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Faut-il brûler Polo Albin?
06/09/2004
 

Jamais chanteur martiniquais n’aurait espéré avoir un tel succès médiatique. Défier l’opinion publique, scandaliser, choquer, sont ingrédients usuels qui permettent de vendre un produit. Ficelles employées dans toute société de consommation dévoyée. En France, on bouge et on montre son cul, même à la télé, aux Etats Unie on défie le pouvoir avec les mots, à la Martinique, l’espace d’un carnaval, la vulgarité semble être thérapie éprouvée. Et puis, parfois il y a Polo Albin
 
Par Tony Delsham
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Tony Delsham  
Tony Delsham
© grioo.com
 

Le débat fait rage. Tous les médias s’y sont mis, nous n’avons pas encore vérifié l’incidence d’une telle médiatisation sur les ventes, mais l’expérience prouve que le meilleur moyen d’assurer la promotion d’un produit est d’en parler. « Haïssez-moi, aimez-moi, mais je vous en supplie parlez de moi. Votre indifférence me tuerait. » disait je ne sais plus quelle grande actrice française.
De quoi s’agit-il, en fait ? Polo Albin, enseignant, exerce au Robert. Soudain, la rumeur coure. Ce dernier est accusé par radio Savane d’attitudes …indélicates envers des enfants. Rumeur sans fondement. Polo Albin est lavé de tout soupçon, mais le mal est fait car rien n’est plus terrible que d’être accusé injustement. Dans un pays aussi petit que la Martinique on n’a même pas la ressource d’aller dans la ville d’à coté. Chez nous, il n’y a pas de ville à côté. Alors on est obligé de vivre au quotidien avec ceux qui ont douté de vous, on croise ceux qui vous ont insulté ouvertement, qui ont méprisé ceux qui vous sont chers. Pas une demande de pardon dans leur regard, pas un regret, pas un repentir. Alors plus terrible que l’accusation elle-même, cette indifférence de tueur sans état d’âme vous terrasse. Il vous semble que l’on vous doit réparation ou même un sourire contrit.
Non, rien. Et puis, vous vous souvenez que vous n’êtes tout de même pas n’importe qui. Vous avez goûté au pouvoir fascinant de faire danser les foules, de robotiser des fans aux rythmes de mélodies ensorceleuses. Vous êtes vous aussi un manieur de foule et, contrairement, à la rumeur, vous opérez sous les feux des projecteurs. Vous tenez votre vengeance, elle sera dévastatrice. Mais contre qui se venger ? Contre la rumeur ? Elle n’a point de visage et votre vengeance ne serait qu’un calalou sans gombo. Contre une commune ? Outre que vous aimez votre commune, vos représailles n’atteindraient personne en particulier et vous priveraient de toute jubilation apaisante.


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ALORS RESTE LE NEGRE.

Ce nègre, homme maudit d’une race maudite probablement par Dieu en personne ! D’ailleurs le blanc ne l’a-t-il pas affirmé ? Et puis c’est une race inférieure, le blanc ne l’a-t-il pas démontré en réussissant à l’esclavagiser pendant des siècles ? Et si le grand humaniste Victor Schoelcher, fils de la mère patrie la France ne s’était pas battue pour lui et à sa place, il serait encore esclave, oui !
Alors c’est là que commence l’indignation. Si nous respectons la douleur d’un homme traîné dans la boue et son droit à crier sa soif de réparation, il nous semble qu’il est des coups d’arrêts que nous devons savoir imposer, en sorte que le martiniquais cesse d’activer ses mécanismes d’autodéfense dans le formatage infamant imposé et gravé dans ses gènes par celui qui l’a néantisé.
Roland Laouchez, directeur de K.M.T, n’y va pas par quatre chemins pour lui Polo Albin « a été méprisant, injurieux et raciste avec tous les négres de la Martinique et du monde. De ce fait, on devrait lui interdire d’enseigner à de petits nègre et le recteur de l’académie devrait présenter ses excuses aux parents d’élèves » Camille Chauvet, historien et enseignant, pour sa part, annonce qu’il portera plainte tout en fustigeant le silence des représentants des associations de lutte contre le racisme, notamment celui de monsieur Gustavo Torres « prompte à réagir dès que la race blanche, ou un individu blanc semble être attaqué ».

Tony Delsham à la FNAC Parinor  
Tony Delsham à la FNAC Parinor
© grioo.com
 

Ces deux réactions sont-elles disproportionnées ?
En la matière, nous sommes piégés par notre sentimentalisme. Personne n’a envie que Polo Albin ne subisse les foudres de la loi. « Il n’a fait que se défendre » disent certains. C’est vrai. Et il avait les moyens de le faire. Mais en Europe, ou aux Amériques, un blanc, ni même un noir américain, subissant le même calvaire ne s’en serait pris avec une telle virulence à sa propre race. « Mais c’est vrai ce que Polo dit dans sa chanson, oui ! Le nègre est comme ça, oui ! » Hélas, très souvent, c’est l’opinion généralement entendue. Alors, avons-nous d’autre choix que l’électrochoc salutaire avec l’espoir de révéler à ceux qui ne le savent pas encore que l’autodénigrement, véritable état second du nègre martiniquais, n’est que perroquetisation des assertions inculquées jadis, le fouet d’une main et la bible de l’autre, par l’esclavagiste raciste. Comment vaincre le mutisme carnassier de la bibliothèque officielle qui organisa, dans les mémoires, l’invisibilité de tout acte noble, de toute action valorisante des négres de notre ascendance dont le combat pour leur libération n’est pas considéré comme lutte d’hommes dignes refusant l’esclavage, mais bien comme « actes de sauvages ivres de sang »


MAIS PLUS PROFONDEMENT ENCORE.

Nègre, vous avez dit nègre ? « Dans les années, 60 la chanson de Gérard Lavigny Neg ni mové manyè a fait rire tout le monde, surtout le nègre, parce que le nègre ne se sentait pas nègre » dit encore Camille Chauvet. Ceci explique peut-être cela. Qui se sent concerné par les paroles de la chanson de Polo Albin. Personne. Polo parle du nègre, pas de moi, même si je suis noir. Et ce qu’il dit sur le nègre est vrai. Telle semble être l’attitude de beaucoup.
En effet, désormais, il suffit de posséder quelques euros de plus que le voisin pour cesser d’être un nègre et passer à l’échelon supérieur, être mulâtre. Alors, peut- être avons-nous tort de remplacer la définition historique des termes nègre, béké, mulâtre, par un contenu de plus en plus social. Pour notre part, nous estimons que la fierté antillaise ne peut-être que l’addition des convictions, puisées dans l’expérience du passé accoucheuse de visions modernes et réalistes, de ces trois composantes. Nous avons besoin, pour réussir la fierté Antillaise, de la dignité nègre, de la dignité béké, de la dignité mulâtre. La dignité nègre ne saurait s’accommoder des paroles de la chanson de Polo. La fierté Antillaise doit, désormais éradiquer la tare de l’autodénigrement dans son mode de fonctionnement.

Article paru dans l'hebdmadaire martiniquais ANTILLA du 3 au 10 août, et reproduit avec l'autorisation de Tony Delsham

Note: la semaine prochaine vous découvrirez une interview que Tony Delsham nous a accordée à la sortie de son dernier livre "M'man Lélène"

       
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