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En lisant le communiqué final du sommet sur la crise ivoirienne (Pretoria, 3-6 avril 2005; disponible sur ABIDJAN.NET), on ne peut s'empecher d'émettre un "ouf" de soulagement.

Au nom des peuples africains,

Notre reconnaissance va à l'endroit du tres honorable médiateur de l'Union Africaine (UA), son Excellence Thabo Mbeki d'Afrique du sud;

le Président Gbagbo quant a lui recoit notre admiration pour sa retenue et l'esprit de sagesse dont il a fait montre;

et l'on ne peut s'empecher non plus de noter avec satisfaction que les Forces Nouvelles et les autres acteurs politiques (ADO, Bédié) sont finalement parvenus à une meilleure appréciation de l'intéret national ivoirien...

Malgre tout cela, cependant, force est de constater que de nombreux points issus de la déclaration finale sont a déplorer, à savoir:

1. Le maintien en vigueur de l'accord de Linas Marcoussis;

2. La réaffirmation des résolutions issues du Conseil de Sécurité de l'Onu;

3. L'éternel probleme d'ingérence en terre africaine.

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Marcoussis

Marcoussis est un accord signé entre le Gouvernement ivoirien et les rebelles des Forces Nouvelles (FN).

Pour commencer, l'accord a été signe hors d'Afrique, en terre (tenez-vous bien) française! Ainsi des le départ, il fallait s'attendre à un papier plein de merde et de caca ch*raquien.

Le premier crime de la France à ce niveau a été de légitimer un mouvement de marginaux frustrés, en l'occurence les Forces Nouvelles. En effet, l'invitation de la France a servi à faire paraitre la bande à Soro comme des responsables politiques ayant un agenda réel pour l'adorable République de Côte d'Ivoire, ce qui n'était pas le cas, eu égard aux nombreux incidents de pillage et de sabotage économique auxquels se sont livrés leurs soldats. Suffit-il ici de mentionner la chute de l'ancien numéro un mondial en production de cacao...

Deuxiemement, l'accord stipulait, entre autres, la formation d'un gouvernement au sein duquel les rebelles avaient fini par obtenir les postes clés de ministre de la défense et ministre de l'intérieur.

Ce fut là un précédent dangereux pour l'Afrique tout entiere, car le message que l'on retient, c'est que la voie des armes constitue le moyen le plus sur d'entrer dans un gouvernement. (On peut voir d'ici un Jonas Savimbi s'écrier depuis sa tombe: "Je le savais! Bien sur que je le savais!")

Finalement (et c'est le plus grand probleme) l'accord a effectivement exclu la société civile ivoirienne. C'est là une ironie grotesque: qui serait mieux placé que les ivoiriens eux-meme, surtout ceux n'ayant pas d'ambition politique, pour pouvoir décider de la direction que leur pays devrait prendre?

Pourquoi n'avoir pas invité les associations d'étudiants, les syndicats des travailleurs, les ONG feminines, les groupes religieux...?

Réponse: "la démocratie est un luxe pour l'Afrique".

Pourtant, c'est cette méthode qui a permis au Bénin de se retrouver aujourd'hui dans le rang des rares démocraties africaines; c'est aussi par là qu'est passée l'Afrique du Sud de Madiba pour la réconciliation...

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Le "machin" onusien

La déclaration finale du sommet de Pretoria réaffirme, par ailleurs, la validité des résolutions du Conseil de Sécurité de l'Onu sur la crise ivoirienne. De quelles resolutions s'agit-il?

Celles-là meme que la France (qui d'autre?) avait introduites. L'une d'entre elles (No. 1572, du 15 Novembre 2004) impose un embargo d'armes sur la RCI. Cet embargo était censé s'appliquer sur toutes les parties en conflit.

Mais soyons sérieux: Un rebelle a, presque par définition, déjà choisi de défier le statut quo légal (autrement il se serait referré aux tribunaux). Il s'en suit alors que cet embargo n'a pour effet que d'accentuer la vulnerabilité des Forces Armées de Côte d'Ivoire (FANCI).

Une vulnerabilité, soit dit en passant, causée par la destruction des avions de chasse ivoiriens par - vous avez déviné - la France en Novembre 2004.

De qui se moque-t-on?

Pas de la Côte d'Ivoire, et encore moins de l'Afrique.

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Ingérence

La déclaration de Pretoria contient une clause sur les pouvoirs du Premier Ministre "conformément à l'Accord de Linas Marcoussis". Or que dit Marcoussis là-dessus?

Marcoussis imposait un transfert des pleins pouvoirs exécutifs au Premier Ministre en matiere de politique intérieure, aux dépens du Président élu de la RCI.

C'est un cas d'ingérence néo-colonialiste qui ne tient pas compte des réalités locales. Ces réalités disent qu'aucun pays d'Afrique francophone (à l'exception de l'ex-Congo belge) n'a adopté cette forme de gouvernement, plus connue dans le monde anglophone comme le "Westminster Model". Les francophones ont traditionellement maintenu des régimes présidentialistes forts, ou le Premier Ministre demeure sous la tutelle du Président.

Le Congo (Kinshasa) est le seul pays, de ma mémoire, a avoir tenté cette aventure, et l'on sait on cela a conduit: un duel Lumumba-Kasavubu qui a fini par diviser le pays.

Il n'y a qu'un seul antidote aux problemes d'ingérence: la riposte.

Le potentiel de résistance du peuple noir a été prouvé à suffisance en Angola, au Mozambique, en Rhodésie (Zimbabwe), en Namibie et plus récemment, en Afrique du Sud.

Que leur faut-il, à ces néo-colonialistes?

A mon avis, un Al-Qaeda africain, capable de faire voler en fumée la Tour Eiffel, tout en causant un chaos inoui en plein coeur de Paris.