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Histoire de l'immigration en France
29/04/2002
 

Contre les préjugés et les idées reçues
 
Par Paul Yange
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En ces temps de débats houleux et troubles sur la place des immigrés dans la société française, la redaction remet en avant un article ancien, publié aux débuts de Grioo. Il traitait de l'histoire de l'immigration en France.

L'immigration est interieure à l'histoire de France

Selon l’historien Gérard Noiriel, contrairement aux Etats-Unis qui ont choisi d’assumer l’immigration comme intérieure à leur histoire, la France perçoit l’immigration comme exterieure à son histoire, une affirmation qui ne résiste pas à l’analyse. Il y a en France une histoire de l’immigration, pouvant être étudiée de manière scientifique, faisant abstention notamment de l’enjeu politique que constitue l’immigration. Contrairement à ce qu’on croit habituellement, L’immigration en France (et l’insécurité qui y serait liée !) ne date pas d’aujourd’hui. Dès le 19è siècle, la France accueille un grand nombre d’étrangers. En 1891, ils sont 1,1 millions à vivre sur le territoire français, en majorité des belges. (40 %). De même, les "crises" de l’immigration ne sont pas nouvelles. L’affirmation selon laquelle les immigrés du 19è siècle étaient culturellement proches des français, ce qui aurait facilité leur intégration est également fausse, puisque les choses sont loin d’être aussi simples. Prenons l’exemple des immigrants polonais. En Pologne, la messe était suivie debout et les bancs réservés aux personnes âgées et aux infirmes. En France, les choses étaient différentes, et ces immigrants n’osaient s’asseoir de peur d’occuper une place indue. Ils restaient groupés, devant la porte d’entrée, gênant les allées et venues. Cette attitude, mais aussi leur habillement, leur façon de s’agenouiller transforma les églises en véritable "lieu de spectacle" et suscita la moquerie des paroissiens charitables. Certains historiens considèrent ces moqueries à l’église comme une cause de la diminution de la pratique religieuse chez les immigrants polonais en France.


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On voit ainsi que les différences culturelles sont grandes en ce 19è siècle entre les émigrants et les français. Autre exemple démystifiant la thèse d’immigrés culturellement proches : les éruptions de xénophobie.

A la fin du 19è siècle, la violence xénophobe atteint une ampleur inouie. En 1892, à Drocourt, où ils représentent 75 % de la main d’œuvre employée dans les mines locales, les belges sont victimes d’une véritable mobilisation de la population française pour obtenir leur départ. L’ampleur du mouvement est tel qu’ils ont obligés de retourner en Belgique, sans pouvoir emporter le mobilier du fait de la précipitation ou de sa destruction par les mineurs français. Jusqu’à la 1ere guerre mondiale, d’autres scènes du même genre se reproduisent dans le Nord. Trois chasses à l’homme marquent également la communauté italienne. En 1881, à Marseille, de véritables scènes d’émeute ont lieu dans les rues de la ville pendant plusieurs jours. Dès 4 h du matin, les rixes commençaient à se produire entre Français et Italiens sur différents points de la ville. Des troupes de jeunes gens ont commencé à faire une chasse active aux italiens qu’ils rencontraient, les huant et leur administrant des coups plus ou moins forts. En quelques jours, des centaines d’italiens quittèrent précipitamment la ville. En 1894, l’assassinat du président Carnot par un anarchiste italien provoque de nouvelles émeutes dont l’épicentre est cette fois ci à Lyon. Beaucoup d’italiens préfèrent quitter la ville. D’autres francisent leur nom et leur apparence pour échapper à la violence. Le paroxysme de la haine contre les italiens est atteint en 1893, à Aigues-Mortes. Suite à des rixes entre ouvriers, 300 personnes munies de bâtons, pelles et branches d’arbres s’en prennent aux travailleurs italiens. Plusieurs brigades de gendarmerie doivent intervenir, mais un convoi de 80 italiens conduit par les forces de l’ordre hors de la ville est pris à partie par les émeutiers munis de fusils, ce qui cause de nombreux morts, les blessés étant achevés à coup de bâton. Les jours suivants, la population locale, ratisse la campagne environnante, les vignes, les marais dans l’espoir de découvrir d’autres italiens ayant échappés au massacre. Bilan officiel 8 morts, 50 blessés. Mais selon le Times, 50 morts 150 blessés. L’ampleur de la protestation internationale oblige le maire de la ville à démissionner. Par contre, les pouvoirs publics français cherchent à minimiser l’affaire (la cour d’assises acquitte les accusés).

Entre l’entre deux guerres, les mouvements de masse contre les étrangers sont plus rares même si les rixes reprennent avec la crise des années 30 . Plus proche de nous, on peut également mentionner « l’été rouge », en 1977, à Marseille, en 1977, qui a fait quinze victimes dans la communauté algérienne à tel point que le gouvernement algérien décide momentanément de bloquer les départs pour la France.


 
 

En ce qui concerne les crises liées à l’immigration (années 1880 et 1890 avec pour apogée l’affaire Dreyfus, années 30 avec le rôle joué par les professions libérales dans la propagation du discours xénophobe, enfin les années 80 et 90, marquées par une forte crise économique), une de leur caractéristique récurrente est la résurgence de discours xénophobes et la façon d’envisager ces "problèmes". Quand l’intérêt des dominants est de recruter de la main d’œuvre étrangère à tout va, le style des articles de journaux par exemple est "compréhensif". Ainsi dans le journal "la Nation" du 18 septembre 1973, on nous dit qu’il n’ y a pas trop d’immigrés en France, que le phénomène n’est pas nouveau et que "personne n’affirme sérieusement dans aucun état industrialisé que les travailleurs immigrés font concurrence aux nationaux ". La même année, dans le "Figaro", on peut lire l’article d’un juriste s’insurgeant contre le non droit dans lequel sont confinés les travailleurs immigrés. "En butte aujourd’hui-par leur nombre, leur difficile adaptation, sans doute aussi leur malchance-à des humiliations qui se multiplient, à des attaques qui se précisent, des tracasseries qui s’amplifient, comment les étrangers de toute condition qui travaille chez nous, ne se mettraient-ils point à douter que la France soit encore pour tous le pays de la justice et du droit ?" En période de crise, dans le même journal, la "compréhension" cède la place aux prédictions fantasmatiques qui utilisent les mêmes thèmes que l’on rencontre déjà dans la presse d’avant 1914 : on annonce l’éclatement imminent de la communauté nationale et l’extinction prochaine de la population française "de souche." "Ils viennent chez nous prendre notre travail" représente l’archétype de l’argumentaire, lié aux effets de la crise. Cette thématique se met en place à la fin du 19è siècle et on la retrouve constamment ensuite.


 
 

D’autres thèmes sont également utilisés comme celui de "l’invasion étrangère" et de sa dénonciation, qui intervient à contretemps puisque les périodes de crise sont caractérisées par l’arrêt du recrutement, voire du renvoi des immigrés. D’où la manipulation fréquente des statistiques et on l’a vu, la dénonciation de l’invasion, du complot…Dans les périodes de crise, les problèmes d’assistance prennent également une dimension dramatique. Le fait que les immigrés fassent partie eux aussi des files d’attente, n’est ce pas la preuve tangible de "l’invasion" ?
En ce qui concerne le thème de la délinquance étrangère, lui aussi récurrent (cf le thème de l’insécurité pendant la campagne présidentielle 2002)…la preuve, qui se situe au niveau statistique, est d’autant plus facile à fournir que l’on peut faire dire n’importe quoi aux chiffres. On retrouve cette argumentation dès le 19è siècle dans les travaux d’éminents scientifiques (collège de France par exemple). Elle s’intensifie dans l’entre-deux-guerres, devenant un passage obligé de tous les ouvrages sur l’immigration et demeure encore un argument choisi de tous ceux qui craignent l’immigration. La presse et les médias jouent un rôle important. Dès avant 1914, "l’Est Républicain" possède une rubrique régulière sur les
"crimes du bassin de Briey" où les italiens et leurs couteaux tiennent la vedette. A la fin des années 20, la rubrique "faits divers" des quotidiens fait ses choux gras avec les péripéties de l’affaire des "bandits polonais". L’évocation aujourd’hui de la criminalité "étrangère" est plus subtile, mais le fait de mentionner la nationalité ou l’origine d’un délinquant est une forme de sous-entendu. Autre forme de discours récurrent : le registre zoologique. Frantz Fanon a montré que le registre zoologique était utilisé par le colon quand il parlait du colonisé. (allusions aux mouvements de reptation du "jaune", à la puanteur, aux grouillements, aux gesticulations…). Au début des années 90, l’extrême droite utilise le même registre ("horde, tourbe, dépotoir, grouillement…"). Il faut inscrire l’étranger dans le domaine des goûts et dégoûts, car comme chacun sait, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas.



 
 

Enfin, autre thème récurrent, la description des quartiers
"réservés" de l’immigration.
Là encore, il faut remonter à la fin du 19è siècle pour voir apparaître ce genre "littéraire" au moment de l’explosion de la presse locale en quête de sensationnel. En Lorraine par exemple, la presse populaire évoque "les vieilles sordides à la peau fripée et aux cheveux rares, qui font mijoter des fritures étranges dans des poêles ébréchées. Toute cette cuisine diabolique passe encore sous le ciel bleu de l’Italie, et fait d’ailleurs partie de la couleur locale des quartiers pauvres de Rome ou Naples. Mais il en est tout autrement en Lorraine où la saleté chronique et la façon de vivre déplorable des Italiens font courir de sérieux dangers de contamination à la population indigène" (l’Etoile de l’Est, 24 juillet 1905). Le comble de la xénophobie consiste ici à reprocher aux immigrés des conditions de vie en France dont la responsabilité incombe à la société française. On retrouve ce genre de descriptions très fréquemment dans l’entre deux guerres, notamment à Marseille.
"Là, le blanc, et plus particulièrement, l’espagnol misérable, rétrograde jusqu’au sauvage. La bicoque devient la hutte, la hutte tombe dans l’immondice, l’immondice prend vie, se manifeste en pullulations pécunières." (L. Naudeau, 1931). Pour ceux qui croient que les immigrés africains dégagent une odeur particulière (n’est ce pas monsieur Chirac), un rappel historique est parfois bienvenu.



Pour terminer, on a pu lire ici ou là, qu’au cours de cette campagne présidentielle 2002, que certains immigrés avaient voté pour le front national. Or pour beaucoup d’immigrés ayant eu de la peine à effacer toute trace de différence avec les français (ou cherchant à le faire), l’arrivée d’une nouvelle vague d’immigrants auxquels ils risquent d’être assimilés provoque fréquemment un réflexe de rejet. Une étude italienne sur les événements de Marseille en 1881 estime que des Italiens francisés depuis peu étaient souvent à la tête des bandes pourchassant les transalpins dans les rues de la ville.

En conclusion , une approche moins médiatique, moins démagogique, moins partiale et plus scientifique du thème de l’immigration serait la bienvenue de la part des hommes politiques de tout bord, qui n’ont cessé de dire au cours des années 90 que Jean Marie Le pen posait les bonnes questions, alors qu’il ne faisait que reprendre un argumentaire vieux d’au moins cent ans.


En savoir plus : Gerard Noiriel, "le creuset français, histoire de l'immigration XIXè-XXè siècle," edition du seuil, collection points histoire

       
Mots-clés
france   immigration   
 
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