infirmier. Il manque actuellement 126 000 infirmiers aux Etats-Unis et les chiffres officiels montrent que le déficit en infirmiers qualifiés pourrait atteindre 800 000 d'ici à 2020. En raison de ces déficits, les pays industrialisés se sont lancés dans de grandes campagnes de recrutement à l'étranger. L'Afrique du Sud a récemment demandé aux pouvoirs publics canadiens qu'ils arrêtent de recruter leur personnel médical qualifié. Dans la province rurale du Saskatchewan, au Canada, plus de 50 % des médecins ont été formés à l'étranger, et au moins un cinquième des 1 530 médecins de la région ont obtenu leur premier diplôme de médecine en Afrique du Sud. Toutefois, il pourrait s'avérer encore plus difficile à l'avenir d'inverser le flux migratoire des professionnels originaires des pays en développement. Avec la chute des taux de natalité et le vieillissement démographique, la demande de main d'oeuvre devrait s'accroître dans les pays du Nord, car il faut des jeunes pour maintenir la productivité. Dans les pays les plus pauvres, des millions de personnes continueront à tenter leur chance dans les pays riches pour trouver des emplois rémunérateurs et améliorer leur niveau de vie. Et à l'heure de la mondialisation, et donc de la libre circulation des capitaux, il sera de plus en plus difficile de freiner celle de la main d'oeuvre qualifiée. D'après le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, il est clair que la coopération internationale est nécessaire. "Les choix faciles ou les solutions simples n'existent pas", dit-il. Engager le dialogue avec la diaspora africainePour la première fois, l'Union africaine a invité la diaspora africaine (ceux qui ont pour ancêtres des Africains) à prendre une part active au développement de la région. Les chefs d'Etats réunis lors du sommet extraordinaire de l'Union africaine, au mois de février, ont décidé d'amender la charte de leur organisation afin "d'encourager la participation à part entière de la diaspora africaine, considérée comme un élément important du continent..." Cette initiative fait suite à d'importantes pressions de membres de la diaspora désireux d'être reconnus en tant qu'agents de développement du continent.En l'absence de structures formelles, les groupes de la diaspora africaine se sont généralement appuyés sur des programmes ponctuels, disparates et d'envergure réduite afin de participer au développement du continent. Pourtant, beaucoup sont parvenus à contribuer à la construction d'écoles, d'hôpitaux et de routes, à la direction de programmes de formation, la fourniture de livres et d'ordinateurs destinés à des écoles défavorisées, et à l'instauration de bourses d'études.Mais ils opèrent hors du cadre des grandes organisations de développement, bien qu'ils oeuvrent pour les mêmes objectifs. "L'Afrique doit mettre sur pied une stratégie collective sollicitant la participation de la diaspora", a noté l'Ambassadeur des Etats-Unis au Nigéria, M. Howard Jeter. Selon lui, il n'y a eu aucune véritable tentative de prise de contact avec la diaspora et il n'existe aucun lien institutionnel. "Peu d'Afro-Américains connaissent le NEPAD. Pourquoi devrait-il en être ainsi ?", a demandé l'Ambassadeur Jeter, dans un discours, en novembre dernier, au Nigerian Institute of International Affairs. Il a observé que l'Afrique ne se servait pas des Afro-Américains comme d'un relais politique important aux Etats-Unis. "Encourage-t-on vraiment les Afro-Américains à faire des affaires avec l'Afrique ? Je ne le pense pas." Alors même que l'Afrique met sur pied une stratégie visant à faire participer la diaspora, de telles questions doivent être posées, a-t-il dit.

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